En 1935, deux truands, Jacques, un boxeur raté, et Simon, son manager, fondent le gang des "Traction-Avant". Ils sont alors poursuivis par le commissaire Bruno.
En 1935 à Paris, Jacques, un jeune mécanicien, rêve de devenir une vedette du ring. Sous l'impulsion de son ami Simon, il accepte un combat à l'étranger, mais il tombe contre Marcel Cerdan. Vaincu, il est licencié par son patron et décide alors avec Simon de se lancer dans des opérations plus lucratives. Expert en automobile et pilote émérite, Jacques vole des voitures qui lui servent à prendre rapidement le large, aussitôt les hold-up perpétrés. C'est le début du gang des "Traction-Avant"...
" (...) La satire est grosse, et il faut la virtuosité, le savoir-faire de Lelouch, son sens inné du récit cinématographique, la complicité qui l’unit à ses comédiens, pour rendre acceptable ce scénario passablement nauséeux. Mais il y réussit. Quelques bons gags, quelques répliques heureuses. La nonchalance de Jacques Dutronc (excellent), la nervosité de Marlène Jobert, la rondeur de Jacques Villeret, et, passez muscade, le tour est joué. Voilà les trois minables qui deviennent sympathiques. Trois chats de gouttière dont les coups de griffe égratignent ceux qui méritent de l’être. Têtes brûlées et cœur d'or, ils sont si gentils, ils ont tant de culot, qu’on n’est pas loin d’épouser leur cause.
Par moments, bien sûr, le récit grince un peu, parce que l’Histoire (avec une majuscule) abat sa lourde patte sur ce ballet de fantoches. On sort brusquement de la comédie et l’on est gêné de se retrouver, entre deux sourires, rue Lauriston. Mais Lelouch n’est jamais long à redresser la barre. Un virage à angle droit, et le récit repart de plus belle vers la fantaisie, l'extravagance, l’aventure inconséquente, qui sont les domaines privilégiés de l'auteur.
De quatre années de cris, de fureurs, de drames et de passions, ne reste finalement dans le Bon et les Méchants que le décor d'un thriller amusant et dérisoire. C’est peut-être cela la vraie " moralité " de ce film. L’impitoyable nivellement du temps. "
Jean de Baroncelli, 24/01/1976
L'Humanité Dimanche
" Le cinéma de Claude Lelouch finit par rendre perplexe. Ce n’est pas que l’homme manque de talent, bien au contraire, ni de générosité. Mai...
" Le cinéma de Claude Lelouch finit par rendre perplexe. Ce n’est pas que l’homme manque de talent, bien au contraire, ni de générosité. Mais son côté touche-à-tout est parfois bien gênant, surtout lorsqu’il veut parler de ce que, apparemment, il ne connaît pas. Le Bon et les Méchants est d’une confusion extrême. Bon, je veux bien qu’on s’amuse à propos de tout et de n’importe quoi, je ne tiens pas particulièrement au manichéisme du tout pur et du tout impur, du bon et du méchant à n’importe quel prix. Chaque être peut avoir ses faiblesses, commettre des erreurs et les corriger.
Mais la chronique de l’occupation nazie, vue par Lelouch, a quelque chose, je n’ose pas dire d’indécent, mais de crispant. On ne peut pas faire une telle bouillie qui mélange occupants, flics, tortionnaires, voyous, gestapistes, collabos, prostituées (émouvantes), faux et vrais patriotes, rigolards, trafiquants, résistants, au cœur d’une histoire confuse ou seul un quelconque dieu du cinéma pourrait reconnaître les siens. Résumer ? Pas possible. C’est une œuvre bourrée de quiproquos où les criminels deviennent héros malgré eux et réciproquement. Pour qui ne sait pas ce qu’était la Gestapo française, avec les Bony et Lafont, nommés dans ce film, Le Bon et les Méchants n’apportera qu’une série de notions incompréhensibles. Passons sur l’infantilisme politique qui décrit le régime nazi d’une façon ridicule (la " bande à Hitler ") et les anachronismes qui sont courants (tout le monde peut se tromper !). Ce qui me semble plus grave est que Claude Lelouch croit sincèrement dénoncer un univers de criminels qui étaient, eux, lucides.
