Un enfant écrasé — entretien avec Yves Boisset
Allons Z'enfants est l'un des films préférés de son réalisateur. En Avril 1981, le cinéaste raconte dans un entret1
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Un homme forcé d'entrer dans une école militaire est ttiré par la littérature et le cinéma. Antimilitariste, il est rattrapé par la Deuxième Guerre mondiale...
Un jeune homme, fils d'adjudant de carrière, est forcé par son père d'entrer dans une école militaire. Profondément antimilitariste, il subit toutes les brimades de ses supérieurs. Attiré par la littérature et par le cinéma, il sera rattrapé par les débuts de la Deuxième Guerre mondiale...
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" Voilà un thèse insolite, fort rare dans le cinéma français, et ce n’est pas un hasard, car il touc
" Voilà un thèse insolite, fort rare dans le cinéma français, et ce n’est pas un hasard, car il touche au sacré : la vie de caserne, vue ici à travers l’histoire d’un enfant de troupe. Sujet brûlant (1). L’enfant de troupe est un jeune garçon destiné dès son enfance à être « d’armée », comme on eût dit sous l’Ancien Régime — et pourquoi ne pas employer une expression d’époque pour qualifier une pratique aussi archaïque... Le héros du film a été engagé dans l’armée par ses parents quand il n’avait que huit ans et a commencé sa vie militaire dès qu’il eût atteint ses treize ans. Avait-il donc la vocation militaire ? Eh bien non, justement. Il était fier, intelligent, bon, sensible. Qu’eût-il été faire dans cette galère ?
Le film est l’adaptation d’une œuvre littéraire qui fit quelque bruit, à sa parution, en 1952, Allons z’enfants, roman autobiographique d’Yves Gibeau. L’adaptation de Boisset est fidèle, parfois même à la lettre ; mais elle sait faire les transpositions nécessaires à cette fidélité-même, et aussi se permettre quelques adjonctions. La hiérarchie militaire est peinte sous des couleurs très noires : une galerie de monstres où l’imbécilité, la servilité, le disputent à la brutalité. Le film demeure en deçà du roman, peut-être parce que la puissance de l’image ferait basculer dans l’insoutenable. Il arrive parfois aussi que la réalité dépasse la fiction, il faut demeurer en deçà pour rester crédible.
Plus difficile était de rendre le côté assez ironique du récit qui permettait de contenir la sensibilité et de conserver une relative sécheresse de ton. Boisset s’y est attelé avec succès, servi par une remarquable direction d’acteurs. L’interprétation est presque toujours excellente ; ça ne tourne jamais au jeu de massacre ; les personnages gardent chacun leur individualité et une crédibilité suffisante. J.-F. Stévenin a particulièrement bien campé un rôle de sergent gueulard, cogneur, sadique au regard inquiétant. Le jeune protagoniste, interprété par Lucas Belvaux, est excellent. Là aussi, la difficulté était grande, car, face à la galerie de monstres, ce personnage d’adolescent est totalement positif. Or, il n’a rien de stéréotypé ni de fade. Son jeu, qui pourtant couvre une gamme très étendue, est d’une remarquable sobriété. Il sait être expressif, toucher le spectateur avec une grande économie de moyens, sans jamais tomber dans le pathos. Il rend très bien ce qu’il y a d’attachant dans le personnage : sa simplicité, sa gentillesse, sa bonté, sa malice ; bien que très vulnérable, il sait donner une grande impression de fermeté ; un personnage sans concessions, totalement allergique à la vie de caserne. Sa fierté contraste avec l’arrivisme mesquin des gradés et aussi de beaucoup de ses camarades. Son absence d’arrogance n’empêche pas certaines répliques vengeresses qui combleront d’aise ceux qui ont mal supporté le temps où ils furent encasernés. En un temps où peu savent dire « non », il se démarque sans cesse de ce milieu imposé, s’affirmant résolument étranger, refusant les faux-semblants de camaraderie.
