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Une couturière veuve assiste, désespérée, au départ pour Londres de sa fille qui ne veut pas exercer le même métier qu'elle.
Estrella, une couturière veuve depuis peu, a du mal à faire son deuil. Elle passe son temps à regarder des séries à la télévision et ne peut se passer de la présence de sa fille Leonor qui vit avec elle. Leonor a été embauchée dans l'atelier où travaillait sa mère. Mais, elle n'est pas heureuse. Elle veut s'émanciper, échapper à toute cette tristesse. Même si elle ne veut pas faire de mal à sa mère, elle veut étudier et partir vivre à Londres. Pour Estrella, fragile et peu douée pour la communication, c'est un déchirement...
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"Viaje, premier long-métrage de Celia Rico Clavellino, nous l'avions découvert il y a quasiment un an au festival Ci
"Viaje, premier long-métrage de Celia Rico Clavellino, nous l'avions découvert il y a quasiment un an au festival Cinespana et il nous avait bien tapé dans l'oeil. C'est donc avec un certain bonheur que nous découvrons qu'il est maintenant à la portée de tout le monde. Et il ne faut surtout pas le rater tant il recèle d'énormes qualités.
L'histoire est simple : Leonor vit avec sa mère Estrella. Une relation fusionnelle depuis la mort du père dont aucune des deux ne semble pouvoir, ou vouloir, s'en remettre. Pourtant, c'est l'heure du choix pour la jeune femme. Elle veut prendre son indépendance, partir à l'étranger pour construire sa vie, mais elle ne sait pas comment l'annoncer à sa génitrice. Elle hésite aussi à la laisser toute seule, tout comme elle a peur, au fond, de se prendre enfin en main.
À partir de ce canevas on ne peut plus classique, Celia Rico Clavellino compose cependant une première oeuvre forte et impressionnante dans une totale économie de moyens. Le film se déroule principalement dans l'appartement familial, est traité sur un mode naturaliste, mais cette simplicité de la forme cache en réalité une grande richesse dans son fond thématique.
Viaje se révèle effectivement une magnifique étude du lien parent-enfant fusionnel poussé à son paroxysme, de la dépendance affective qui peut s'installer suite à un gros traumatisme et de la nécessité de s'en libérer pour avancer. Ne portant jamais aucun jugement sur ses personnages, la réalisatrice nous déroule ainsi le parcours de ces deux femmes, prisonnières d'elles-mêmes et de leur passé, dans un environnement clos, leur appartement, que la mise en scène transforme facilement en véritable personnage vivant.
De la gestion de l'espace à la composition de ses cadres, Celia Rico Clavellino rend cet espace étouffant et organique, joue de son économie de moyen et de son décor étriqué avec énormément de soin et d'intelligence pour nous proposer en toute simplicité des tableaux extrêmement forts et éloquents.
C'est toute la relation et ses enjeux inconscients qui y sont ici disséqués, mis en lumière et transfigurés dans les différentes pièces du petit appartement. Il faut dire aussi que le film peut se reposer sur deux comédiennes extraordinaires et très ambigües : Lola Dueñas dans le rôle de la mère, parfaite de bout en bout, et Anna Castillo, magnifique, extraordinaire de fragilité et de volonté.
Si le film, première oeuvre oblige, ne fait pas l'impasse sur quelques défauts de jeunesse, notamment son rythme très lent, son manque de moyens qui limite quelque peu son ambition et quelques fragilités formelles, qu'on ne s'y trompe pas cependant : Viaje est un excellent premier film et un très bon long-métrage.
Il parvient à atteindre cet équilibre précaire entre expérience personnelle et message universel, il atteint une certaine forme de poésie morbide et névrotique qui touche au coeur, à notre insu, et nous entraine dans cette douloureuse séparation qui n'est peut-être, au fond, qu'une vraie réconciliation.
Refusant la simplicité psychologique, l'émotion facile et la peinture sociale et humaine schématique, Viaje est un petit bijou d'humanité, d'ambiguïté, de profondeur et d'émotion. Il fait partie de ces petits films qui promettent un très grand avenir."
"Le premier film de la réalisatrice espagnole Celia Rico Clavellino s'intéresse à ce moment décisif o&
"Le premier film de la réalisatrice espagnole Celia Rico Clavellino s'intéresse à ce moment décisif où une fille décide de quitter sa mère pour vivre sa vie. Une mise en scène d'une grande sobriété, assumée, et un beau duo d'actrices, avec Lola Dueñas et Anna Castillo. Dans les salles le 2 octobre.
Estrella, la bonne quarantaine, vit seule avec sa fille Leonor. Elle est couturière et sa fille ne sait pas encore très bien ce qu'elle veut faire de sa vie. Recommandée par Estrella, Leonor commence sans grand enthousiasme un boulot dans l'atelier où travaillait sa mère autrefois. Entre petites sorties avec ses amis et soirées collée sur le canapé avec sa mère devant des séries télévisées, le quotidien de Leonor n'est pas très gai. Leonor aimerait partir à Londres pour apprendre l'anglais, et on le suppose, pour s'éloigner de l'ambiance triste et étouffante qui règne dans l'appartement, où rien n'a bougé depuis la mort du père. Même si c'est difficile pour elle, Estrella laisse finalement partir sa fille. Ce voyage signera pour la jeune femme le début de son émancipation, et pour la mère, un retour à la vie.
Sur la base de ce scénario très ténu, la réalisatrice Celia Rico Clavellino, jouant avec les répétitions, les sons, les hors-champs, dit à merveille la douleur du deuil, et ce temps qui ne passe plus. Tourné dans une économie de moyens -unité de lieu, plans fixes, lumière naturelle- la mise en scène donne toute sa place aux comédiennes, très inspirées, qui à travers les regards, les silences, racontent avec pudeur le lien filial, et les sentiments qui s'expriment dans un moment charnière, celui où une fille doit partir, celui où une mère doit la laisser partir.
On connaissait Lola Dueñas pour ses rôles dans plusieurs films de Pedro Almodovar (De Parle avec elle, en 2002, aux Amants passagers, en 2013), elle est ici magistrale dans ce rôle de femme rongée par la douleur du deuil, qui ne dit rien mais se laisse aller, et dont tout le corps exprime la tristesse, avant que le départ de sa fille ne la fasse renaître et retrouver sa beauté. On connaissait moins Anna Castillo, qui incarne ici Leonor avec sensibilité, et qui forme avec Lola Dueñas un binôme mère/fille très réussi. Elle a reçu en 2018 le Prix Goya de la Meilleure Actrice dans un second rôle.
Un très beau film, qui assume -et c'est assez rare pour qu'on en profite- un rythme lent, des plans fixes, des silences qui se prolongent laissant au spectateur de grandes plages dans lesquelles il peut sans difficulté se glisser et se projeter. "
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