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Après « Un homme et une femme », Claude Lelouch filme à nouveau le couple mythique Jean-Louis Trintignant/Anouk Aimée dans une célébration de la vie et l’amour.
Ils se sont connus voilà bien longtemps. Un homme et une femme, dont l’histoire d’amour fulgurante, inattendue, saisie dans une parenthèse devenue mythique, aura révolutionné notre façon de voir l’amour. Aujourd’hui, l’ancien pilote de course se perd un peu sur les chemins de sa mémoire. Pour l’aider, son fils va retrouver celle que son père n’a pas su garder mais qu’il évoque sans cesse. Anne va revoir Jean-Louis et reprendre leur histoire là où ils l’avaient laissée…
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"C’était un pari fou, une gageure unique dans l’histoire du cinéma. Reprendre et prolonger Un homme et une f
"C’était un pari fou, une gageure unique dans l’histoire du cinéma. Reprendre et prolonger Un homme et une femme, cinquante ans après, avec les mêmes acteurs. Pour ce film mythique, qui remporta la Palme d’or en 1966 et deux Oscars, le jeune cinéaste de 28 ans avait tout misé. Un demi-siècle plus tard, encore abasourdi par l’ovation à Cannes, puis emporté par le triomphe mondial de cette belle histoire d’amour qui le lança dans la carrière, il ose rejouer aux dés ce qui assura sa gloire.
En 1986, il avait déjà essayé avec Un homme et une femme, vingt ans déjà, mais le résultat était décevant. En 2019, il dispose de ses quatre acteurs de l’époque : Anouk Aimée, Jean-Louis Trintignant, et les deux enfants de 1966, Souad Amidou et Antoine Sire. Les voilà de nouveau réunis.
Autant le dire sans barguigner. Claude Lelouch a réussi son pari. Loin d’un remake crépusculaire, sombre, lugubre, sur la vieillesse et la maladie, il offre une œuvre lumineuse, un hymne à la vie, émouvant et gai, plein de fantaisie et d’émotion, irradié par la malice, l’humour distancié de Jean-Louis Trintignant et la beauté lumineuse d’Anouk Aimée. Leur interprétation, par touches, fait oublier la faiblesse des dialogues, la légèreté artificielle de certaines situations.
Le premier gros plan sur Jean-Louis Trintignant a valeur d’épreuve et de manifeste. Claude Lelouch le fixe très, très longuement. Et sur ce visage d’homme vieux et diminué passe une gamme de sensations et de sentiments qu’interprète l’acteur, a minima, sans effet, qui ouvre le bal d’une composition stupéfiante.
L’acteur utilise les trous de mémoire de son personnage comme un chat s’amuse avec une balle. Face à lui, Anouk Aimée resplendit d’attentions, de délicatesse, de tendres prévenances qui conduisent au pardon. Elle reforme le couple qui les hante l’un et l’autre. Une douce complicité les réunit. Ensemble, à jamais.
Claude Lelouch, roi du recyclage et de l’auto-citation, intègre, par moments, des scènes d’Un homme et une femme. Effet garanti. La magie de ce film opère toujours. Son noir et blanc, la voix et la jeunesse des deux acteurs, leur sensualité, l’élan irrésistible de leur étreinte sur le quai de Saint-Lazare quand tout paraissait perdu entre eux.
La longue ovation des festivaliers, au bord des larmes, samedi soir, entonnant soudain a cappella le Chabadabada de Francis Lai (disparu en novembre dernier), a prolongé le frisson d’émotions de la projection. Le « miracle » de Cannes, de nouveau, cinquante ans après…"
"On en aurait voulu à Claude Lelouch de rater ce rendez-vous, de gâcher son film mythique. On ne lui aurait surtout pas pardonné d&rsq
"On en aurait voulu à Claude Lelouch de rater ce rendez-vous, de gâcher son film mythique. On ne lui aurait surtout pas pardonné d’offrir à Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée des rôles médiocres pour ce qui sera sûrement l’une de leurs dernières apparitions au cinéma. Lelouch risquait donc gros en se lançant dans la suite d’Un homme et une femme, cinquante-trois ans après son triomphe cannois et international. Il s’était déjà frotté à l’exercice en 1986 : Un homme et une femme : vingt ans déjà était brouillon, entre courses de voitures et coulisses du cinéma, les personnages bien trop nombreux... Bref, les retrouvailles de Jean-Louis Duroc et Anne Gauthier avaient gardé un goût amer d’inachevé. Totalement conscient de cette situation, le réalisateur efface cette tentative ratée et reprend leur histoire comme s’ils ne s’étaient pas revus depuis un demi-siècle. Les plus belles années d'une vie s’ouvre par une vision déconcertante : Jean-Louis Trintignant au milieu d’un groupe de personnes âgées, l’œil perdu, vissé sur un fauteuil roulant, incapable de répondre au quiz historique proposé par le médecin (Marianne Denicourt). Jean-Louis Duroc, l’ancien coureur automobile, a été ravagé par le temps. Il perd la mémoire et son fils (Antoine Sire, l’interprète du petit garçon en 1966) a pris la décision de le mettre dans une institution spécialisée. Il n’y a qu’une seule chose dont il parle : c’est l’amour d’une femme prénommée Anne. Son meilleur souvenir. Le fils la retrouve en Normandie. Le reste du film s’articule essentiellement autour de leurs entrevues. Un homme et une femme face à face pour faire le bilan d’une vie.
Comment ne pas être submergé d’émotion en revoyant ces personnages ? La simplicité de leurs échanges, leur fébrilité placent d’emblée le film dans la lignée des Lelouch les plus émouvants. On se régale de cet art du dialogue improvisé cher au cinéaste, avec une absence d’artifices qui se retrouve dans la manière dont il filme au plus près les visages de ses interprètes. La fragilité physique de Jean-Louis Trintignant envahit ainsi le cadre, montrant la vieillesse qui a mordu ses traits. Avant qu’un instant plus tard, on se retrouve saisi par la beauté de son sourire qui vient nous renverser tout comme sa voix grave et légère, inégalable et inégalée. Face à lui, Anouk Aimée irradie, toujours aussi belle, comme si le temps l’avait, au contraire, oubliée. Anne écoute Jean-Louis, comme elle l’écoutait cinquante ans plus tôt. Et bien qu’elle se confie peu, ses yeux trahissent une véritable tendresse pour son ancien amour.
La force des Plus Belles Années d’une vie est de réussir à jouer aussi brillamment avec deux tem- poralités, 1966 et 2019, dans un film elliptique. Claude Lelouch mêle habilement les extraits d’Un homme et une femme aux images contemporaines en grand prestidigitateur du cinéma qu’il adore être. Il ose même intégrer à l’intrigue son court métrage tourné en 1976, C’était un rendez- vous, dans lequel il réalisait une traversée de Paris à plus de 100 km/h. D’exploit, ce plan séquence se révèle aujourd’hui comme un adieu à la vitesse, futile vanité de la jeunesse. Qu’est-ce qui vaut la peine d’être vécu ? Voilà la question essentielle que pose le film qui apparaît comme une œuvre à la fois testamentaire et pleine d’espoir. Malgré la violence de la critique, en dépit de ratages flamboyants, Claude Lelouch reste un réalisateur majeur par sa liberté de ton, sa quête d’authenticité dans le jeu des acteurs, son lyrisme et son style immédiatement identifiable. Par une passion jamais abîmée pour le 7e art qui le conduit, à 81 ans, à signer l’un des sommets de sa carrière."
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