Cannes 2015 - Philippe Katerine, Elysée trip(es)
VIDEO | 2015, 12' | Plus connu comme amuseur mélancolique de la pop française Philippe Katerine est aussi acteur à1
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1840. Qui aurait pu imaginer qu'un jeune garçon lisant la Bible dans une cabane perdue au milieu des bois, deviendrait un jour capitaine de navire baleinier ?
1840. Qui aurait bien pu imaginer qu'un jeune garçon lisant la Bible dans une cabane de chasse perdue au milieu des bois, deviendrait un jour capitaine de navire baleinier ? Personne. Et pourtant, de mains tendues en coups reçus, Achab grandit et s'empare des océans. Devenu un capitaine redoutable, il rencontre une baleine éblouissante de blancheur... Moby Dick.
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" Appelons cela un art de la fugue, une échappée hors du roman de Melville, dont l'adaptation est réput&eacut
" Appelons cela un art de la fugue, une échappée hors du roman de Melville, dont l'adaptation est réputée impossible. Du légendaire Moby Dick, le cinéaste a surtout gardé le personnage principal - Achab (prononcez Akab) - et a hissé les voiles pour explorer son enfance et ses tribulations avant qu'il devienne ce fameux capitaine de navire baleinier, dur à cuire obsédé par le monstre blanc.
Philippe Ramos a résolument joué la carte du romanesque : débuté au fond des bois où Achab enfant vit avec son père chasseur, le périple nous emmène jusque sur l'île nue de Nantucket. Entre-temps, on croise un peintre bohème, un bandit de grand chemin, un dandy sadique, un pasteur bienveillant...Cette galerie de portraits pittoresques et l'itinéraire de l'enfant donnent à l'aventure un côté Oliver Twist ou Tom Sawyer. Achab grandit en effet dans plusieurs maisons, rencontre des gens bons ou cruels et finit toujours par s'enfuir, comme si sa place n'était nulle part, sinon sur cette mer qui l'appelle de très loin, cette mer qui sera son salut et son tombeau. Point d'action trépidante et immédiate pour autant dans ce romanesque-là.
Le film tient à la fois du roman-photo historique et des illustrés de la fin XIXe, composés de photographies et de dessins. Des images pénétrantes comme des réminiscences, des symboles, des détails. Le moindre accessoire, le moindre décor (imaginé par le cinéaste lui-même) est chargé d'une haute valeur poétique. Les péripéties ne manquent pas, mais elles sont épinglées comme autant d'instantanés. Les personnages posent d'ailleurs souvent, conformes à leur statut, à leur rôle social.
Dans ce qu'il montre, Ramos ne recherche pas le vrai, il compose, s'amuse avec le pittoresque, célèbre magnifiquement les paysages. Ce qui est grave se niche plutôt dans les voix off des narrateurs successifs. Le film dès lors devient mélopée, incantation. Il fallait des voix pour cela. Celles des acteurs - la plupart sont des habitués du théâtre - sont formidables de ferveur maîtrisée.
Tout le film vibre d'une tension intérieure. Parfois, cette ferveur se tourne vers l'autre : c'est la dévotion amoureuse d'Anna (Dominique Blanc), grande dame qui ouvre son coeur, ou la foi religieuse du pasteur (Carlo Brandt). Dans le cas d'Achab, aveuglé, la ferveur est un enfermement dans sa propre enfance. Le film montre bien tout ce qu'il a surmonté comme épreuves terribles, il montre aussi cruellement tout ce qu'il n'a pu accomplir, saisir : quelque chose de cette beauté du monde que Philippe Ramos nous fait si bien sentir."
" Ça n’arrive pas tous les jours, mais ça existe : le cinéma français sait sortir de ses orni&e
" Ça n’arrive pas tous les jours, mais ça existe : le cinéma français sait sortir de ses ornières, creuser une voie ambitieuse à l’écart du cynisme commercial comme de l’insignifiance satisfaite avec laquelle rime souvent le cinéma d’auteur. Risquée et inégale, inégale parce que risquée, on a envie d’aimer cette variation autour de la figure centrale de Moby Dick rien que pour ça : sa folle audace (...) Capitaine Achab relève de cette catégorie de films proposant, à l’instar de Honor de Cavalleria d’Albert Serra, de libres réappropriations des chefs-d’œuvre de la littérature.
La belle idée de Philippe Ramos est de renoncer à transposer à l’écran – que ce soit "à la lettre" ou "dans l’esprit" – la foisonnante matière du roman-monstre de Herman Melville pour se glisser agilement dans son sillage, imaginant un passé au personnage d’Achab sans jamais heurter l’écueil des signes annonciateurs, clins d’œil pathétiques et autres appels du pied en direction de l’œuvre admirée. On se demande d’ailleurs si l’on n’aurait pas préféré que le film, au lieu de se frayer, dans sa dernière partie, un chemin maladroit (quoique plastiquement étonnant) entre les lignes du roman, s’arrête là où se dernier commence (...)
Découpé en chapitres dont le récit est à chaque fois pris en charge par l’un des personnages croisant la trajectoire d’Achab, le film frôle parfois l’illustration, mais offre une belle expérience poétique du rapport de la voix off à l’image. De même, il ose une utilisation inattendue de la musique, naviguant sereinement entre chansons traditionnelles et modernes sans qu’aucun anachronisme ne paraisse plaqué, crâneur, juke-box.) Rarement l’expression « pouvoir d’évocation » aura paru si appropriée : Philippe Ramos tisse un bel entrelacs romanesque de scène-clés, souvent traitées en plans longs, et d’images presque abstraites, visions érotiques ou portraits frontaux (usant avec bonheur de la fermeture à l’iris, il développe une passionnante esthétique du médaillon).
(...) il est réjouissant (...) de voir le cinéma français s’aventurer vers ces rivages-ci ! Lesquels ? Ceux du romanesque (...), de la sensualité décomplexée (...), du symbolisme audacieux (...). Il y a quelque chose d’Arnaud des Pallières chez Philippe Ramos qui, comme l’auteur d’Adieu (le film français le plus fou de ces dernières années rendait déjà hommage à Moby Dick, réinventait déjà l’usage de la voix off, employait déjà Carlo Brandt), écrit, réalise et monte tout seul..."
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