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Morgan est un artiste. Anti-conformiste jusqu'à flirter avec la folie, il décide de reconquérir sa femme, habillé en gorille... Mal lui en prend.
Morgan est un artiste. Anti-conformiste jusqu'à flirter avec la folie, il décide lorsque sa femme lui annonce qu'elle va le quitter, de s'habiller en gorille, ces animaux qui peuplent son oeuvre et son imaginaire, pour tenter de la reconquérir. Mal lui en prend... Un cri de révolte qui fit scandale au festival de Cannes lors de sa sortie, mais pour lequel Vanessa Redgrave obtint le prix d'interprétation féminine. Pour le cinéaste, le film est l'illustration d'une profession de foi : " Observer les hommes, méditer sur leur manière d'être et de vivre, saisir le sens d'une attitude, d'un geste, c'est là ce qui m'intéresse. J'évite l'intrigue, les situations purement dramatiques, et je construis des épisodes qui n'ont avec les personnages qu'un rapport poétique..."
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" C’est désamorcer, appauvrir singulièrement le dernier film de Karel Reisz que de le ramener à une histoir
" C’est désamorcer, appauvrir singulièrement le dernier film de Karel Reisz que de le ramener à une histoire loufoque, à une nouvelle manifestation de l’humour anglais dont on ne sait plus très bien ce qu’il est en réalité. Disons tout de suite que le comique de Morgan n’a pas grand chose à voir avec celui de « classiques » comme Noblesse oblige ou de L’homme au complet blanc, et que sa première et très grande qualité consiste à évoquer, sur le mode de la comédie, quelques-uns des problèmes qui ne cessent de nous agiter.
Comme bon nombre de héros contemporains, Morgan Delt souffre d’un certain « mal de vivre » ; mais chez ce garçon de 30 ans ce mal revêt une coloration particulière (...) Plus profondément encore que les héros de Masculin-Féminin, Morgan est un de ces «fils de Marx et de Coca-Cola» dont a parlé J.-L. Godard. On peut sans peine imaginer que, pendant les premières années de sa vie, dans son milieu social et familial, sa sensibilité a été marquée par Marx, Lénine et Harry Pollitt (un des leaders du P.C. britannique) — qu’on lui a appris à respecter, rappelle sa mère — mais aussi par Léon Trotsky et à l’extérieur (au cinéma ?), par les histoires d’animaux, de Tarzan et de King-Kong.
Morgan est tour à tour hanté par l’idée que la révolution n’a pas abouti et par la force supposée d’êtres mythiques. Il ne cesse d’évoquer Trotsky, son échec et sa fin tragique, de se comparer inconsciemment à lui au point de rêver sa propre fin, de s’imaginer victime d’un complot universel qui réunirait, outre ses « ennemis », les gens qu’il aime : sa mère et Léonie. Et il ne cesse d’aspirer à une sorte de vie idéale comme celle des animaux qui évoluent librement dans les forêts et dans les savanes. Vient un moment où Morgan ne se contente plus de rêver, où il veut donner consistance à ses chimères (...)
Si Morgan est malade, complexé et même masochiste (avant d’imaginer sa mort, il se précipite dans la prison où il est incarcéré), s’il a abandonné son travail et mène la vie dure à Léonie (...) c’est qu’il n’a sans doute pas encore atteint une certaine maturité, mais c’est certainement aussi et bien davantage, parce que la société où il vit — cette Angleterre wilsonienne des années 60 où la Révolution n’est plus réduite qu’à quelques «signes» — ne lui offre, comme à ses semblables, aucune autre perspective que le rêve. Solitaire comme tant de héros modernes, d’Arthur Seaton (Samedi soir et dimanche matin) à Jarda Lukas (Du courage pour chaque jour), inadapté si l’on veut, Morgan ne sait plus exactement où est sa place. Trop « pur» ou trop entier, il ne sait pas se mettre en valeur (...) et se cogne douloureusement à la réalité mais assume la « folie » de ses rêves jusque dans leurs conséquences les plus extrêmes (...)
