
BD, cinéma, rotoscopie... et l'aventure de tout un pays "dans le brouillard"
Adapté d'une bande-dessinée, Aloïs Nebel, le premier long-métrage d'animation de Tomas Lunak est à cheval sur deux1
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1989, en République Tchèque, un chef de gare vivant avec les brumes de son passé, rencontre un étranger muet surgit de nulle part, qui va bouleverser sa vie.
1989 : Tandis que le régime tchèque vacille, Aloïs Nebel, chef d'une gare de province perdue dans la brume, vit seul, avec les fantômes de son passé. L'irruption d'un étranger bouleverse sa vie. Réfugié dans la gare centrale de Prague, il croise celle qui lui donnera l'amour dont il a besoin pour sortir du brouillard de ses souvenirs.
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"Si ce récit qui mêle petite et grande histoire est déjà fort en soi (on y trouve aussi le suspense d’une affaire de tueur en cavale puis d’une possible histoire d’amour naissante), que dire de la mise en scène très inspirée de Lunák, qui pointe la corruption et l’amnésie de la société stalinienne finissante, tire le meilleur parti des profondes forêts d’Europe centrale et de leurs mystères anxiogènes, décline toute la polysémie symbolique des trains, objets de voyages physiques ou mentaux, métaphores parfaites du cinéma, de la mémoire, de l’histoire et du XXe siècle.
Les personnages sont remarquablement dessinés, tant graphiquement que psychologiquement, le hors-champ est utilisé avec à-propos et le film avance dans un noir et blanc somptueux d’élégance et de puissance évocatrice.
Si la facture visuelle est magnifique, le son est minutieusement travaillé, de la musique au clapotis lancinant d’un robinet qui fuit, rendant ce film aussi sensible, précis et prégnant que s’il était tourné en prises de vues réelles.
Or justement, Lunák et son équipe sont partis d’un tournage réel avant de retravailler tous les plans aux crayons, selon le procédé de la rotoscopie.
Outre que cette technique très ancienne (brevetée en 1915 !) prouve que la performance capture n’a rien inventé, elle explique la fluidité de mouvements et la précision expressive des visages à l’œuvre dans Aloïs Nebel – et peut-être aussi pourquoi ce film d’animation m’a tant convaincu puisqu’il porte indubitablement l’empreinte des acteurs qui y jouent.
Pour autant, la technologie n’est qu’un moyen et ne saurait faire oublier l’essentiel : Aloïs Nebel est une splendeur à tous points de vue. Et je remercie Tomás Lunák de m’avoir montré que le cinéma d’animation pouvait produire des films aussi beaux, prenants et profonds."
" Dès l'ouverture du film, avec cette locomotive qui file droit vers nous en trouant la nuit de ses phares, l'image de
" Dès l'ouverture du film, avec cette locomotive qui file droit vers nous en trouant la nuit de ses phares, l'image de ce premier long métrage, adapté d'une BD, stupéfie par sa beauté. Noir et blanc luisant, plastique onctueuse. Comment une telle transfiguration est-elle possible ? Grâce à la rotoscopie, méthode qui consiste à décalquer et à retoucher graphiquement des prises de vues réelles, tournées avec des acteurs. L'effet produit, entre le voilé et le vif, le masqué et le révélé, est d'autant plus troublant qu'il colle parfaitement à la hantise, sujet principal du film.
Nebel (« brouillard » en allemand) porte bien son nom. Un souvenir obsédant mais confus le tourmente, le poursuit. Il remonte à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945 précisément, après la défaite de l'Allemagne nazie (...) Un trauma qu'on va reconstituer peu à peu, à mesure que les images enfouies jaillissent, comme des flashs de mémoire involontaire. En partie grâce au rôdeur mystérieux, qu'on a vu, au début du film, franchir clandestinement la frontière. Lui aussi surgit du passé pour apporter une pièce essentielle au puzzle...
L'idée forte, c'est de faire coïncider l'irruption de ce fantôme avec une autre page d'histoire de la Tchécoslovaquie, en train de s'écrire en cet automne 1989 : la révolution dite « de velours », emmenée par le futur président, Václav Havel (...) Entre fantasmagorie et vérité, ce voyage, jamais loin des rails, nous transporte loin, mine de rien. Jusqu'à la dignité retrouvée, d'un homme et d'un pays."
"Nebel", c'est le brouillard en allemand. Et si ce chef de gare tchèque, avec qui l'on va passer une heure et demi
"Nebel", c'est le brouillard en allemand. Et si ce chef de gare tchèque, avec qui l'on va passer une heure et demie, porte un patronyme allemand, c'est qu'il est né et a vécu dans les Sudètes. En 1945, l'histoire des Sudètes (la population germanophone qui occupait la région du même nom, au nord de la défunte Tchécoslovaquie) s'est arrêtée avec leur expulsion vers l'Allemagne sur décision du nouveau régime au pouvoir à Prague. Mais l'histoire n'a pas l'usage du point final, c'est le propos du film de Tomas Lunak.
Tourné en noir et blanc, Aloïs Nebel ravive les plaies de 1945, toujours prêtes à se rouvrir. C'est un film politique aux apparences de film noir, une réflexion historique empreinte de pessimisme. Ah oui, c'est aussi un film d'animation (...)
Le film de Tomas Lunak est adapté d'une bande dessinée signée Jaromir 99. Des acteurs ont été filmés, puis leur image a été redessinée, selon un procédé presque aussi vieux que le cinéma (il a été inventé par les frères Fleischer en 1915) : la rotoscopie.
Lunak et son équipe ont réussi à garder la fluidité du mouvement des corps capté par la caméra tout en l'inscrivant dans un graphisme austère qui procède d'une légère stylisation des décors et des visages. Ce parti pris visuel suffit à signifier la tragédie sur laquelle se sont épanouis les tristes destins des personnages, tout en restant très près de leur vérité humaine et historique. Des prémices de la seconde guerre mondiale aux derniers soubresauts du régime communiste, Aloïs Nebel, le petit chef de gare, est le représentant des dépositaires impuissants du souvenir vivant des tragédies passées."
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