Le premier long métrage de l'auteur du "Pornographe" et "Tirésia". L'observation d'un couple dont l'amour est viscéral, et où, pourtant, la distance se creuse.
Le premier long métrage de l'auteur du "Pornographe" et "Tirésia". L'observation d'un couple dont l'amour est viscéral et où, pourtant, une distance se creuse. Laurent Lucas et Rohmane Bohringer jouent de leurs corps et de leurs silences pour exprimer une faille invisible, fausse note sur laquelle reposerait ce film en forme de partition musicale, variation sur la peur, toujours mise en sourdine.
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" La première moitié du film est pour lui (Laurent Lucas, toujours bien, bon et beau), la seconde pour elle (Romane Bohringer). Mais qu’on
" La première moitié du film est pour lui (Laurent Lucas, toujours bien, bon et beau), la seconde pour elle (Romane Bohringer). Mais qu’on se rassure, il s’agit moins du thème rebattu de la béance à l’intérieur du couple que de l’impossible coexistence du couple comme monde et du Monde ; de la disjonction entre son monde à lui et son monde à elle ; de l’idée, en somme, que lorsqu’on aime on devrait ne rien faire, c’est-à-dire ne rien faire d'autre, mais qu’hélas c’est perdu d’avance : on est toujours ailleurs, on est toujours dehors.
L’ennemi du couple ce n’est pas le désamour en tant que tel, non plus que les autres ou la société, c’est le monde, coupable simplement d’exister. Tel est le drame : qu’il y ait un monde alors qu’il y a déjà un couple. Non seulement l’hypothèse n’est pas bête, mais en plus elle permet à Bonello de partir du cercle très étroit délimité par elle et lui pour ensuite l’élargir, filmer autre chose, un voyage en hélicoptère, une rencontre avec un immigré clandestin, une assemblée d’hommes venant s’asseoir à la table où Romane Bohringer boit une bière et, à l’image de tout le film, l’encercler.
De Quelque chose d'organique, on gardera encore le souvenir que la beauté naît d’un déplacement ou d’un crochet, de l’introduction dans un univers d’un élément qui lui est étranger (déambulations de Lucas, de Bohringer). La beauté, ce n’est jamais « The right thing in the right place », mais « The wrong thing in the wrong place ».
" Bertrand Bonello construit un récit fragmenté dont chaque pièce semble jouir d'une autonomie d'autant plus grande qu'elle ne renvoie jama
" Bertrand Bonello construit un récit fragmenté dont chaque pièce semble jouir d'une autonomie d'autant plus grande qu'elle ne renvoie jamais à une volonté claire de démontrer, de dire quelque chose. «Organique» est donc bien le mot qui convient à la prolifération de cellules du film. Les odeurs de zèbres ou de bière, des lumières de lampes halogènes ou de matinées pluvieuses, des sensations de malaise, des secrets bien gardés et du linge sale brutalement étalé, c'est toute une biologie contrariante qui agite ce corps fiévreux et que l'on ne peut plus raisonner.
A rebours d'un certain esprit de bonté qui prévaut aujourd'hui dans tant de films français, ce film francophone, nourri d'influences musicales américaines (Lucious Jackson et Palace en bande-son, on a connu pire !), Quelque chose d'organique entend rendre compte de nos vies avec une cruauté calme et un détachement individualiste peu commun. Qu'il s'agisse indifféremment d'immigrés en situation irrégulière entassés dans un appartement, de la mort du fils de Paul ou d'un sentiment d'abandon généralisé, Bertrand Bonello ne peut envisager ces cas de figure pathétiques qu'à travers l'oeil laser du fatalisme. Ce qui ne contribue pas, on s'en doute, à rendre le film plus aimable avec ses façons de nous coincer les doigts dans la porte."
"Ce premier film elliptique et dérangeant procède d'un genre indiscernable, se déroule en déjouant tous les pronostics sur ce que vont fair
"Ce premier film elliptique et dérangeant procède d'un genre indiscernable, se déroule en déjouant tous les pronostics sur ce que vont faire les personnages, mais aussi bien le réalisateur lui-même. C'est sa force et son intrigante beauté. (...) Tout son intérêt tient dans la mise en scène, la mise à distance d'une élégante neutralité apparente, qui laisse affleurer la douleur, le bonheur, le désespoir. Et dans l'interprétation de Romane Bohringer et Laurent Lucas, magnifiques de sobriété inquiète, entrouverte sur des abimes.
Les personnages pourraient avoir un emploi banal, une existence plus ordinaire, cela ne changerait rien à la puissance sombre de ce film qui, de la voix off impavide en déplacements somnambuliques, de gestes aux franges de la folie en propositions d'amour à peine trop insistantes, interrompt d'un coup feutré toute narration. (...) Bonello réalisateur tient d'une main douce et ferme sa mise en scène et laisse filtrer une belle et touchante lumière."
" Etrange film, comme cotonneux, qui vaut par la singularité de sa mise en scène. Le réalisme glisse vers la poésie, voire le surréalisme.
" Etrange film, comme cotonneux, qui vaut par la singularité de sa mise en scène. Le réalisme glisse vers la poésie, voire le surréalisme. Aucun éclat, aucune image crue, mais de menus gestes quotidiens, répétitifs, qui montrent la façon dont Paul se protège, et croit protéger les autres des agressions de la vie (...)
Inracontable, mais vraiment depaysant, le film nous englue insidieusement dans un univers troublant. Qui doit beaucoup à ses deux interprètes: Paul, c'est Laurent Lucas, un débutant, Marguerite, c'est Romane Bohringer, une actrice déja connue, qui donne ici à son personnage une sorte de perméabilité étanche, si l'on ose dire, une densité transparente tout à fait étonnante. Un metteur en scène à suivre."
" C'est un premier long-métrage tourné sur le souffle mais tendu à se rompre, qui a pour sujet l'irruption dans le couple d'une distance écr
" C'est un premier long-métrage tourné sur le souffle mais tendu à se rompre, qui a pour sujet l'irruption dans le couple d'une distance écrasante, d'une "dévoration" lente propre à tout emporter. Paul porte les autres, à l'exception de Marguerite, que rien ne peut rattraper. Chez Bertrand Bonello, la tristesse a les yeux secs, la violence se fait souterraine, les gestes parlent haut. Epaulé par des voix off, des paysages hivernaux et deux comédiens qui donnent l'essentiel d'eux-mêmes, le cinéaste se débarrasse de toute psychologie pour creuser jusqu'a l'os. Il faut s'immerger dans cet espace muet mais tourmenté: ce film-là le vaut."
Sophie Grassin, 5/11/1998Nos offres d'abonnement
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