La richesse, la complexité, l’ambiguïté qui caractérisent les sentiments de Morgan et de Léonie, comme les rapports qu’ils entretiennent, trouvent dans la dernière scène — un peu comme dans Samedi soir et dimanche matin — un admirable fausse conclusion. Quelques mois après la party troublée par l’intrusion de Morgan, nous retrouvons celui-ci dans un asile quelque peu indéterminé. Il avait dit à un moment donné, qu’il aimait les animaux, les fleurs et les enfants. Peut-être est-il en train de remplir une partie de ce programme, toujours est-il qu’installé dans un massif, il y plante des fleurs. Passe Léonie, enceinte, épanouie. Elle s’approche de Morgan. « C’est mon enfant », demande-t-il. Elle répond : « Oui. » Et comme le visage de Morgan s’éclaire d’un beau sourire calme, Léonie éclate d’un rire ambigu, un peu inquiétant, comme si elle était devenue hystérique ou comme si, complice de Morgan, elle avait joué un bon tour à tout le monde. Puis elle s’éloigne, et l’autre achève son travail. La caméra recule et découvre le massif de fleurs tracé par Morgan, il représente une faucille et un marteau immenses. Tout au long de l’histoire, pour faire signe à Léonie ou pour la provoquer, Morgan traçait bien en évidence des faucilles et des marteaux. Dans la dernière séquence, ce symbole n’est plus dirigé contre Léonie, il indique simplement et de façon ironique q'ie Morgan n’a pas renoncé. Est-ce encore un rêve ? Personne, si ce n est l’auteur lui-même, ne saurait le dire. Et peu importe c’est très beau.
Le lecteur trouvera peut-être un peu longue, à tout le moins surprenante, cette analyse d’une excellent comédie bourrée de gags et d’idées drôles qui, comme naguère Le Knack, nous plonge dans une merveilleuse euphorie. C’est que, sous des dehors souriants, et seulement aimables pour ceux que le film concerne, Morgan est un film grave, nourri de l’inquiétude et de la tendresse de cet excellent artiste qu’est Karel Reisz (...)
Et comment oublier la malice de David Warner (Morgan), la beauté à la fois piquante et sereine de Vanessa Redgrave (Léonie), deux acteurs qui possèdent une gamme de jeu très étendue ? L’un et l’autre ont su trouver des accents bouleversants qui font soudain passer dans le film un ton désespéré, tragique auquel il est difficile de rester insensible."
"... la mise en scène de Karel Reisz et ses dialogues épousent l’inventivité de son personnage. Le ré
"... la mise en scène de Karel Reisz et ses dialogues épousent l’inventivité de son personnage. Le résultat est très tonique et vivifiant, caustique et subversif aussi, tendre et poétique par moments. Les divagations de Morgan et ses pulsions aventurières trouvent une illustration cocasse dans des inserts d’épisodes de Tarzan de Johnny Weissmuller (Morgan se met notamment en situation d’avoir à sauver Leonie/Jane de l’attaque d’un crocodile) et du King Kong d’Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper (Morgan escalade, déguisé en gorille, l’immeuble en haut duquel Leonie fête son mariage comme King Kong l’Empire State Building) ou d’images de documentaires animaliers, les animaux choisis étant supposés représenter un bestiaire nouveau genre dont les spécimens se confondent avec les humains (un rapace pour la belle-mère, une lionne pour Leonie, un gibbon pour l’ouvrier en haut de son échafaudage, etc.).
Reisz filme Morgan en liberté, empruntant au burlesque, multipliant les angles et les perspectives au moment du tournage, jouant en postproduction sur la vitesse de l’image – il utilise plus d’une fois l’accélération à la manière de Benny Hill dans son show ; il réinvente le ralenti dans la scène finale en faisant ripper l’image jusqu’à l’arrêt – et se permettant toutes les fantaisies dans les séquences oniriques, comme ce lit sur roulettes qui n’est pas sans évoquer Le Knack, … et comment l’avoir de Richard Lester, Palme d’or à Cannes en 1965. Morgan s’inscrit d’ailleurs parfaitement dans ce nouveau cinéma britannique encore balbutiant qui se développera autour de l’image du Swinging London, un cinéma qui allait rendre compte de la libéralisation des mœurs et d’un profond changement de la société, orchestré par une jeunesse avide de liberté."
" Morgan décrit aussi l'enlisement sans rémission de l'esprit révolutionnaire (la visite bouffonne à
" Morgan décrit aussi l'enlisement sans rémission de l'esprit révolutionnaire (la visite bouffonne à la tombe de Karl Marx) dans la médiocrité dorée des êtres satisfaits de leur propre embourgeoisement. Morgan n'est fou que parce qu'il refuse les tabous et les conventions. Complexe, ce film est une sorte de fable morale lucide, dépourvue d'illusions, parfois amère mais constamment sauvée du pessimisme intégral par un humour acide joint à une très grande sympathie affichée par le réalisateur à l'égard de son personnage principal..."
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