"Voilà donc 25 ans que ces deux-là partagent leur vie. Une belle vie, disons-le, avec un fils très réussi qui vient de faire ses bagages pour entamer des études en Espagne. Mais le passage de trois à deux personnes au foyer va rapidement dérégler les horloges sentimentales.
Toutes ces questions qui remontent… jusqu’à la dernière, cruciale : l’amour est-il encore là ? La réponse est cruelle : il semble s’être éclipsé pour laisser la place à un mélange de respect et de profonde affection. Nous sommes entre gens bien élevés, cultivés, et la séparation se fera en douceur, sans éclats de voix et à l’amiable. Chacun pourra vivre sa crise de la cinquantaine à sa guise. Le temps de considérer que, finalement, c’était mieux avant…
La densité des dialogues, l'équilibre délicat entre l'humour et le drame, le goût du débat pour les questions existentielles tout en ayant l’air de ne pas y toucher. Juan Vera est un fan du cinéma de Woody Allen et ça se voit.
On parle beaucoup, énormément même, dans ce joli premier film argentin, magnifiquement porté par deux acteurs subtils, Mercedes Morán et la "star" Ricardo Darin, dont chaque apparition est guettée par un public local et international de plus en plus nombreux, convaincu par ses compositions dans des films aussi différents que "Les nouveaux sauvages", "Truman" ou "El Presidente".
L’amour, le temps qui passe, les enfants, les livres, la danse et la bouffe. "Retour de Flamme" est une sorte de pendant sud-américain à l’univers québécois de Denys Arcand ("Le déclin de l’Empire américain").
Guère de plan silencieux durant ces 2h15 de film. Ana et Marcos. Marcos et son meilleur ami. Ana et son nouvel amant. Jamais à court de sujet, jamais en panne d’une angoisse existentielle à partager. Ça pourrait être suffoquant mais c’est juste un régal."
Pierre-Yves Grenu