2012. La société n'est plus faite que de gens beaux et riches. Quelques handicapés, rejetés, se révoltent. Une comédie gore produite par les frères Almodovar.
Dans un futur totalitaire où seuls les gens riches et beaux sont acceptés par la société, le groupe terroriste Action Mutante, uniquement composé d'handicapés, lutte pour en finir avec cette société qui les marginalise. Ils décident donc de frapper un grand coup en enlevant la fille du milliardaire Orujo, fabriquant de petits pains complets. Mais l'opération ne tarde pas à dégénérer quand Ramon, le chef des terroristes, commence à massacrer toute son équipe en route pour la planète Axturia, où a lieu la remise de rançon...
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" Action Mutante est une manière d'Iparretarrak tératologique (bigre), un commando de freaks idéologues, une phalange de clowns rouges - la
" Action Mutante est une manière d'Iparretarrak tératologique (bigre), un commando de freaks idéologues, une phalange de clowns rouges - la bande à Pinder. Ils sont séparatistes à la mode des manchots. Un proverbe hassidique dit que seul un cœur brisé est entier. Seul un corps brisé est entier, rectifient nos mutants. Et, pour ce qui est de vous les briser, vous pouvez les en croire. Auprès de leur armurerie, les pistolets Uzi et AK-47 semblent des tasses à thé et la National Rifle Association un club de philatélie.
Grand prix du jury au Festival du Cinéma fantastique de Montréal, le premier film de l'Espagnol Alex de la Iglesia, coproduit par Pedro Almodovar pour 3, 5 millions de dollars, est une comédie gore, époustouflante et déglinguée, une profonde pochade, promise à l'estampille « film culte ». Le cinéaste nous plonge dans une science- fiction de quatre sous. Nous sommes en 2012. Mais les ennemis d'Action Mutante sont nos ennemis, aujourd'hui et maintenant.
En 1993, le terroriste Ramon tiendrait à peu près ce discours. La Claudia-Schifferisation du monde ? Nous sommes contre. L'après-shampooing ? Nous préférons le cocktail Molotov. Le fascisme cosmétique ? Il ne passera pas. Les véritables terroristes s'appellent Cindy Crawford, Linda Evangelista, Estelle Hallyday, Naomi Campbell, Stéphanie Seymour, ces inhumaines bombes ! (...)
Les membres d'Action Mutante ont un grand mérite : ils nous rappellent aux vraies choses de la vie. Lorsque, comme Alex, vous avez un frère siamois nommé Juanito, auquel on fracasse le crâne avec une hache, qu'il vous faut traîner son cadavre comme un boulet sur des kilomètres, cadavre d'abord putréfié, puis empaillé par un taxidermiste de passage, et qu'enfin on pende votre frère par le cou - et vous avec - au plus grand arbre du désert de la planète Axturias, il est vrai que la question du cholestérol apparaît tout à coup secondaire.
Coproduit par la télévision (TF I), « Action Mutante » est une machine de guerre contre la télévision. Aujourd'hui, le cinéma est un handicapé moteur, face à la toute-puissance télévisuelle. Le cinéma tient du Cinémathon. C'est une bonne action mutante.
Un film, c'est monstrueusement humain, c'est plein de démangeaisons et d'imperfections, ça se ronge les ongles, ça ne se lave pas les cheveux, c’est plein de pellicules, un film. Mais quand ça passe à la télévision, on vous l'épile, on vous le parfume, on vous l'endimanche, on vous le colorise, on vous l'enguirlande de spots publicitaires, et après cela, on lui dit : soyez vous-même...
« Action Mutante » dénonce avec drôlerie ces images propres, allégées, ces images au teint de pêche. Il nous introduit dans le petit monde des vérités verruqueuses.
Pour Alex de la Iglesia, le gore est un humanisme. Comme Bossuet, ce jeune cinéaste pense qu'il faut parler par des plaies [..], émouvoir par du sang ». Sur la planète Axturias, la fille du fabricant de pain complet nourrit un syndrome de Stockholm envers Ramon, son ravisseur-tortionnaire. Profonde métaphore.
