
La République Fassbinder d’Allemagne
Par où commencer avec Rainer Werner Fassbinder (1945-1982) ? “Ogre”, “enfant terrible” (titre d’un biopic qui lu...
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1938 : Wilkie, chanteuse vivant à Zurich, se retrouve bloquée à Berlin et séparée de son compagnon alors que la guerre éclate.
En 1938, à Zurich, Willie, une chanteuse allemande, aime Robert, un musicien qui appartient à une organisation secrète chargée d’aider les Juifs à fuir l’Allemagne. Le père de Robert refuse cette liaison et fait en sorte que les deux amants soient séparés. La guerre éclate. Forcée de rester en Allemagne, Willie enregistre une chanson, « Lili Marleen », diffusée aux quatre coins du Reich et qui devient un véritable triomphe. Les soldats font de cette chanson leur hymne, les Nazis leur emblème, mais le destin réunit à nouveau Willie et Robert…
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"(...) Sur l’époque choisie, le régime évoqué, l’analyse de ses crimes et ses peurs, on croit volontiers tout connaître. Chacune des renaiss
"(...) Sur l’époque choisie, le régime évoqué, l’analyse de ses crimes et ses peurs, on croit volontiers tout connaître. Chacune des renaissances possibles du nazisme fait l’objet, aujourd’hui, de réactions viscérales et ces réflexes conditionnés sont, à chaque fois, le prétexte à approfondissement idéologique du phénomène. Mais il semble que son machiavélisme congénital est à la mesure même des vertiges qu’il provoque, et il n’a pas fini de nous interpeller gravement.
Avec Lili Marleen, Fassbinder nous invite à une nouvelle et fascinante promenade au cœur de cette tragique et suicidaire folie, là où le racisme s’est manifesté dans ses plus effroyables applications : l’élimination puis l’extermination systématique des Juifs, organisées par le Troisième Reich.
Choisissant l’approche indirecte qu’autorise l’exploitation habile d’un prétexte (une chanson à succès, la carrière de la femme qui s’identifie à elle) permettant toutes les amplifications possibles, Fassbinder procède ici à une autopsie assez originale, tant par l’itinéraire choisi (le chemin de la passion aveugle creusé à même la tragédie) que par le décor historique planté sur ses rives.
L’édifice raciste du Troisième Reich n’est pas encore né lorsque commence le film. Un pré-générique feint de laisser croire que l’ambition des images qui vont suivre est tout prosaïquement de raconter l’histoire d’une chanson célèbre. Puis, sous le générique rouge sang, c’est d’abord d’amour qu’il s’agit. Et sous sa forme la plus élémentaire : celle du désir physique que vient soudain interrompre l’Histoire (« Il est l'heure », vient d’énoncer Wilkie), en frappant â la porte de l’appartement, et de façon impérative. En deux plans, trois mouvements (c’est presque le cas de le dire), nous apprenons tout : notre héros, Robert, est juif, suisse, membre actif d’une organisation familiale qui fait passer la frotière allemande aux Juifs et à leur fortune ; notre héroïne, Wilkie, ne sait rien de tout cela. (...)"
" Pendant la deuxième guerre mondiale, une chanson allemande, franchissant tous les fronts de bataille, devint L'Internationale sentimental
" Pendant la deuxième guerre mondiale, une chanson allemande, franchissant tous les fronts de bataille, devint L'Internationale sentimentale des soldats privés d'amour et des populations civiles attendant la fin des combats. Lili Marleen — intitulée, chez nous, sous l'occupation, Lily Marlène — est toujours, quarante ans après, détachée de son contexte historique, une chanson extrêmement célèbre. On l'a traduite en cinquante langues, on a oublié ses origines comme si elle avait, de tous temps, appartenue au monde entier. Marlène Dietrich, en l'interprétant, en a fait un mythe, dévorant, du coup, sa créatrice Laie Andersen dont, hors d’Allemagne, le nom est resté Inconnu des foules.
Et voilà que, tout d'un coup, Rainer Warner Fassbinder nous flanque à la figure un film démentiel, propre à démantibuler le mythe et son parfum de nostalgie. Qu'on ne s'y trompe pas. Bien qu'inspiré de certains épisodes de la vie de Laie Andersen, Lili Marleen n'est pas l'histoire de cette chanteuse (morte, à Vienne, le 29 août 1972) ni tout à fait l'histoire de la chanson dont la première version, mise en musique par Rudolf Zink et bien différente de celle qui est passée à (a postérité, n'est môme pas mentionnée. Lili Marleen, de Fassbinder. c'est l'histoire des rapports d’une chanson d’amour (dans la version musicale de Norbert Schultze), avec le nazisme, ses parades, ses spectacles.
