
Miguel Gomes, conteur moderne du Portugal
VIDEO | 2015, 16' | Dans un aller-retour permanent entre fiction et documentaire, pris entre l'envie de raconter d1
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Fiction/documentaire où Schéhérazade raconte les inquiétudes qui s'abattent sur le Portugal...
Le réalisateur de Tabou revient avec trois films à la frontière entre le documentaire et la fiction, qui lui permettent de dresser un état des lieux de son pays, le Portugal. Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes 2015. Où Schéhérazade raconte comment la désolation a envahi les hommes : « Ô Roi bienheureux, on raconte qu'une juge affligée pleurera au lieu de dire sa sentence quand viendra la nuit des trois clairs de lunes. Un assassin en fuite errera plus de quarante jours durant dans les terres intérieures et se télétransportera pour échapper aux gendarmes, rêvant de putes et de perdrix. En se souvenant d'un olivier millénaire, une vache blessée dira ce qu'elle aura à dire et qui est bien triste ! Les habitants d’un immeuble de banlieue sauveront des perroquets et pisseront dans les ascenseurs, entourés de morts et de fantômes, mais aussi d’un chien qui… ».
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" Le premier volume se terminait par l'implosion d'une baleine échouée (l'Europe ?) et par le grand bain de mer salvateur d'un peuple déjà
" Le premier volume se terminait par l'implosion d'une baleine échouée (l'Europe ?) et par le grand bain de mer salvateur d'un peuple déjà lessivé par la crise. Mais il est possible de plonger directement dans ce deuxième volet sans rien savoir du tout. Comme certains proustiens recommandent aux profanes de commencer La Recherche non par le début, mais par La Prisonnière, on suggère même, à qui aurait manqué l'épisode 1 des Mille et Une Nuits, de voir d'abord celui-ci : Le Désolé. Il compte deux grands morceaux de bravoure, deux chapitres parmi les plus fous de cette fresque chatoyante sur le Portugal contemporain.
Au bout d'une demi-heure s'ouvre un procès inédit, à ciel ouvert, sous les étoiles, en présence de Lisboètes ordinaires, mais aussi de créatures chimériques. Peu à peu, les auditions des plaignants, des accusés et des témoins dessinent une chaîne inextricable de responsabilités. La culpabilité des uns tombe. L'innocence des autres devient douteuse. Tout le monde est à condamner, chacun mérite d'être pardonné... Le capitalisme et l'avidité qu'il favorise sont finalement les seules causes irréfutables de nos maux : voilà une vérité souvent entendue, mais rarement exprimée avec cette fantaisie de démiurge, engendrant tout un monde à partir d'une querelle de voisinage.
Autre univers transfiguré par l'imaginaire : une cité HLM engourdie par le chômage et l'austérité. Certains habitants apparaissent dans une histoire très courte, une anecdote, presque un gag. D'autres suggèrent tout un roman. Comme ce couple au bord de la vieillesse, d'anciens amants passionnés, on le devine, se laissant glisser vers le néant entre tabagisme forcené, désoeuvrement mélancolique et tubes des années 1980. Ces ruines de bonheur, entrevues à travers la fumée, rappellent Tabou, précédent film de Miguel Gomes, dont on retrouve une actrice, Teresa Madruga.
La surprise vient, cette fois, d'un petit chien — mais oui. Ange gardien des naufragés de l'immeuble, lien social à lui tout seul, dépositaire de la mémoire des lieux, il dialogue avec son propre fantôme entre deux services rendus aux humains... A l'anémie de la crise, Les Mille et Une Nuits oppose un animisme malicieux et bienfaisant. "
" (...) Le second volet, Le Désolé, poursuit cette course entre un imaginaire enchanté et une réalité déchantée, mais pleine de personnages
" (...) Le second volet, Le Désolé, poursuit cette course entre un imaginaire enchanté et une réalité déchantée, mais pleine de personnages " magnifiques " qui tissent leurs propres mythologies, et finissent par se confondre, dans un délire de demi-veille, avec les fantaisies abracadabrantes du grand récit atemporel. Il n’y aura pas, comme pourrait le laisser entendre le titre, un pic de désolation dans ce volume, mais toujours cet espèce de balancier entre l’épique et l’ordinaire ; le présent et le mythique ; l’outrance carnavalesque et la contemplation ; le désespoir et l’humour.
