" Dans Self-Portrait : At 47 km, la jeune réalisatrice retourne dans son village natal pour interroger les anciens sur les famines de 1958-60. D’une maison à l’autre, au détour des chemins, elle questionne tous ceux qu’elle croise, caméra à la main. Mais elle obtient peu de réponses, on s’interroge plutôt sur qui elle est, on se souvient de son père, sa famille peine à échanger avec elle. Les dialogues de sourds qui en résultent ont la beauté des écarts de générations, et la difficulté de contourner la surdité du grand-père prend un air de métaphore tragi-comique. Émergent de l’ensemble la ténacité d’une jeunesse déterminée à connaître son passé et la placidité de vieillards calmes dont le mutisme passe successivement pour de la sagesse, de la sénilité, ou l’habitude de taire les drames traversés.
La force du film tient beaucoup à sa réalisatrice que la ferveur du geste rend attachante et qui se transforme en personnage onirique dans ce village désolé. Des liens presque immédiats se nouent avec les vieux, une phrase, une attention suffit, sans que l’on sache si cette affection est une étrange transmission du silencieux passé dramatique, si elle vient du plaisir qu’un intérêt leur soit porté, ou si elle est due à la personnalité de la filmeuse (...)
Self-Portrait : At 47 km est (...) marqué par la démarche d’enregistrement visible de la mémoire. Dès lors, quoi de plus logique d’apprendre que Zhang Mengqi l’a réalisé dans le cadre du « Folk Memory », projet collectif initié par le réalisateur Wu Wenguang qui vise à réaliser un travail de mémoire en enregistrant les témoignages des plus anciens."
Camille Pollas