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Hongrie, 1950, un apprenti cinéaste se retrouve malgré lui géomètre et chargé d'expliquer aux paysans des plaines la collectivisation à venir...
Parce que son père est jugé trop tiède à l'égard du système communiste nouvellement mis en place, un jeune Hongrois est exclu de l'école de cinéma où il avait été admis. Il se reconvertit comme géomètre et est chargé par les autorité d'expliquer aux paysans des plaines la collectivisation des terres à venir. Premier long-métrage, en partie autobiographique, d'un chef-opérateur majeur de l'âge d'or du cinéma hongrois. En compétition officielle au Festival de Cannes 1968.
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« Sandor Sara, le jeune réalisateur de la Pierre lancée, a été, notamment, l'opérateur de Ferenc Kosa (Dix mille soleils) et d'Istvan Szabo
La " révision déchirante " d'un passé encore très proche - et à partir duquel Sara, de même que ses compatriotes, tente une réflexion politique - constitue le thème essentiel de son premier long métrage. Comme d'autres, également, l'auteur exprime son désenchantement, son amertume et, par la voix, par le regard (critique) de son protagoniste - le bachelier Balazs, - raconte, décrit ce qu'il a connu et personnellement vécu dans les années 1950.
De cette période, Balazs conservera sans doute le souvenir d'un idéal trahi. Parce qu'il est le fils d'un paysan emprisonné on ne sait où pour des raisons absurdes, il se verra refuser l'entrée de l'Institut du cinéma, à Budapest. Puis, envoyé à la campagne et obligé de faire, dans des conditions moralement pénibles, le travail d'un géomètre, il ne pourra empêcher l'assassinat de son ami, un ancien partisan grec, ni, liée à cette mort injuste, la révolte de villageois contre une collectivisation odieusement contrôlée par la police ; ni, non plus, les mesures racistes, indignes, prises à l'égard d'un groupe de tziganes que l'on humilie, sous prétexte d'hygiène, en leur tondant brutalement les cheveux.
Dénonciations et condamnations (la radio diffuse, en clôture du procès, " l'autocritique " de Rajk), iniquités et hypocrisies, décisions imposées par une bureaucratie oppressive et survivances de l'obscurantisme, le socialisme n'a pas ce " visage humain " auquel rêvait Balazs. Témoin, rebelle mais, lui aussi, contraint le plus souvent au silence, aux compromis, ce n'est que plusieurs années après qu'il pourra devenir cinéaste. Alors il pourra évoquer sa propre expérience, celle-là même - puisque la boucle est bouclée - de Sara cherchant aujourd'hui à reconsidérer l'histoire d'un pays et à élucider les crises d'un régime.
Le propos est grave, le film noble et grande la compassion de l'auteur pour les difficultés, les souffrances de son peuple : toutes choses qui émeuvent et rendent la critique assez dérisoire bien que l'on puisse s'irriter d'un excès d'esthétisme - n'est-ce pas déjà de l'académisme ? - et que l'œuvre ne témoigne pas encore d'un style véritable. Frappante, dramatique est enfin la tristesse imprégnant ce film-constat et qu'accentue l'attitude hiératique des personnages ; ombres noires devant les fermes blanches ou dans les champs gris, ils disent leur texte comme une complainte, à une cadence incantatoire."
" La pierre lancée est l'histoire de Balazs, étudiant dans les années cinquante, dont le père est emprisonné pour des raisons obscures. On
" La pierre lancée est l'histoire de Balazs, étudiant dans les années cinquante, dont le père est emprisonné pour des raisons obscures. On lui interdit le concours d'entrée à l'École supérieure du Théâtre et de l'Art cinématographique, il travaille donc comme géomètre et se lie à un couple de réfugiés grecs. Ils sont témoins, et par leur travail indirectement complices, de la collectivisation forcée des terres, témoins aussi des brutalités et des humiliations infligées à une communauté tzigane.
Balazs photographie les Tziganes, il accumule des documents, il s'inscrit comme le témoin de ces années noires. Plus tard il deviendra, quand même, cinéaste.
Le film est écrit par Sára avec Ferenc Kosa et Sándor Csoori, mais ce sont à la fois l'expérience de Sára et sa démarche de cinéaste citoyen qui en sont le moteur. Sára fait consciemment du cinéma politique, son film a d'ailleurs eu quelques difficultés à arriver sur les écrans.
Il fait pour son propre film une photo plus immédiate, moins esthétisante, que celle de Dix mille soleils. Le film de Kosa était un récitatif, La pierre lancée est un constat froid, même si on y sent la colère du cinéaste. Sára ici rend compte, avec force, d'une expérience singulière..."
Extrait de L'Oeil hongrois - Quatre décennies de cinéma à Budapest 1963-2000 , Editions Magyar Filmunio-2001
" Le premier long métrage du célèbre chef-opérateur Sandor Sara place résolument dans le courant accusateur des excès du stalinisme au mome
" Le premier long métrage du célèbre chef-opérateur Sandor Sara place résolument dans le courant accusateur des excès du stalinisme au moment même où pourtant l’idée stalinienne du Devoir semble à nouveau triompher en U.R.S.S. Mais c’est que les Hongrois ont une conception ouverte du marxisme qui doit, selon eux, accepter sa propre critique pour évoluer de manière satisfaisante.
