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Xavier Dolan : Notre Top 7
En dix ans et sept longs métrages, Xavier Dolan s’est imposé comme un réalisateur unique du cinéma d’auteur contemporain. Contrôlant au maximum chaque aspect de ses films, il occupe plusieurs rôles lors des différentes étapes de création, se faisant ainsi monteur, producteur, scénariste, acteur, costumier, parfois même traducteur.
Dolan explore les sentiments, décrit les tensions au sein d’histoires intimes, amoureuses et familiales, avec une (grosse) préférence pour les relations mère/fils. Entre kitsch et outrance, le cinéaste a imposé immédiatement sa patte avec sa troupe d’actrices et d’acteurs fétiches (Anne Dorval, Manuel Tadros, Monia Chokri, Suzanne Clément), une bande son très présente, pop, surannée, et ses ralentis à outrance.
Habitué des festivals et des récompenses, le réalisateur québécois sort cette semaine Matthias et Maxime dans nos salles. Classement totalement subjectif de son oeuvre :
7. Ma vie avec John F. Donovan, 2018
Le pitch : Rupert, un jeune acteur raconte à une journaliste la relation épistolaire qu’il a entretenue avec une star de série américaine alors qu'il était enfant.
Avec une telle histoire, explorant le côté sombre de la célébrité, un protagoniste proche du réalisateur (Xavier Dolan ayant été, lui-même, un enfant acteur) et de si grands noms au casting, on pouvait s’attendre à un film plus personnel que celui-là. Malheureusement, pour son premier film en anglais, le réalisateur reste trop en surface, ne creusant que trop peu les relations entre ses personnages (un comble pour lui). Quelques beaux moments d’émotions et le jeu très juste du tout jeune Jacob Tremblay sont à retenir.
Le ralenti : Dans une scène très mélodramatique, la mère de Rupert (Natalie Portman) part à sa recherche dans les rues de Londres. Sous une pluie battante, bravant les obstacles qu'elle rencontre sur son chemin, elle rattrape de justesse son fils et l’enlace sur une reprise de Stand by me par Florence and the Machine.
6. Juste la fin du monde, 2015
Le pitch : Louis, un écrivain, retourne dans sa famille, qu’il a fuie il y a longtemps pour leur annoncer une grave nouvelle. Ces retrouvailles réveillent les tensions et les conflits enfouis.
Adapté d’une pièce de Jean-Luc Lagarce, le sixième film de Xavier Dolan se pare d’un casting exclusivement français. Les dialogues sont forts et l’émotion déborde de chaque plan. Peut-être un peu trop. On en ressort épuisé, comme le protagoniste. Cependant, les plans sont soignés et collent au plus près des visages des acteurs, entre lesquels l’alchimie est incontestable.
Le ralenti : Depuis la fenêtre du grenier, Louis aperçoit une jeune voisine sur un trampoline. Il se remémore son premier amour, un garçon aux cheveux longs nommé Pierre. Il se souvient des étreintes, des moments passés à fumer sur le matelas, des rires… jusqu'à ce que ses souvenirs se fondent dans le flou.
5. Les Amours imaginaires, 2010
Le Pitch : Troublés par le même jeune homme, Francis et Marie mettent en danger leur amitié, aveuglés par la quête d’un amour exclusif.
Ce triangle amoureux à l’histoire somme toute assez simple, repose avant tout sur l’interprétation des comédiens et sur une mise en scène reprenant tout ce qui fait la spécificité du cinéma de Dolan : gros plans, musique entêtante et omniprésente, et surtout, beaucoup de ralentis.
Le ralenti : Choisissant soigneusement leurs armes : un canotier, un pull en cachemire, une nouvelle coupe, un trait d’eyeliner… Francis et Marie se préparent à l’amour (à la séduction ?) comme on se prépare au combat. Pour l’anniversaire de Nicolas, chacun espère surpasser l'autre et conquérir le cœur du jeune homme. Le tout accompagné par Bang Bang, chanté par Dalida.
4. Tom à la ferme, 2013
Le pitch : Tom se rend dans la famille de son amant pour assister aux funérailles du jeune homme. Très vite, une relation trouble s’installe entre lui et Francis, le frère de son ancien amour, un homme violent et manipulateur.