Film démystificateur aussi : le mythe du brave militaire peut-être pas très fin, mais franc du collier, cœur d’or, vole en pièces. C’est tout le système qui est mauvais : l’exemple du père, interprété avec finesse par Jean Carmet, montre comment un homme ordinaire, après lavage de cerveau et dressage approprié, devient un tyran brutal et méchant à l’égard de son propre enfant. Plus que les hommes, c’est donc le système — celui d’un pouvoir arbitraire — qui est visé, parce qu’il pervertit ceux qui l’exercent comme ceux qui le subissent.
Allons z’enfants est un film courageux."
" On peut voir, et on verra, dans ce film, une charge, à l'emporte-pièce, d'une virulence explosive, contre l
" On peut voir, et on verra, dans ce film, une charge, à l'emporte-pièce, d'une virulence explosive, contre l'armée. Et crier au manichéisme, à la caricature. Mais on ne peut pas n'y pas voir aussi, et surtout, un — très — beau portrait d'une adolescence volée, et un plaidoyer bouleversant pour la tolérance, la générosité, la compréhension. Simon, ce garçon intelligent, sensible, doué, que le pouvoir — celui d'un père imbécile, magistralement interprété par un Jean Carmet hallucinant dans l'odieux, celui aussi d'officiers et sous-officiers murés dans leur hystérie — n'a jamais pu totalement briser, Simon est désormais inoubliable. D'autant que, pour son personnage, Yves Boisset a fait le choix miraculeux d'un inconnu prodigieux, Lucas Belvaux, visage à la fois ferme et lumineux, formidable de vérité.
Un film qui fera sans doute grincer des dents. Mais un film très achevé, et très fort."
" Il aura fallu beaucoup de patience à Yves Boisset pour « monter » ce film en toute sérénité
" Il aura fallu beaucoup de patience à Yves Boisset pour « monter » ce film en toute sérénité et en faire ce que j’appellerai son chef-d’oeuvre. Parce qu'il y a une certaine pérennité dans le mythe français de l’Armée(avec un grand A) qui est intouchable, et qui considère toujours que Dreyfus était coupable. Au cinéma seules étaient autorisées les comédies troufionesques et courtelinesques, gaietés de l’escadron, qui ne dérangeaient personne. Mais toucher à l’armée de métier, le corps d’autorité le plus susceptible de l’Etat, était attenter au moral de la nation (...)
Yves Boisset a beaucoup « travaillé » son sujet, et son film est parfaitement réussi parce qu’il sent la « vérité » sans ostentation ni effets faciles. Tout est dans l’émotion, la colère, la présence de ces casernes écoles dont les murs ressemblent au « Château » de Kafka et contre lesquels le héros se heurte. Un beau film sur la dignité humaine, sur la dignité de la jeunesse."
" A travers une autobiographie à peine voilée, Yves Gibeau découvrira la gloire en même temps qu’il s
" A travers une autobiographie à peine voilée, Yves Gibeau découvrira la gloire en même temps qu’il savourera une vengeance bien mitonnée. On ne peut s’empêcher de penser, en majeur, avec plus de force, plus de conviction, à une autre autobiographie romancée, écrite directement sur pellicule, les Quatre Cents Coups, de François Truffaut (...)
Yves Boisset, intéressé, par le pamphlet antimilitariste et limité par un budget relativement modeste, n’a fait qu’esquisser dans son adaptation la dimension essentielle du roman original (...)
La réalisateur de Dupont Laiole ne se fait pas faute de descendre ses têtes de Turc comme au tir aux pigeons, les gradés sont presque tous un peu plus stupides et cruels tes uns que les autres (...)
On discerne chez Yves Boisset un cri de protestation non moins authentique que chez Yves Gibeau. Aujourd’hui la guerre et la mort prennent des visages bien différents. Mais le goût de cendres persiste, encore plus amer : Brecht n’est pas tellement loin qui, avant même de vouloir redresser les injustices de ce monde, n'a cessé de dénoncer, de sa prime jeunesse à son dernier souffle, la gueuse toujours célébrée au nom des immortels principes. Allons z'enfants exhale la même angoisse.
Ce n’est certes pas les Sentiers de la gloire, de Stanley Kubrick, interdit pendant vingt ans au pays de Déroulède. Ce n’en reste pas moins une petite date, pour nous Français. "
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