Dans la course du Prix Delluc
On a coutume de désigner le Prix Louis Delluc comme le Prix Goncourt du cinéma. Créé en 1937, ce prix p1
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Many, 17 ans vit en France et mène une vie normale. Mais les responsabilités que ses parents, vivant en Inde, lui ont confiées vont le mettre en danger.
Bébé Tigre, c’est Many, 17 ans. Il vit en France depuis deux ans et mène la vie d’un adolescent comme les autres, partageant son temps entre les cours, ses copains et sa petite amie. Mais les responsabilités que ses parents restés en Inde lui ont confiées vont l’obliger à se mettre en danger.
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" À dix-sept ans, et à un an de sa majorité, Many se débat entre une famille qui le harcèle constamment pour qu’il envoie le plus d’argent p
" À dix-sept ans, et à un an de sa majorité, Many se débat entre une famille qui le harcèle constamment pour qu’il envoie le plus d’argent possible : « Tu n’envoies que 80 euros alors que le fils des voisins qui est à Londres envoie 500 euros par mois ! », s’entend-il dire au téléphone, l’éducateur de l’ASE qui l’encourage à passer un bac général et à mener des études longues (ce que Many souhaite ardemment, lui aussi, et ce dont il est capable), et un passeur-protecteur, sorte de grand frère, qui veut faire de lui un complice de ses arnaques et autres méfaits. Dans cette « jungle » d’un Paris tout à la fois accueillant et redoutable, Many est à la fois seul et très entouré – notamment par ses « amis du temple » sikh. Pour s’en sortir, Many est finalement obligé de ruser en permanence et de mentir à tous. Il finit par se compromettre avec son protecteur dans de sordides affaires, susceptibles de lui interdire toute régularisation de ses papiers à dix-huit ans et donc de lui valoir l’exclusion de France. Ce qui serait un drame, car il serait rejeté par sa famille à son retour en Inde (...)
Cyprien Vial a su éviter l’écueil d’un film oscillant maladroitement entre fiction et documentaire. Ce qui n’était pas évident, tant les thèmes abordés sont riches et complexes : le sort des mineurs isolés étrangers ainsi que la connaissance et l’emprise de la communauté sikhe, aussi bien en Inde qu’à l’étranger. Des thèmes durs, mais nous ne sommes pas accablés pour autant car jamais le cinéaste ne dérape dans le sentimentalisme ni le désespoir facile. Il réussit au contraire à maintenir le cap qu’il s’est fixé : celui d’une fiction servie par une documentation bien ciblée. Une fiction possédant tous les codes du polar psychologique et empreinte de superbes moments romanesques.
Cyprien Vial a trouvé pour cela un jeune acteur pendjabi, parfaitement bilingue, Harmandeep Palminder, qui incarne magistralement le héros du film, sorte d’aventurier moderne et de guerrier envoyé par sa famille pour en découdre avec la vie. Les situations menées avec un rythme parfait, et sur une musique aux mélodies d’une grande fraicheur, sont tout à fait convaincantes. Aussi bien les scènes dans la classe d’accueil – les ambiances de classe ne sont jamais évidentes à filmer – que celles relevant des besognes plus ou moins glorieuses dans lesquelles Bébé Tigre se retrouve et se fourvoie pour survivre. Le réalisateur a privilégié les gros plans sur les visages des adolescents qui entourent Many et réussit une belle galerie de portraits d’enfants venus des quatre coins du monde. Tous les acteurs du film sont des non-professionnels. Il sont tous étonnants. On est ainsi, comme pour Harmandeep Palminder, époustouflé par la performance de Vikram Sharma dans le rôle de Kamal le passeur-protecteur. Et tous les seconds rôles sont très soignés. Le cinéaste a choisi des acteurs avec des physiques peu banals et très expressifs. Des « gueules » en quelque sorte, comme on en trouvait autrefois dans les films de Renoir, Carné, Autant-Lara... Qu’il s’agisse des membres de la famille d’accueil ou encore de la juge pour enfants, plus vraie que nature et absolument épatante.
Pour son premier long métrage, Cyprien Vial nous offre décidément un film humaniste, lumineux et tonique. Un beau moment de cinéma. "
" Nous pourrions croire que certaines tranches de vie sont par essence cinématographiques. Non pas en raison d’événements extraordinaires, m
" Nous pourrions croire que certaines tranches de vie sont par essence cinématographiques. Non pas en raison d’événements extraordinaires, mais peut-être parce qu’elles incarnent des moments de transition, de fluctuation, dôtés d’une intensité rare. La trajectoire de Many pourrait en être le parfait exemple. Arrivé du Panjab il y a deux ans, cet adolescent de quinze ans s’est retrouvé jeté dans la société française comme à l’intérieur d’une jungle urbaine prête à n’en faire qu’une bouchée. C’est en effet le sort que semble lui réserver l’ouverture du film, qui fait de l’adolescent « l’élu » du passeur, celui à qui l’on donnera la chance d’essayer de survivre et de peut-être rester sur le territoire français. À dix-sept ans et en l’espace de deux ans, l’on comprend rapidement que le jeune homme a été plutôt bien pris en charge par l’État français ; « l’élu » est devenu un adolescent comme les autres, sérieux et bosseur, qui partage son temps entre les cours, le foot, et sa petite amie. Mais Many doit continuer à envoyer de l’argent à sa famille restée au pays, qui le rappelle sans cesse à son devoir de dette. Le jeune homme doit travailler, encore et toujours un peu plus, quitte à s’aventurer sur des pistes dangereuses.
