" (...) La grande séquence du début pose les principes d’un film qui entend frapper les esprits. Une vingtaine de filles déboulent dans une opulente villa où elles vont faire la fête avec des hommes très contents d’eux venus d’Arabie Saoudite, qui leur jettent des billets à la figure. Au petit matin, épuisée d’alcool, de danse et de baise, Noha, l’héroïne (la révélation Loubna Abidar), s’arrose le sexe au coca-cola. " Il m’a retourné l’utérus ", peste-t-elle contre un client aux coups de reins trop agressifs.
Whisky, vodka, shit, cocaïne, les trois personnages principaux, Noha, Randa, Soukaina, ne cessent de se casser la tête pour tenir le choc, enchaîner les soirées privées ou en boîte de nuit. Le trio semble n’obéir à aucune règle de bienséance, en suffragettes émancipées.
Mais, évidemment, cette liberté d’attitudes et de paroles est constamment limitée par la nécessité économique et la manière dont, affranchies, elles sont aussi enfermées dans leurs insolences de putes qui peuvent se faire tabasser par un client ou violer par un flic dans les bureaux du commissariat.
L’épicentre touristique du Maroc, Marrakech, est montré comme une Babylone noctambule structurée par un tourisme sexuel débridé alors qu’au grand jour la ville offre le visage livide d’une cité en vrac, parcourue de pauvres gens se pressant dans la grisaille d’un quotidien sans joie ni perspectives, " une ville de fous ", comme le dit Saïd, le placide chauffeur de ces dames.
Nabil Ayouch raconte avoir rencontré plusieurs centaines de prostituées pour nourrir l’écriture de son scénario d’expériences et de sentiments qui ne soient pas superficiels. L’accent de vérité qui traverse Much Loved vient un peu de là, sans doute, mais plus sûrement encore de l’engagement fou des actrices non professionnelles, aussi incarnées, vivantes dans une scène de bavardage dans un salon de coiffure que glorieuses, fatales quand, seules, elles refont le calcul de toutes les humiliations qu’il leur faut subir. On peut toujours discuter de la véracité d’une fiction, en critiquer les outrances, en regretter les partis pris. Tel quel, Much Loved semble quand même un film qui oblige à prendre date et à ne pas fuir le débat. "
Didier Péron
Film incroyablement courageux, cru et dénonciateur.
Très bon film, mené par des actrices formidables.
Film difficile à voir, mais touchant et sincère dans ses personnages et dans son histoire. Il est dommage cependant qu'un film qui dénonce la place de...
Lire la suiteIl est vraiment regrettable que ce film fasse scandale au Maroc alors qu'il ne casse pas 3 pattes à un canard dans le domaine de l'obscénité. Nous avons...
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