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Cannes :
Les doubles Palmes d'Or

La 77e édition du Festival International du film de Cannes a débuté le 14 mai 2024 et nous promet, cette année encore, une bien rude compétition. Mégalopolis de Francis Ford Coppola y est particulièrement attendu, puisqu’il n’est pas impossible qu’il fasse de son réalisateur le tout premier cinéaste à obtenir une troisième Palme d’or, après Conversation secrète en 1974 et Apocalypse Now en 1979.

À ce jour, ils sont neuf réalisateurs à avoir déjà reçu deux fois la plus haute distinction. UniversCiné vous propose une rétrospective de ces metteurs en scène de talent qui ont su conquérir le public comme le jury.


LE CLUB DES NEUF

Ruben Östlund : The Square (2017) et Sans filtre (2022)

Fin observateur des excès des élites, mais paradoxalement membre actif et récompensé dans les compétitions internationales, Ruben Östlund semble maîtriser en société le port du masque qu’il dénonce dans ses films. Cette ascension du Suédois pour le moins fulgurante, incarne celle de la jeune génération de cinéastes à Cannes et a la particularité d’avoir mis la comédie grinçante à l’honneur au sein du Palmarès. Prix du Jury dans la catégorie Un Certain regard en 2014 avec l’hilarant Snow Therapy, il reçoit sa première Palme d’or en 2017 avec The Square, satire sociale incisive sur l’hypocrisie du monde de l’art, où l’on suit Christian, un conservateur de musée en plein montage de sa nouvelle exposition. En 2022, Sans Filtre, sa seconde Palme, vient de nouveau tendre un miroir déformant aux habitués de la Croisette. On y suit Carl, mannequin, et Yaya, influenceuse, invités sur une croisière de luxe qui vire au naufrage…

Ken Loach : Le Vent se lève (2006) et Moi, Daniel Blake (2016)

Ken Loach, célèbre cinéaste britannique, a eu un impact significatif sur le Festival de Cannes au fil des ans, puisqu’il s’agit du réalisateur qui a participé au plus grand nombre de sélections officielles avec pas moins de quinze longs métrages. Son succès à Cannes souligne son statut de cinéaste qui n'a pas peur de s'attaquer à des questions sociales difficiles. Il remporte sa première Palme en 2006 avec Le Vent se lève, un drame puissant sur la guerre civile irlandaise, salué pour sa force émotionnelle et sa précision historique. Il obtient sa seconde Palme d'or dix ans plus tard, en 2016, pour Moi, Daniel Blake, film d’un réalisme cru, commentaire politique de l'histoire d'un charpentier d'âge moyen qui se débat avec le système d'aides sociales britannique après qu'une crise cardiaque l'a rendu incapable de travailler.

Michael Haneke : Le Ruban blanc (2009) et Amour (2012)

Autre personnalité récurrente des tapis rouges de la Croisette, Michael Haneke s’est fait connaître à l’international avec l’implacable Funny Games. L’Autrichien a fortement marqué la décennie 2000-2010 de l’histoire du Festival en y étant invité à de multiples reprises, notamment avec Code Inconnu, La Pianiste ou encore Le Temps du loup. Une histoire commune entre Haneke et le Festival qui se confirme lorsque Le Ruban Blanc, film troublant qui propose une réflexion poignante sur la responsabilité collective, permet au réalisateur d'obtenir sa première Palme en 2009. En 2012, il remporte sa deuxième Palme et offre, avec Amour, l'un de ses plus beaux rôles à Jean-Louis Trintignant dans la peau d'un vieil homme qui doit faire face à l'irruption de la maladie et de la mort dans son couple.

Les frères Dardenne : Rosetta (1999) et L'Enfant (2005)

Dire que le duo de cinéastes fait partie des réguliers du Festival est un euphémisme. La majeure partie de leur filmographie y a fait sa Première, et en 2022 le public se demandait si les frères Dardenne n'allaient pas créer un précédent dans l'histoire du Festival et repartir avec une troisième Palme pour leur film Tori et Lakita. Les frères belges avaient remporté leur première Palme d’or en 1999 pour Rosetta. Depuis, le Festival leur a remis cinq autres prix et dix de leurs longs-métrages ont fait leur première en Sélection officielle, sur un total de douze réalisations. Ils doivent leur seconde Palme d’or à L’Enfant, récit réaliste sur les défis moraux auxquels sont confrontés les jeunes parents, présenté en 2005. Jean-Pierre et Luc Dardenne proposent un cinéma social qui est, avec celui de Ken Loach, l’un des plus plébiscités par les comités de sélection et les jurys au fil des éditions du Festival.

