René Féret : Une forme de désobéissance
VIDEO | 2015, 14' | Auteur d'une oeuvre rare et sensible, René Féret a disparu à l'âge de 69 ans en avril 2015. A1
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Été 1890. Pour se faire un peu d’argent et nourrir sa famille, Anton Tchekhov, médecin modeste, écrit sous un autre nom des nouvelles pour des journaux...
Été 1890. Pour se faire un peu d’argent et nourrir sa famille, Anton Tchekhov, médecin modeste, écrit des nouvelles pour des journaux qu’il signe Antocha Tchékhonté. Des personnages importants, écrivain et éditeur, viennent lui faire prendre conscience de son talent. Sa situation s’améliore et Anton Tchekhov obtient le prix Pouchkine et l’admiration de Tolstoï. Mais un événement personnel va venir bouleverser son succès grandissant.
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" René Féret chemine, trottine. Avec rien, sinon son enthousiasme, il parvient à tourner tant bien que mal des films discrets, sincères, par
" René Féret chemine, trottine. Avec rien, sinon son enthousiasme, il parvient à tourner tant bien que mal des films discrets, sincères, parfois réussis (Nannerl, la soeur de Mozart), parfois non. La famille y tient toujours un rôle essentiel, qu'il la raconte, comme dans La Communion solennelle (1977), ou qu'il la fasse travailler avec lui — ses filles sont comédiennes, sa femme est productrice et monteuse. Il y a un côté " clan " chez René Féret, au sens le plus plaisant du terme. Tchekhov en fait visiblement partie. Il lui a donc consacré un film. Où il célèbre avec bonheur la tendresse qui lie Anton Pavlovitch (Nicolas Giraud, fragile, touchant) à ses frères et à sa soeur. Avec Féret, l'émotion et la bienveillance sont, à chaque instant, palpables. (...) "
Pierre Murat" Avec ce Anton Tchekhov - 1890, René Féret semble à nouveau laisser de côté la veine autobiographique qui, de Histoire de Paul (1975) au P
" Avec ce Anton Tchekhov - 1890, René Féret semble à nouveau laisser de côté la veine autobiographique qui, de Histoire de Paul (1975) au Prochain film, alimente une bonne partie de son œuvre pour revenir à celle du film en costumes, genre réputé coûteux mais auquel il s’est adonné à plusieurs reprises avec un bonheur que n’entravaient pas les limitations évidentes de budget, notamment dans Le mystère Alexina, Nannerl ou encore Madame Solario.
Filmant la vie de Tchekhov dans le Limousin et en Norvège (pour la partie censée se dérouler sur l’île de Sakhaline), il soigne certes la reconstitution en se souciant du détail (costumes, accessoires) mais ne cherche pas à tout prix à faire russe et pratique une fois de plus un cinéma de la proximité (...).
Cette proximité favorisant une tendance à l’effusion sentimentale (la fratrie toujours !) et à l’exubérance (Bonaffé dans le rôle de l’éditeur Souvorine) n’est pourtant jamais synonyme de surenchère émotionnelle. Féret évite de tuer les personnages sous les affects, reproche que fait, dans le film, l’écrivain à la troupe répétant La Mouette avant de leur enjoindre de ne pas avoir peur de l’ennui.
La légère distance souriante que le cinéaste maintient de bout en bout est donc d’abord celle du Tchékhov de Nicolas Giraud, écrivain à qui tout semble réussir sans efforts, que les épreuves affectent certes (...) mais qui reste quand même avant tout un observateur, soucieux de ne pas se laisser enfermer par l’amour ou de mourir devant tout le monde, mais que la menace d’une fin prochaine oblige à faire les choses comme si c’était la dernière fois et transformant tout ce qu’il vit en matière romanesque.
C’est ce que fait aussi le personnage le plus touchant du film, la jeune institutrice aux cheveux courts (pour donner l’exemple à ses élèves accablés de poux) et qui vit à la troisième personne, sous la forme de l’écriture, son amour impossible pour Tchékhov. L’interprétation à fleur de peau mais tout en retenue de Marie Féret trouve à merveille la note juste d’une émotion à la fois poignante et comme sereine que tout le film parvient à tenir admirablement. "
" Féret, plus franc-tireur que jamais, au diapason de l’écrivain russe en passe d’entreprendre un long voyage au bout de l’enfer pénitentia
" Féret, plus franc-tireur que jamais, au diapason de l’écrivain russe en passe d’entreprendre un long voyage au bout de l’enfer pénitentiaire. Féret, de nouveau penché au chevet d’une famille, d’une fratrie, les Tchekhov, saisis dans leur effervescence. Féret, braqué sur les dilemmes d’un être écartelé entre la science et la littérature et l’art et le devoir, obsédé par " la certitude de son inutilité ". Féret, prêt à s’enflammer contre l’injustice, la bigoterie, la brutalité, les outrages au genre humain. C’est dire la richesse de ce dix-huitième long-métrage, complexe et contrasté, ambitieux dans ses partis pris narratifs et esthétiques. Il n’est qu’à voir comment le cinéaste natif de La Bassée parvient à concilier intérieurs et extérieurs, reflets de l’âme et souffle de la nature. Une merveille d’équilibre !