Sara n'est donc pas plus masochiste, complaisant ou anti-socialiste que Kovacs dénonçant les atrocités de ses fameux Jours glacés : la critique des époques troubles et des épisodes douloureux de l’histoire nationale doit au contraire permettre d'éviter le retour de telles erreurs et débouche donc sur une réelle confiance en l’homme et ee ses possibilités.
Comme souvent dans le cinéma hongrois, le cinéaste s'attache à l’analyse des rapports de l’homme et de la société. Qu’il s’agisse du héros Balazs ou de son ami « le Grec », les comportements des personnages sont en effet toujours fonction de leurs relations avec la masse paysanne qui les entoure ou au contraire avec la force aveugle de la bureaucratie policière qui les domine : communiste sincère et même enthousiaste, le Grec, parce qu’il n’est qu’un rouage d'un système absolutiste, paiera de sa vie son désir d’humaniser la machine aveugle, mais sa mort permettra à Balazs d’obtenir ce qui lui avait été jusqu’alors refusé : une bourse pour l’Ecole Supérieure de Cinéma ! Amère victoire certes, mais qui va justement lui permettre de dénoncer dans son premier film les abus dont il a été victime ou témoin.
Car l’une des originalités du film est bien que Sandor Sara raconte les années d’apprentissage du futur réalisateur... de La pierre lancée, reconnaissant donc, par ce dernier plan de tournage de son propre film, le caractère nettement autobiographique de son œuvre : au-delà des ressemblances de détails (comme son héros, Sara a été effectivement refusé une première fois à l’école de photo puis cartographe durant une année), c’est surtout l’atmosphère d’une époque vécue qu’a voulu fixer le réalisateur avec ses procès truqués, ses disparitions mystérieuses, ses pertes de postes, arrêts dans l’avancement, interrogatoires, délations et surtout collectivisation forcée des terres qui constitue le thème central du film.
Il s’agit en somme du développement d’un épisode (les années 1949-50) trop rapidement décrit dans Les 10.000 soleils (on retrouve par exemple dans les deux films l’image des mottes de terre envoyées à la figure des traîtres) et que Sara et Kosa (co-scénariste de La pierre lancée) ont voulu reprendre et approfondir.
Opérateur, Sara parvient à transcender des sujets strictement réalistes et à leur conférer valeur universelle par la seule splendeur des images : ainsi de l’immobilisme et du mutisme paysans, il tire une étonnante galerie de visages et d’un règlement d’hygiène appliqué avec trop de zèle (une tribu tzigane — hommes et femmes — entièrement tondue pour éviter les poux !) une pathétique scène de sourde révolte où transparaît toute l’humiliation d’un peuple réduit à l’impuissance.
D’ailleurs Sara, dénonçant le racisme de ce même peuple vis-à-vis de l’étranger (lynchage du Grec), sait aussi fustiger férocement l’inconscience des foules aussi néfaste que celle du pouvoir. Si la prise de possession des terres évoque, avec ses chariots, la ruée vers les territoires de l’ouest américain, mais aussi Eisenstein par la composition géométrique d'un superbe plan d’ensemble, il est par contre dommage que l’esthétisme tue parfois l’émotion : pourquoi en effet les personnages ne se déplacent-ils jamais simplement sur les routes et chemins, mais progressent-ils toujours sans raison (sinon formelle) au milieu des champs de maïs courbés par le vent ou devant une rangée d’arbres majestueux au crépuscule ?
Mais se plaindre de l’excès de beauté d’une œuvre par ailleurs si passionnante n’est peut-être après tout que désir un peu vain de trouver à tout prix le défaut de la cuirasse!"
" Opérateur de grand talent (Remous, Grimaces, Les Dix Mille Soleils, Père), Sandor Sara aborde la mise en scène dans La Pierre lancée, tra
" Opérateur de grand talent (Remous, Grimaces, Les Dix Mille Soleils, Père), Sandor Sara aborde la mise en scène dans La Pierre lancée, transition délicate d’avec Les Dix Mille Soleils, puisque politique, une accusation à peine voilée du stalinisme (...) La dureté du propos fit d’ailleurs interdire le film pendant plusieurs mois par la censure hongroise.La Pierre lancée, qui n’évite pas toujours les pièges de l’esthétisme, avec ses images très composées, ses effets de zoom en cascade, n’en est pas moins une œuvre passionnante, généreuse, parvenant à communiquer le profond amour de son auteur pour les opprimés ; la séquence où les tziganes sont rasés et désinfectés atteint à un véritable déchirement dans sa sobriété et lorsque le héros retourne à la ville, les photos de ses expériences dans un grand bocal, on éprouve un sentiment d’indicible amertume à l’égard d’un passé qui bafoua la dignité humaine.
A n’en pas douter, La Pierre lancée est l’œuvre d’un artiste d’une grande sensibilité."
" Dans l'esprit du poème d'Endre Ady, auquel il empruntait son titre ("La pierre que tu lances retombe sur terre..."), Sára dénonçait le pa
" Dans l'esprit du poème d'Endre Ady, auquel il empruntait son titre ("La pierre que tu lances retombe sur terre..."), Sára dénonçait le passé récent et proclamait son amour pour la terre hongroise. (...)
Plutôt que les dialogues, c'étaient les visages qui faisaient comprendre que si le pays était divisé par la méfiance, les clans ennemis partageaient la même haine des étrangers, que ceux-ci fussent des immigrants grecs, ou de ces gitans dont la franchise simple exprimait en fin de compte le point de vue de Sára lui-même."
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