Le cinéma nourrit un syndrome de Stockholm envers la télévision. Il l'idolâtre, il l'imite. Iglesias veut exorciser cette fascination fatale. Son cinéma frappe comme un sourd sur le petit écran, il le démantibule, il lui pisse à la raie. Quitte à dire, comme Ramon après avoir égorgé et décapité les quatre cinquièmes de son gang, que décidément, » la violence ne résout rien »
" Au moment de la sortie d'Attache- moi, Almodovar répétait à qui voulait l'entendre qu’il aimerait tourner, un jour, sans pression et sou
" Au moment de la sortie d'Attache- moi, Almodovar répétait à qui voulait l'entendre qu’il aimerait tourner, un jour, sans pression et sous pseudo, l’une des séries B qui ont bercé son enfance cinéphile : sexe, sang, fantastique, avec toute la liberté des nanars. De là à dire qu’il a réalisé, en cachette, cette Action mutante qui arrive aujourd’hui sur nos écrans, premier film d’un inconnu, Alex de La Iglesia, qui a le profil parfait du prête-nom, c'est sans doute aller un peu vite en besogne. Almodovar n’en est officiellement que le producteur. Tout de même, quelques topiques almodovariens se sont glissés dans ce petit film de science-fiction bruyant, sale et imaginatif.
Quid d’Alinodóvar, donc ? Une party futuriste, d’abord, où l’on aperçoit Bibi Andersen et Rossy De Palma, héroïnes chères à Pedro; un syndrome sadomaso de Stockholm, ensuite, aussi beau et fort que dans Attache-moi : la kidnappée, souillée, violée, humiliée, la bouche agrafée pour retenir ses cris, finit par craquer pour son kidnappeur; l’omniprésence hilarante de la télé, enfin (...) comme dans Talons aiguilles. Plus — en direct from la Movida — quelques freaks gratinés, physiquement et moralement...
Le réalisateur d'Action mutante, quelle que soit son identité, a vu Mad Max. Il a aimé Delicalessen, de Caro et Jeunet, quelques BD japonaises ultra-violentes et piqué quelques centaines de litres d’hémoglobine au labo le plus proche et des armes en plastique au Franprix du coin. Le résultat reste, malgré tout, cohérent: une série «Z» souvent tordante, qui ne se prend pas au sérieux."
On était sans nouvelles depuis un certain temps du fantastique ibérique qui eut son heure de gloire et ses « petits maîtres » dans les anné
On était sans nouvelles depuis un certain temps du fantastique ibérique qui eut son heure de gloire et ses « petits maîtres » dans les années 60 et 70 : Jésus Franco, Paul Naschy ou Léon Klimovski. D’emblée, Alex De la Iglesia se détache de ses aînés au moins sur deux plans : Action mutante lorgne vers la SF à profil de space opéra (alors que jadis on travaillait surtout sur le fantastique néogothique ou dans la sphère d’une science-fiction biologique), et tente de faire passer un message sur la tolérance. Coproduit par Pedro Almodovar, Action mutante se voudrait donc un « film d’auteur ».
Dans un futur vague, les handicapés de toutes sortes, refoulés par la société, s’organisent en commandos terroristes (un peu comme les minorités ethniques d’aujourd’hui) pour faire entendre leur parole. Mais ce noble but est perverti par l’appât du gain. Ainsi, Ramon et sa bande, kidnappant la riche Patricia (qui, comme la bien réelle Hearst, sympathisera avec ses ravisseurs) le jour de son mariage, finiront par s’entre-tuer pour le magot, sur Terre comme sur d’improbables planètes.
Alex De la Iglesia ne craint pas de surenchérir dans les effets gore, mais n’arrive visiblement pas à sortir des décors de studios pour nous donner ne serait ce que l’illusion d’un voyage dans l’espace : rien, si ce n’est les dialogues, ne nous indique que l’action s’est déplacée sur une autre galaxie. Mais ce qui semble encore plus gênant, c’est qu’intrigue et ingrédients ne comportent rien de « national », contrairement au fantastique européen des années 60 (cf. l’œuvre de Bava, Franco, Reinl ou Fisher) qui sut, par des arabesques particulières et son analyse de la sexualité féminine, se détacher du modèle américain aujourd’hui dominant. Ce n’est pas du tout le cas ici où le metteur en scène tente de subvertir le fantastique d’outre-Atlantique, tout en le renforçant par le recours à la parodie. Or, depuis une quinzaine d’années, le genre se survit aux Etats-Unis grâce au second degré dont certains cinéastes (Sam Raimi, Tim Burton, Frank Henenlotter...) se sont faits les virtuoses. Même si, en dernier recours, on inscrit Action mutante dans le courant « cyber- punk », apparu après le Videodrome de Cronenberg (1982), le film ibérique s’avère besogneux comparé au chef-d’œuvre nippon du genre : Tetsuo, de Tsukamoto Shinya.
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