Lumière 2014 — Thierry Frémaux : Lumière sur le passé
VIDEO | 2014, 10' | Après une semaine intense, le festival s'est clos à Lyon après avoir reçu Michael Cimino, Pedr1
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Deux amis portent assistance à un automobiliste en perdition. C'est en fait un psychopathe en cavale qui les oblige à conduire jusqu'au Mexique...
En route pour une partie de pêche, deux amis, Bower et Collins, décident de prendre en stop sur l'autoroute un homme, qui se révèle être un évadé de prison et dangereux psychopathe. Sous la menace, ils sont obligés de le conduire en Basse Californie, à la frontière mexicaine. Pour leur malheur, le criminel est affligé d'un mal étrange : il garde son œil droit constamment ouvert, même lorsque celui-ci semble dormir...
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" Si Ida Lupino a bien un regard moraliste sur ses personnages mâles, il ne s’agit pas de celui qu’exerce son tueur s
" Si Ida Lupino a bien un regard moraliste sur ses personnages mâles, il ne s’agit pas de celui qu’exerce son tueur sadique sur ses cobayes vaguement coupables (convention facile dans laquelle un Joel Schumacher, par exemple, s’est depuis vautré à l’envi). Tandis que la tyrannie de Myers dénude les virilités contrariées des otages, Lupino, elle, observe celles du trio complet avec une égale attention aux failles camouflées par les roulements de mécaniques. À le regarder hors de la tension du moment, son criminel ne paie pas vraiment de mine, avec son œil mort et sa main invalide, détails physiques certes intimidants mais qui n’en sont pas des handicaps, expliquant encore mieux qu’il mette systématiquement ses otages à contribution). Et il devient vite évident que la seule chose qui justifie la peur qu’il inspire et son emprise sur deux hommes a priori en pleine possession de leurs moyens est son revolver. Rarement le lieu commun psychanalytique de l’arme à feu comme symbole phallique aura fait l’objet d’un traitement aussi soutenu : dès l’apparition en gros plan de l’engin surgissant des ténèbres (le visage même de son détenteur ne l’imitant qu’après), l’allégorie est là et ne nous quittera plus, révélant la faillibilité bien humaine des personnages des deux côtés de l’arme. "
Benoît Smith" Débuts secs (un psychopathe s’incruste dans la voiture de deux pauvres quidams) qui se prolongent en cauchemar ralenti p
" Débuts secs (un psychopathe s’incruste dans la voiture de deux pauvres quidams) qui se prolongent en cauchemar ralenti puis en voyage cosmique, le film alterne actions fulgurantes et magnifiques pauses au bord d’une rivière où la dimension élégiaque le dispute à la terreur. William Talman, l’acteur qui joue le tueur fou et qu’Ida Lupino aurait pu appeler "le Richard Widmark du pauvre", a un handicap physique qui, de simple détail pittoresque, finit par prendre une dimension vertigineuse à la Georges Bataille : un oeil mort qui, toujours ouvert, interdit à ses victimes le moindre répit. Les face-à-face, fondés sur une sidération lente, sont magnifiés par le splendide noir et blanc de Musuraca, le chef opérateur de Tourneur et Lang."
Axelle Roppert" (...) cette talentueuse réalisatrice pratiquait à merveille l'exercice de style. La preuve, ce Voyage de la peur qu
" (...) cette talentueuse réalisatrice pratiquait à merveille l'exercice de style. La preuve, ce Voyage de la peur qui travaille deux ressorts du film noir à la manière des plus grands : la paranoïa et la claustrophobie. Qui est-il donc cet étranger pris en stop par deux hommes mariés, qui ont prétexté auprès de leur femme une partie de pêche pour, en fait, partir en goguette du côté de la frontière mexicaine ? Un dangereux psychopathe, assoiffé de sang et de meurtres, comme le clament les manchettes des journaux étalés dans les premières minutes du film ? Et qu'arrivera- t-il aux deux pères de famille pépères et pas vraiment préparés à ce genre de dérangement considérable dans leur vie ? Voilà pour l'argument. Mais il n'est pas interdit d'y voir autre chose, surtout dans cette Amérique des années 50, congelée dans la guerre froide. Et si cet étranger était une menace juste parce qu'il est un étranger, un homme venu d'ailleurs, menaçant pour l'american way of life ? C'est tout le charme du film noir (et tout le talent d'Ida Lupino) que de laisser le champ libre à toutes les interprétations."
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