Shohei Imamura : La Ballade de Narayama (1983) et L'Anguille (1997)

Shohei Imamura est dans ce « club des neuf » LE représentant du mouvement cinématographique révolutionnaire qu’a été la Nouvelle Vague japonaise. Imamura, reconnu pour son style provocateur et son exploration des bas-fonds de la société japonaise, a marqué l’industrie du cinéma de son empreinte avec ses œuvres audacieuses et souvent controversées. Il reçoit sa première Palme en 1983 pour son film La Ballade de Narayama, une œuvre poignante qui s’intéresse aux traditions et aux conflits générationnels dans un village japonais. Il réitère cet exploit en 1997 avec L'Anguille, histoire d'un homme tentant de recommencer sa vie après avoir purgé une peine de prison pour le meurtre de sa femme.

Emir Kusturica : Papa est en voyage d'affaires (1985) et Underground (1995)

Emir Kusturica, réalisateur franco-serbe, a lui aussi marqué l'histoire du Festival de Cannes avec ses deux Palmes d'or. Sa première victoire sur la scène cannoise a eu lieu en 1985 pour Papa est en voyage d’affaires. Une fresque émouvante et tumultueuse qui capture l'essence de la Yougoslavie des années 1950 à travers les yeux d'un jeune garçon. Ce film offre un mélange de drame familial, politique et d'humour absurde, créant un portrait vivant et inoubliable d'une époque révolue. Dix ans plus tard, Kusturica renouvelle l’exploit en remportant sa deuxième Palme d'or pour Underground, adaptation de la pièce Le Printemps en janvier de Dušan Kovačević, co-écrite par Kusturica. Il y explore le parcours de résistants clandestins enfermés dans une cave, ainsi que les tribulations amoureuses d'un trio burlesque, avec en toile de fond l'histoire tourmentée de la Yougoslavie de la deuxième moitié du XXème siècle. Avec cette victoire, Kusturica s'est imposé comme une figure incontournable de la « Famille cannoise », statut consolidé par la présentation de huit de ses films sur la Croisette.

Bille August : Pelle le Conquérant (1988) et Les Meilleures Intentions (1992)

Si Bille August, réalisateur danois, fait lui aussi partie de ce club des neuf élus, aux deux Palmes d'or, ses films ont su susciter le débat quant à leur mérite, ayant parfois été perçus comme très académiques dans le contexte cannois. En 1988, il s'est pourtant  imposé avec Pelle le Conquérant, adaptation du roman-fresque de Martin Andersen Nexø, retraçant les luttes et les espoirs d'un jeune garçon et de son père, immigrés en Suède à la fin du XIXe siècle. Caractérisé par sa sensibilité et son réalisme social, ce film a établi August comme un cinéaste doué malgré ses approches narratives plutôt classiques. En 1992, il remporte sa seconde Palme d'or avec Les Meilleures Intentions, drame familial écrit par Ingmar Bergman. Le film illustre la maîtrise d'August à explorer les chocs intergénérationnels, offrant une réflexion profonde sur les tensions latentes entre désirs individuels et conventions sociales. Ces deux Palmes d'or témoignent de la capacité de Bille August à donner sens à des histoires universelles. 

Francis F. Coppola :  Conversation secrète (1974) et Apocalypse Now (1979)

Figure incontournable du Nouvel Hollywood, Francis Ford Coppola obtient sa première Palme d’or en 1974 avec Conversation secrète, un thriller psychologique qui explore les thèmes de la surveillance et de la paranoïa dans une atmosphère tendue. Coppola triomphe de nouveau cinq ans plus tard, en 1979, avec Apocalypse Now, une œuvre épique et visuellement audacieuse qui traite de la guerre du Vietnam, remarquée pour sa profondeur thématique et son innovation technique. Des films devenus cultes, qui sont la preuve du génie artistique de Coppola. La projection cette année en Compétition officielle de son très attendu à l’international Megalopolis n’en est qu’un témoignage de plus.

 

Alf Sjöberg : Tourments (1946) et Mademoiselle Julie (1951)

Alf Sjöberg, cinéaste suédois, est connu avant tout pour avoir réussi à fusionner théâtre et cinéma, mais aussi pour son approche réaliste et psychologique des relations humaines. Il a remporté le Grand Prix, équivalent de la Palme d'or avant 1955, lui aussi, à deux reprises. D’abord en 1946, son film avec Tourments, écrit par Ingmar Bergman, où il s’intéresse aux affres d'un lycéen confronté à un professeur sadique. Puis en 1951, avec Mademoiselle Julie, mise en scène d’une séduction risquée entre une aristocrate et son valet lors d'une soirée de la Saint-Jean. Alf Sjöberg capture, dans ces deux films, les conflits intérieurs des personnages dans des cadres cinématographiques subtils.

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