Ce nouveau film est le 31ème du réalisateur, tourné paraît-il en 31 jours pour les trente ans des Film 13, sa propre maison de production. Impossible de présenter tous les personnages. Certains sont seuls, comme ce retraité qui, en préambule, nous tient un long discours sur l’influence de la lune (c’est Paul Préboist), ou ce prêtre (Francis Huster, à qui José Artur dit qu’il ressemble à Gérard Philipe) homosexuel, ou ce chanteur paumé (Léotard) qui a besoin de parler à la femme de ménage de son hôtel, ou, encore, cette femme si sage (Annie Girardot) qui pourtant pleure, devant une omelette géante, parce qu’elle a perdu sa fille et qu’elle ne peut plus être heureuse. D’autres sont en couple, tous, ici, (sauf le plus âgé, Serge Reggiani, et Véronique Silver) en crise.
Une crise que la pleine lune fera le plus souvent éclater.... Au début, on s’y perd. Puis, peu à peu, la ronde s'organise, le camionneur (Gérard Lanvin), le restaurateur (Vincent Landon), le médecin (Patrick Chesnais) se font plus proches, et l'on parvient à se raccrocher au fil d’Ariane d’un Lelouch toujours obsédé par les mêmes thèmes, le bonheur, l’amour, la mort, le temps qui donc passe et ne revient pas, mais aussi l’irrationnel, qui joue avec les hommes et les femmes , pour faire de leur vie un destin.
Très compliqué, le puzzle, finalement, s’assemble, et l’on s’aperçoit que Lelouch, une fois de plus très ambitieux (mais moins... philosophico-cosmogonique que parfois) a, finalement, parfaitement maîtrisé la construction de son scénario. II y a des chansons, tout au long du film, qui deviennent trop envahissantes, et des vertiges automobiles que l’on a décidément trop vus. Mais aussi de l’humour, de l’émotion, et quelques instants de grâce fragile comme seul Lelouch sait les happer. Et l’on sort de cette fantasia audacieusement polyphonique étourdi, certes, mais plutôt séduit.
Annie Coppermann, 13/04/1990