Il n’y a pas d’ironie du sort, même quand les bourreaux deviennent victimes à leur tour puis héros honteux. Il y a eu fort peu de films vrais sur cette époque qui appartient à l’histoire de notre pays, de notre peuple. Celui-ci, malgré des qualités cinématographiques indiscutables et des acteurs remarquables, ne réussira qu’à semer le doute dans les esprits. On ne ricane pas avec l’Histoire. "
La rédaction, 28/01/1976
Télérama
" Raconter la guerre des enfants ou celle des paysans est aussi justifié que de raconter la guerre des militaires. Pourquoi pas celle des po...
" Raconter la guerre des enfants ou celle des paysans est aussi justifié que de raconter la guerre des militaires. Pourquoi pas celle des policiers et des truands ? L’Occupation, la Résistance ou la Collaboration ont fourni aux uns et aux autres des occasions inespérées d’affirmer leurs talents. Claude Lelouch a collectionné quelques faits divers et utilisé quelques noms célèbres (comme ceux de Bonny et Lafont) pour construire un film vif et réussi dans le style policier avec suspense et poursuites, émotions et tremblements, selon les meilleurs principes de ce que les Américains appellent le thriller.
Quand il ne prétend pas renouveler la métaphysique et la morale, ce diable de Lelouch a le talent rare de faire vivre des personnages sur l’écran. Comment ne pas être attendri par le trio de petits malfrats qui réunit le tout beau Jacques Dutronc, le tout gros Jacques Villeret et la toute charmante Marlène Jobert ? Tous inconscients (mais pas innocents...) et inconséquents, attirant sur eux tous les malheurs, mais liés par une amitié comme on en rêve (...).
En temps de Collaboration, le tri entre les bons et les méchants est encore plus difficile chez les policiers. Si le " bon " du titre du film est bien le commissaire, c’est par une ironie cruelle et pour souligner cette ambiguïté. Il n’est pas facile de juger avec certitude quel est le policier patriote qui reste à son poste pour renseigner la résistance (et continue la routine de son métier) et quel est le policier malin qui prend des contacts avec les résistants (pour se sauver en cas de défaite allemande) et continue lui aussi la routine du métier : arrêter de temps en temps quelques juifs,, traîtres ou communistes. Lequel fut le plus souvent décoré à la Libération ?
Voilà un film d’aventures qui pose de bonnes questions. Comment ne pas être convaincu quand il suggère qu’après la guerre, les truands se sont retrouvés truands et les policiers policiers, qu’ils aient fait de la Résistance ou de la Collaboration ? Sauf bien rares conversions et bien hasardeuses épurations. Et comment reprocher à ce récit de tant ressembler à un récit de fiction? Jamais la réalité n’a autant qu’alors ressemblé à la fiction. "
Jean-Louis Tallenay, 19/01/1976
Le Figaro
Claude Lelouch ne prétend pas faire une évocation historique de l’Occupation : les événements ne lui servent que de toile de fond, il s’inté...
Claude Lelouch ne prétend pas faire une évocation historique de l’Occupation : les événements ne lui servent que de toile de fond, il s’intéresse surtout aux réactions de ses personnages. Parmi eux, quels sont « les bons et les méchants » ? La complexité des situations et l’ambiguïté des protagonistes interdisent une classification simpliste. [...]
Le scénario de Lelouch s’inspire visiblement de faits réels. Comme d’habitude, au fur et à mesure du tournage, il se contente d’en parler, sans leur en remettre le texte, à des acteurs qui lui font entièrement confiance. Mais il est évident que le titre de son film est ironique, qu’il n’a pas l'intention de s’ériger en juge, mais de nous montrer une époque où tout est possible, le meilleur et le pire, vue par des voyous.
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