" Unité de lieu, de temps, et une trame minimale : à l'école, une nuit, les élèves -comédienset scénographes - se réunissent pour mettre au point les bases d'un spectacle sur Strasbourg. Discussions, silences, apartés et détours, affrontements, regards, musique, tableaux vivants, marionnettes, petites formes où s'ébauchent des bouts de spectacles. Moments de grâce, d'ennui, d'envol ou de repos, le parti est pris de tourner sur le vif, de tout prendre, d'enregistrer le temps de la recherche et de la nuit, le temps de la fatigue, l'obscurité, comme ce qui échappe : la pétillance d'un regard, la révélation d'une voix, la fraîcheur d'une improvisation. C'est le parti de la confiance, de la tendresse et de lalégèreté, celui des choses qui se disent en passant...
C'est ainsi qu'il sera question de cigognes, de Delteil (1), de mariage, de camps de concentration, de vérité et d'engagement. Il y aura de l'accordéon, des danses, des chants, des sourires, des bouderies, et le rire vif et plein de Mounia qui éclate et s'impose, sans écraser pourtant ni fissurer la cohésion chaleureuse du groupe. Car, au terme du film, c'est cela qui s'épanouit : une juste intimité, une écoute attentive; une passion partagée et cette déclinaison du mot “ ensemble ” qui culmine très discrètement et très magnifiquement dans la scène finale de sommeil, d'éveil, et de joie."
(1) Joseph Delteil (1894-1978) : poète, essayiste, romancier, auteur d’une quarantaine de livres, figureoriginale et anticonformiste de la littérature française.
Catherine Soullard