Gérard Blain, de père en fils
VIDEO | 2013, 10' | Ne manquez pas la rétrospective de ses films au Festival d'Amiens, du 8 au 16 novembre. Voilà1
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Un encadreur de Hambourg, condamné par une leucémie, accepte le contrat d'un mystérieux Américain : tuer trois mafieux...
Une forte somme d'argent, un crime à exécuter mais Ripley, le héros de Patricia Higsmith et son univers trouble deviennent surtout, sous le regard du cinéaste de "Au fil du temps", l'occasion d'un voyage au bout de soi-même à travers une Europe dont on traverse les villes comme on visite la carcasse d'une épave. Wenders filme l'attente et la peur comme d'éternelles quêtes d'identité et "L'Ami Américain" est au thriller ce que les tableaux impressionnistes sont à l'école figurative.
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" ... L'Ami américain n'a du classique thriller que l'intrigue, réduite au strict nécessaire et suffis
" ... L'Ami américain n'a du classique thriller que l'intrigue, réduite au strict nécessaire et suffisamment nébuleuse pour qu'on n'y attache aucune importance (...) Peur, amour et mort, à New York, Hambourg et Paris. Visages et paysages indissolublement liés. Ici, comme dans ses autres films, Wim Wenders apparaît décidément comme le cinéaste de l'esprit des lieux. Trois villes gagnées par la même rage d'acier, de verre et de béton, uniformisées sous le label made in usa, à tel point que, très souvent, on ne sait plus où on est de Paris ou de New York. Seule résiste , à Hambourg, la maison de Jonathan, sur le port : à la fin du film, les démolisseurs sont là.
L'Ami américain, c'est la grande démolition à l'oeuvre partout, dehors et dedans, et l'impuissance à l'empêcher. Blafarde lumière d'hiver, rues désertes filmées à l'aube ou au crépuscule et, soudain, sur Paris, ce ciel si implacablement rouge, annonciateur d'une terrible apocalypse . Intérieurs glauques, lueurs d'aquariums, personnages coincés, noyés dans l'inhumain.
Curieux film "d'action", qui se ménage de larges pauses de silence, de pure contemplation, regard sur ces lieux désolés, ces visages marqués par la peur du vide. Inoubliable séquence, anti-thriller au possible de l' "assassinat du mafioso" dans la station du RER (dessus : les tours de la Défense; dessous, l'horreur des souterrains fonctionnellement pathogènes).
(...) Quant à la mafia, elle n'a, c'est visible, guère inspiré Wenders. Les seuls gangsters qu'il connaisse sont les fossoyeurs du cinéma, ceux qui l'ont conduit à n'être plus que ce qu'il appelle "un cinéma d'exploitation". Aussi a-t-il choisi un metteur en scène, Samuel Fuller, pour tenir le rôle du mafioso en chef dont le seul crime est de réaliser des films porno. Ce qui lui permet, comme dans ses autres films, de continuer sa réflexion sur le cinéma. Les seuls moments d'émerveillement du film sont les délicates manipulations d'un praxinoscope ou d'objets "magiques" qui, tous, ont à voir avec l'image et la vue.
La boucle est ainsi bouclée : par ces quelques séquences, L'Ami américain, film de pur comportement d'exercice du regard, rappelle ce qu'est, pour Wim Wenders, le cinéma : une attention de l'oeil au monde, un affinement de la perception, par le moyen d'une caméra qui nous oblige à voir ce que, rendus aveugles par la grande démolition de notre temps et de notre espace, nous ne savons plus voir.
C'est Nicholas Ray, l'autre metteur en scène célèbre du film, dans le rôle d'un peintre, qui le dit à Ripley : "Garde bien tes yeux ! C'est ce que tu as de plus précieux..."
Wim Wenders a joué et gagné. Si belle, sa réalisation, si intelligente, si musclée qu’on ne soit plus qu&
Wim Wenders a joué et gagné. Si belle, sa réalisation, si intelligente, si musclée qu’on ne soit plus qu’elle et c’est tant mieux : l’intrigue policière, du moins ce qu’il en reste, n’offre qu’un intérêt mineur, avec des personnages qui piquent la curiosité surtout parce qu’ils sont interprétés par des réalisateurs copains de l’auteur, comme Nicholas Ray, Daniel Schmid et Jean Eustache, clins d’œil aux cinéphiles avertis qui ne constituent, reconnaissons-le, qu’une chapelle plutôt restreinte. Hormis ces clins d’œil à un public très limité, ni humour, ni suspense, ni machiavélisme retors : Wim Wenders ne cherche pas une seconde à récolter les lauriers de Hitchcock. Il a la tête et le cœur ailleurs.
Et puis il est trop malin, ou tout simplement il a trop de talent pour n’avoir réussi, dans cet Ami américain, qu’un exercice de style. Il échappe à l’accusation de formalisme parce que sa virtuosité ou la splendeur de l’image échappent à l’accusation de gratuité. Si le ciel de Paris se trouve être d’un rouge incroyable, c’est que l’étrangeté inquiétante de la beauté de ce couvercle de sang nourrit une certaine émotion voulue par Wim Wenders à ce moment du film.
Wim Wenders s’est débarrassé en deux coups de cuillère à pot de tout ce qui ne l’intéressait pas dans le roman de Patricia Highsmith. C’est-à-dire d’à peu près tout : l’histoire des tableaux, les meurtres en série, la rivalité entre gangs dont il se contrefout (nous aussi) comme de sa première couche-culotte et qu’il n’essaie guère de nous rendre compréhensible — aucune importance. Il n’a conservé que ce qui rejoint ses thèmes à lui, Wim Wenders, et qu’il a déjà illustrés dans ses précédents films : l’amitié entre deux hommes, amitié vite exclusive (elle rejette hors de sa chaleur les femmes, la femme, ici l’épouse) et qui se noue et se nourrit au fil du temps et parce que ce temps se passe à partager une expérience, voire une épreuve — et d’abord cette expérience, cette épreuve qui consiste à déambuler dans cet enfer moderne que sont les villes. Dans Un ami américain, elles s’appellent New York, Hambourg, Paris.
D’où l’importance du paysage urbain, des moyens de transport (autos, avions, trains, métros) et des voies de communication (routes, autoroutes, rails, ponts, fleuves et parfois ports) dans ce qu’elles offrent d’ouvert vers une direction donnée mais de fermé, de clos pour ce qui sort de cette direction — bordées alors de chaque côté, facilement tubulaires, parfois même souterraines. Panoramiques et travellings interviennent en force pour rendre compte de ces thèmes mêlés.
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