Il y aura seulement un zeste de tragédie (mais toujours tempéré par l’habitus burlesque et l’humanité des personnages) ; une forme d’amertume encore coulée dans un sourire de politesse et une humble fantaisie. Celle-ci culmine dans ce qui est peut-être l’un des plus beaux épisodes du projet : celui de l’immeuble de Santa Antonio dos Cavaleiros, de ses habitants, et de son bon génie, le chien Dixie (...).
Les volumes des Mille et une nuits sont des récits en forme de débordement. Il ne laisse pas le temps à la mémoire de se fixer. Chaque micro-récit se recouvre, joue en surimpression, en effacement, ou en permanence. Il sollicite autant l’attention que la distraction, les moments d’absence, de retour à soi et au film. C’est vraiment une rêverie qui charrie et grossit son courant, autant qu’elle s’effiloche en cours de route, pour ne former qu’une grande parenthèse d’impressions plus ou moins vivaces.
Il y a bien dans cette construction quelque chose du charme de la veille et du sommeil, un entre-deux conscient et rêvé, avec ses images de réalité et ses fragments mythologiques, comme un " cloche-pied " équivoque. Il y a aussi le grand écart des registres qui atteint une nouvelle fois son comble dans le contraste entre le procès grotesque des Larmes de la juge et la chronique semi-réaliste des Maîtres de Dixie. Avec ce dernier épisode, Gomes reprend le fil d’une narration plus classique, en ce sens qu’elle est continue, avec des lieux et des personnages installés. On y prend le temps de visiter un immeuble, une grande tour d’HLM, qui développe malgré le réalisme social dans lequel elle s’inscrit, tout un potentiel d’histoires et une faune truculente, d’animaux, de fantômes, de créatures semi-mythiques, comme ces brésiliennes naturistes qui investissent le toit-terrasse très haut perché pour y bronzer en toute sensualité, telles des avatars de nymphes bien épicés (...). "
" (...) Si l’on devait isoler ce qui nous fait aimer Les Mille et Une Nuits, ce serait sans doute le fait qu’il place le cinéma quelque par
" (...) Si l’on devait isoler ce qui nous fait aimer Les Mille et Une Nuits, ce serait sans doute le fait qu’il place le cinéma quelque part où on ne le trouve pas assez à notre goût : du côté de la création ; un plan et une scène sont une création, et, par dessus tout, un tournage est une création. Cet attachement pour le film tient aussi à l’idée que le réel n’est pas l’ennemi de l’imaginaire ; une telle affirmation et un si beau concubinage représente un autre geste de Gomes, aussi artistique que politique. Voilà ce qui nous comble dans Les Mille et Une Nuits. Fin du préambule. Pas de la saudade, puisque le volume 2 – Le Désolé – se présente comme le cœur sombre du triptyque, sans toutefois renoncer à être joueur.
Les Mille et Une Nuits est donc bien à la fois un et trois films. Le premier volet débordait d’une jouissance suscitée par l’installation du singulier projet, avec son amorce réflexive et l’ouverture de la boîte à récits à partir d’une réalité reformulée par les moyens visuels et narratifs du cinéma. Le Désolé n’est plus (en tous cas pas aussi directement), comme L’Inquiet, l’aventure de sa production et de son tournage ; le régime fictionnel est plus affirmé – ou disons que l’instabilité est moins grande, les passages entre les registres moins incessants. Ce volume 2 s’inscrit dans la continuité de la désespérance – néanmoins d’une bouleversante dignité – qui émanait de la parole des Magnifiques à la fin de L’Inquiet. Sombre certes, mais le cinéma demeure pour Miguel Gomes un coffre à jouets, dans lequel il puise les moyens d’expérimenter, inventer et accomplir des désirs de mise en scène et de récits (...). "
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