Devant sa caméra rôdent les fidèles emblèmes d’une tribu dans laquelle s’insinuent de pétulantes donzelles. Le rôle titre, quant à lui, est irradié par Nicolas Giraud excellant dans un registre introspectif seyant à la personnalité tourmentée d’Anton Tchekhov.
De l’art de donner vie à ses personnages, de les faire exister d’une pichenette quel que soit leur rang au sein du récit, par la grâce d’une mise en scène impressionniste, impulsée par une fébrile vitalité. "
" Pour sonder les tréfonds de l’âme tchekhovienne, Féret exclut le biopic total. Il se concentre sur une période-clé de la vie du médecin-é
" Pour sonder les tréfonds de l’âme tchekhovienne, Féret exclut le biopic total. Il se concentre sur une période-clé de la vie du médecin-écrivain, noyau de la construction d’un personnage au destin fulgurant. Ainsi le tournant de l’année 1890 voit Anton Tchekhov prendre conscience de ses talents d’écriture et se confronter à ses propres limites (...)
Anton Tchekhov 1890 obéit à une forme d’ascèse cinématographique qui correspond bien à la figure en question. C’est là toute la beauté du geste filmique : d’être en accord total avec son sujet, dans une attention fine aux détails pour rendre de la façon la plus juste possible l’idée de ce que pouvait être Tchekhov. Il ne s’agit pas de tout dire de lui, de tout montrer, de tout décrypter, de plier les faits biographiques à un sens réducteur. Il s’agit plutôt d’exposer l’état d’un être dont l’intégrité, dans tous les aspects de sa vie, fascine et émeut.
Pour découvrir cette figure discrète, rongée par ses failles, prompte au sacrifice, René Féret installe sa caméra dans les intérieurs étroits d’une maison familiale. Les moyens réduits à sa disposition expliquent le choix d’un huis clos fréquent, que seule l’échappée au bagne de Sakhaline brisera dans un mouvement paradoxal. Mais la magie de son cinéma est bien de faire d’une apparente fragilité non seulement une force, mais aussi l’essence d’un style en accord avec son propos.
L’habileté du cinéaste et de son équipe est encore plus forte quand on sait que les extérieurs russes ont été tournés en plein Limousin, produisant une illusion parfaite. Se concentrer sur les corps et les visages, à la lueur des bougies, refuser le romanesque, respecter la parole de Tchekhov, voilà le projet d’un film à la rigueur exemplaire.
Féret va à l’essentiel pour dire et montrer le plus important d’un homme qu’on redécouvre avec une émotion sincère. On fait fi de la langue russe ou de quelque artifice pour la singer, on se contente de rendre compte au plus près, avec l’architecture soutenue de la langue française, de l’élégance d’esprit d’un homme que le film nous fait aimer dès sa première apparition. Une apparition d’ailleurs retardée, avec un plaisir joueur, quand l’éditeur Souvorine demande à rencontrer celui signe ses nouvelles du nom d’Anton Tchekonté, au milieu d’une fête où les frères Tchekhov sont tous masqués.
Ainsi l’on croque avec délice l’ambiance d’une famille dont Anton incarne le pilier fondamental. Pour ce film délicat, le cinéaste est entouré d’une troupe d’acteurs visiblement convaincus de la rareté de l’expérience vécue sur ce tournage. Si Nicolas Giraudhabite le film d’une sensibilité vibrante dans le rôle d’Anton Tchekhov, la présence solaire de Lolita Chammah et la partition sensible de Marie Féret nourrissent la finesse du héros masculin. Il en va de même pour le reste de la distribution, servie par un texte aux accents littéraires transpirant la dévotion de son auteur pour le maître qu’il dépeint.
Anton Tchekhov 1890 témoigne donc, encore plus que les précédents films de Féret, qu’un autre cinéma français est possible. Ça fait du bien."
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