Thriller psychologique dérangeant, dans lequel le cinéaste québécois refroidit sa gamme de couleurs et adopte une mise en scène plus sobre que d’habitude. Il se concentre sur les visages et les corps de ses protagonistes, pris dans une relation malsaine et dangereuse.
La scène : Dans une grange, encore sous le coup de l'émotion après la naissance éprouvante d'un veau, Francis invite Tom à danser un tango. Menant la danse de façon autoritaire, il renverse Tom qui, fébrile, s'abandonne à son trouble pendant quelques secondes.
3. J’ai tué ma mère, 2009
Le pitch : Hubert, un garçon de 16 ans, n’aime pas sa mère. Avec la violence des sentiments adolescents, il n’éprouve que haine et dégoût à l’égard de celle qui, jadis, était si proche de lui.
Pour sa première réalisation, Xavier Dolan convoque l’un des thèmes les plus récurrents de sa filmographie. Cette relation à la fois violente et ambigüe entre une mère et son fils est empreinte de poésie et de cruauté. Les sentiments y sont exacerbés et les décors étouffants. La maîtrise du cadre, créant parfois un éloignement entre deux personnages pourtant côte à côte, est remarquable.
Le ralenti : Dans un rêve, une vision, Hubert poursuit sa mère dans une forêt aux couleurs chaudes et automnales. Celle-ci, affublée d’une imposante robe de mariée, le fuit, lui échappe après avoir frôlé sa main. Pour une fois, Hubert cherche la compagnie de sa mère, mais il semble être déjà trop tard. Cette scène douloureuse est d'autant plus forte qu'elle fait écho à une séquence précédente, au cours de laquelle sa mère le pourchassait dans les couloirs du lycée.
2. Laurence Anyways, 2012
Le pitch : Fred et Laurence s’aiment à la folie, leur amour semble pouvoir résister à tout. Pourtant, lorsque Laurence révèle à Fred sa transidentité et son désir de changer de genre, leur relation vacille. Fred ressent cette transition comme la disparition de l’homme de sa vie.
Avec un très grand travail sur l'esthétique et l'écriture des personnages, l'aventure vécue pendant dix ans par ce couple qui se déchire mais lutte pour continuer à exister, est bouleversante. Suzanne Clément, exceptionnelle dans le rôle de Fred, fut justement récompensée par le prix d'interprétation féminine à Un Certain Regard.
La scène : Fred et Laurence, réunies après un long moment loin l'une de l'autre, marchent ensemble et s'enlacent, s’offrant une parenthèse loin du monde et des conventions. Elles traversent une pluie de vêtements bariolés, véritable feu d'artifice textile, symbole de la transformation physique de Laurence, mais également de l'importance que la société peut porter aux apparences.
1. Mommy, 2014
Le pitch : Après avoir été viré de son établissement, Diane récupère son fils, Steve, un adolescent hyperactif, atteint d’un trouble de l’attachement. Entre les difficultés financières et les crises de violence de Steve, mère et fils tentent de trouver une forme d’espoir en l’avenir.
Avec ce portrait à la fois sensible et explosif d'une mère prête à tout pour sauver son fils, Xavier Dolan livre un film fort, jamais étouffé par le poids du drame social dépeint. Il offre par endroits des respirations bienvenues, où les émotions sont intenses et accompagnées par une bande originale qui inclut aussi bien Céline Dion qu'Oasis. Passant sans transition de la violence la plus soudaine à la joie enfantine ou encore à la tristesse profonde, Antoine-Olivier Pilon, crève l'écran. Mommy a reçu le Prix du jury à Cannes et le César du Meilleur film étranger.
La scène : Après de nombreuses épreuves, Diane imagine un avenir possible pour Steve. Un avenir heureux, un diplôme, un enfant, un mariage. Dans cette séquence où le flou est très présent, une musique au violon accentue la sensation de tournis ressentie face à un tel enchaînement d'évènements. Les visages de la mère et du fils resplendissent de bonheur. Jusqu’à ce que les violons disparaissent, laissant place à un piano mélancolique, et que l’expression heureuse de Diane se change en un regard inquiet et perdu.
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