L’objectif de l’adolescent le pousse ainsi à rompre l’imperméabilité entre son effort d’intégration et le travail clandestin, entre sa propre exigence de normativité et l’illégalité. En se rapprochant dangereusement du passeur, l’adolescent oblige progressivement le spectateur à changer de référentiel, comme pour le préparer à quitter la simple chronique adolescente pour le film noir. Plus Many devient gourmand, plus l’étau se resserre sur ce genre filmique, qui au fur et à mesure des combines fait progressivement tomber les perspectives d’avenir de l’adolescent. Ce lent basculement permet au film d’entretenir une tension permanente, qui n’est autre qu’un prolongement psychique de l’hésitation du jeune homme, entre sa nécessité d’insertion -son rêve est d’intégrer la voie générale et une école d’ingénieur- et le pied déjà posé dans l’illégalité, qui le place en digne héritier de son ancien passeur.
Cependant, si le film noir contamine progressivement la chronique adolescente, c’est comme pour mieux en souligner les fragiles contours, et en rappeler au spectateur la triste précarité. Cette compilation de moments adolescents – qu’il s’agisse du premier baiser échangé dans un musée, des parties de football ou des fêtes de classe – incarne un point de montage essentiel en s’apparentant à la mémoire affective du personnage et en le confrontant au risque de la perte. À défaut d’être véritablement novateur -mais on pardonnera facilement cet écueil pour un tel sujet- le filmage de Cyprien Vial relève pourtant d’une maturité évidente. Multipliant tous les avatars d’un traitement extrêmement réaliste –caméra à l’épaule, lumière naturelle, plans subjectifs- l’œil du cinéaste n’en demeure pas moins réellement méticuleux et attentif, comme s’il était sans cesse rattrapé par l’urgence de capter la quintessence d’un brutal passage à l’âge adulte. La nécessité consiste dès lors à filmer une adolescence contrainte de sortir brutalement ses griffes pour mieux se protéger, répliquer, et se trouver. "
" Comment un sujet de société méconnu et complexe devient-il un film de fiction fluide et captivant ? Dans Bébé Tigre, premier long métrage
" Comment un sujet de société méconnu et complexe devient-il un film de fiction fluide et captivant ? Dans Bébé Tigre, premier long métrage de Cyprien Vial, cela passe par un visage. Celui, souvent en gros plan, de Many, adolescent de 17 ans tiraillé entre deux pays (la France et l'Inde, où il est né), entre un monde légal (le collège, la famille d'accueil) et un autre, illicite : le travail au noir. Many est un « mineur isolé étranger ». Ou encore, comme chacun ne le sait pas, un enfant arrivé en France grâce à un passeur, sans ses parents. Lesquels, depuis l'Inde, attendent de lui, impatiemment et régulièrement, de l'argent.
Ce visage d'ado intrigue et fascine tant il exprime de fierté et de maîtrise, dans des situations inconfortables, ou bien pires. Pour satisfaire les exigences financières des siens, Many doit supplier son passeur de lui confier du travail sur des chantiers ou d'autres basses oeuvres encore moins de son âge. Par ailleurs, il réussit sa scolarité. Entretient une relation amoureuse. Fréquente, en région parisienne, la communauté sikhe de ses origines, qui inculque un courage martial aux garçons. Au prix de mensonges incessants, notamment à son éducateur et à sa famille d'accueil, il mène ses vies de front, avec détermination.
La sérénité apparente du garçon, la douceur du regard posé sur lui, sur sa copine et leurs camarades de classe par le réalisateur contrastent avec le sordide des faits relatés — le film s'appuie sur un long travail de documentation, commencé dans le collège de Pantin que l'on voit à l'écran. Quand le visage de Many va-t-il enfin refléter l'enfer qu'on lui fait vivre ? Un suspense se noue autour de sa relation avec son passeur, personnage ambivalent, voire séduisant, à la fois violent et protecteur, en même temps grand frère et substitut de père. Bébé Tigre devient alors un récit initiatique et, finalement, une réflexion morale et politique, montrant, en écho à son titre-avertissement, une violente sortie d'enfance. "
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