Il n'y a là rien de plaisant ni de complaisant. Fassbinder se sert du romanesque pour mieux lui tordre le cou, dévoiler les monstres qui t'ont utilisé. Avec une mélodramatlsation volontairement excessive, II raconte l’ascension d’une petite chanteuse allemande, Wilkie. Découverte, en 1938. dans un cabaret de Zurich, teur juif Robert Mendelssohn, dont le père, grand bourgeois suisse, a organisé un réseau clandestin d'aide aux Juifs allemands persécutés. C'est en Allemagne, alors, que Wilkie va faire sa carrière.
Après des débuts incertains. Wilkie s'élève vers 1941 au rang de vedette grâce au succès — inattendu — de Lili Marleen. Adulée, fêtée» elle se laisse éblouir par cette promotion miraculeuse, tout en gardant au cœur sa passion pour Robert. Elle va le retrouver à Berlin, où II est venu sous un faux nom, et faire pour l'amour de lui, de la résistance. Mais la Gestapo veille, rien ne lui échappe. Cela tourne mal.
Les péripéties de l'intrigue peuvent paraître invraisemblables. Elles font apparaître une autre vérité : la manipulation plus ou moins consentie des artistes par le système nazi. Fassbinder s'est servi des clichés, du cinéma national-soclaliste. II a, en quelque sorte, reproduit, dans un style frénétique qui en donne la parodie tragique, les films sentimentaux de la U.F.A. avec music-hall, amours, délices et orgues du destin individuel se fondant dans le destin du Reich hitlérien. Ironie suprême, humour noir ravageur, un juif est le héros d'une aventure amoureuse commandant le sort de l'héroîne. Dans ces métamorphoses successives, Hanna Schygula, habillée, maquillée, déguisée peut-on dire, à la mode des stars allemandes des années 40. est à la fols Marika Rokk, CamiKa Horn et, surtout, Kristina Söder-baum, cette suédoise transformée en « Gretchen » typique dans les films de son mari Velt Harlan.
Il y a, chez Fassbinder, un grand nombre de références au cinéma nazi qui ne sont pas forcément perceptibles au public d'aujourd’hui L'épisode du cabaret de Zurich est la caricature des comédies musicales de Georg Jacoby avec Marika Rokk. L'épisode de la chanson Lili Marleen lancée par Radio-Belgrade, station sous contrôle allemand pour la propagande et la distraction des soldats rappelle Wunschkonzert d'Eduard von Borsody (tourné en 1940 et distribué en France occupée sous le titre l'Epreuve du temps) où les guerriers et leurs familles communiquaient par l'Intermédiaire d'une émission de radio diffusant des disques à la demande des auditeurs du front et de la nation.
Fassbinder prend aussi pour cible les mélos en Agfacolor de Veit Harlan : Immenses (le Lac aux chimères, 1943) et Opfergang (l'Offrande au blen-aimé, 1944) ; la Söderbaum y vivait des amours sublimés ou malheureux. Tant qu'à faire, on peut aussi remonter au Juif Suss où pour éviter la torture à l'homme aimé, un « résistant » dix-huitième siècle, Kristina Söderbaum cédait aux caresses du juif et allait se noyer. Ici, la situation est inversée, le sacrifice de Wilkie la chanteuse est d'un autre ordre (c'est un juif qu'elle protège) ce qui permet à Fassbinder de démonter l'antisémitisme des films nazis (...)
Le spectacle, parfois gigantesque (la tournée en Pologne, les apparitions de la chanteuse dans des salles remplies de soldatesque selon un cérémonial digne de Nuremberg) est, sans cesse, dirigé par une idéologie dont la mise en scène de Fassbinder, rompant toute fascination, crève l'abcès répugnant avec une sorte de rage. On ne s'attendrit pas, quelles que soient les épreuves subies par Wilkie, en écoutant Hanna Schygulia, peinturlurée en déesse de l’Olympe hitlérien, chanter Lili Marleen. On aurait plutôt un frisson : d'angoisse. La romance sentimentale est devenue un hymne de guerre psychologique, martelé par le bruit des bombes pleuvant des avions."
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