Peter Fleischmann : "Chacun est capable du pire"
VIDEO | 2009, 9' | Scènes de chasse en bavière, le film-choc de Peter Fleischmann rendit au cinéma allemand1
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De retour dans son petit village natal de Bavière, Abram, jeune mécanicien soupçonné d'homosexualité, devient la proie d'une impitoyable chasse à l'homme...
Abram, fraichement libéré après avoir purgé une peine de prison à Munich pour homosexualité, revient dans son petit village de Bavière juste à temps pour la fête de la moisson. Les festivités sont l’occasion de réunir les braves villageois. Cette année, en plus de la mise à mort d’un cochon, les habitants du village ont décidé de renforcer leur liens et de réaffirmer les valeurs de la communauté en persécutant tous les membres qu’ils jugent ne pas rentrer dans le cadre. Abram est bientôt désigné comme la proie la plus prisée de cette impitoyable chasse à l’homme…
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The thirty-year-old director, Peter Fleischmann, was already successful in Germany for his several short films when he shot a movie complet
The thirty-year-old director, Peter Fleischmann, was already successful in Germany for his several short films when he shot a movie completely out of the ordinary, beyond explanation or even possible today. (...) Its subject: aggression and fear, persecution and despair. The play by the same title written by Martin Sperr served as his model but he turned it into something entirely different.
Fleischmann rewrote the dialogue, only quoting the dramatic framework in pieces, so as to transform the work into a script suitable for film. The director tried to discard dramatic stylization, keep the film free of metaphors and fill the open space with sensuality and bursting with creativity.
Fleischmann was successful. Somewhere between genre and gender he unfolds his rural scene. (...) He works with complementary contrasts. These produce the discordant humor of ominous situations and make for an airtight atmosphere. Particularly the music, effectively placed interludes, it helps build the psychological intensification: when the hunting fever breaks out the Bavarian folk music blares (...). The mind erupts, the soul lays open - but the image depicted is the void before, tormenting us through precise ambivalence. (...)
A god-sent for the film is the peculiar and ideally suited cast. Martin Sperr plays the homosexual Abram, bulky, helpless, astonished, with nuanced softness and self-control at the psychological extremes. Such an intense performance hasn't been seen in German film for a long time. The characters around him act just as skillfully, all of them extreme archetypes, but none of them driven to caricature. The actors are indistinguishable from real people.
What makes Fleischmann's film so extraordinary is the complete lack of pretension. Fleischmann doesn't play with signals, he doesn't rely on any models, he gives Godard the cold shoulder. He relies fully on the fable, on the argumentation of a prosodic transparent camera (Alain Derobe). He depicts in black-and-white a colorful image of life. Doesn't analyze, but simply shows.
" Tout marche rond. Le maire gouverne en accord avec le curé, le curé catéchise en accord avec le maire, l'institutrice enseigne en accord
" Tout marche rond. Le maire gouverne en accord avec le curé, le curé catéchise en accord avec le maire, l'institutrice enseigne en accord avec le maire et le curé. Que d'accords ! Que d'harmonie! Une vraie bénédiction. Preuve visible de la bénédiction divine : les gros engraissent, les champs et les cochons aussi.
Tout marcherait rond si, par leur seule présence, des éléments étrangers, donc perturbateurs, ne risquaient de déranger la valse de l'harmonie. L'étrangeté la plus insupportable sera celle qui démentira cet ordre qui range et arrange si bien choses et gens, cet ordre « selon la nature », c'est-à-dire (beaucoup plus grave que l'adultère, la putasserie, l'union libre) l'homosexualité.
C'est là que l'imperturbabilité scientifique, la sérénité du regard de Fleischmann jouent à plein. Il est là partout où il faut et donc, aussi, où il ne faudrait pas.
Le mécanisme qui change des braves gens en troupeau, le troupeau en bétail haineux et le bétail haineux en meute criminelle, Fleischmann le fait fonctionner sous nos yeux.
S'il encadre la chasse de l'homosexuel entre la grand messe et les élections municipales (dont on ne peut même pas dire qu'elles sont truquées: elles sont inexistantes), ce n'est pas pour des prunes. Ceci conditionne cela. Assoupissantes, rassurantes, les deux cérémonies bercent le troupeau dans la conviction de sa force et de sa bonne conscience et dans la haine de tout ce qui le menace. Qu'on la désigne, cette menace, et le tour est joué. « Nous sommes contre l'ordure », cette déclaration des abominables braves gens ouvre la porte à « l'ordre moral », aux persécutions, à l'opération punitive, à l'épuration, au lynchage, au pogrom, à la chasse aux sorcières, au génocide - au fascisme. Scènes de chasse en Bavière m'apparaît, en fin de compte, comme la réflexion d'un jeune Allemand sur le fascisme ordinaire, ce cochon qui sommeille dans le cœur de l'homme, à côté de l'autre."
" Si un miracle cinématographique ouest-allemand s’était déjà annoncé avec les films de Schoendorf, de Kluge et de quelques autres, Scènes d
" Si un miracle cinématographique ouest-allemand s’était déjà annoncé avec les films de Schoendorf, de Kluge et de quelques autres, Scènes de chasse en Bavière, de Peter Fleischmann, est maintenant là pour en donner la démonstration la plus éclatante. En ce pays que l’on croyait définitivement rayé de la carte cinématographique internationale, condamné à ne produire que des pornographies bien pensantes, voilà qu’apparaît un jeune auteur, ayant déjà un moyen métrage de reportage à son actif, L’été des Gamlers, vu en particulier à Tours et débouchant sur un chef-d’œuvre dès sa première mise en scène.
Nous sommes dans une petite localité de Bavière et les scènes de chasse aujourd’hui seront celles d’une chasse à l’homme menée contre la brebis galeuse du village, un garçon que l’on accuse de pédérastie et qui a été interné quelques jours à la prison de la ville voisine pour une raison pas très bien définie.
Cela c’est l’anecdote. Ce qui compte, c’est la chair vive, épaisse, noueuse de cette vie rurale, les plaisanteries lourdes de ces paysans conformistes et durs à la tache, pleins de sève vivante et de conformisme acquis, affirmé avec une sorte de mauvais goût quasi-pachydermique. La rusticité des lieux, des décors, les intérieurs, la rusticité des êtres et des gestes qu’ils commettent s’accompagne d’une absence total de moralisme à les juger. Fleischmann montre, reconstitue, restitue ce qu’il a vu et il y a même de l’amour, une attention affectueuse dans son regard pour ces hommes et ces femmes aux caresses brutales, ripailleurs et obscènes qui s’étreignent à pleines paumes et s’entre déchirent, dévorés les uns par les autres, dévorés par la dureté de leur vie quotidienne courageusement assumée, par la médiocrité de leur horizon.
Et pourtant Dieu sait que le paysage, magnifiquement ressenti par le grand opérateur qu’est Alain Dérobé, est beau, harmonieux avec ses sous-bois, ses vallées profondes, ses espaces plans. Effectuant une synthèse originale entre le naturalisme et une optique plus distanciée, plus critique, une synthèse aussi entre la mise en scène et le « direct », brassant la vulgarité (l’extraordinaire séquence où l’on tue et débite un cochon avec tant de gaillardise) sans aucune vulgarité, avec une sorte de respect pour l’homme, Fleischmann a atteint une réussite exemplaire, un film inquiétant qui se conclut sur les flonflons d’une dernière kermesse."
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