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Jake emménage avec ses parents dans une maison à Brooklyn. Avec son nouveau voisin, Tony, son rêve d'une vie plus légère, profonde, créative, prend forme...
Ses parents viennent d'hériter d'une maison à Brooklyn. Alors Jake découvre une nouvelle vie et se lie d'amitié avec son voisin Tony, le fils de la couturière latino qui tient boutique au rez-de-chaussée. Tous deux ont 13 ans et se rêvent déjà, un peu, en artistes. L'un acteur, l'autre dessinateur. Leur intimité devient vite profonde et euphorisante. Jusqu'au jour où la réalité des adultes interfère avec leurs aspirations adolescentes... Petit cousin new-yorkais du célèbre "Bonjour" d'Ozu, un film grave mais délicat où l'auteur de "Love is Strange" réussit à retranscrire les espoirs et désillusions de deux générations, parents et enfants rêvant ensemble d'un monde meilleur qui leur impose des sacrifices. Grand Prix du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2016.
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A la fin de Brooklyn Village, on aurait presque envie de remercier Ira Sachs, son réalisateur, figure encore discrète mais d&
A la fin de Brooklyn Village, on aurait presque envie de remercier Ira Sachs, son réalisateur, figure encore discrète mais déjà vénérable de la scène indépendante new-yorkaise, pour avoir tant pris soin de ses personnages, pour les avoir filmés comme s’il tenait avant tout à les protéger.
A l’heure où tant de films entérinent la violence qu’ils entendent dénoncer en maltraitant leurs protagonistes, Ira Sachs les enveloppe d’une gaze lumineuse, d’un regard bienveillant (mais toujours impartial), d’une qualité de présence, qui font d’eux beaucoup plus que de simples créatures de fiction : des êtres humains à part entière. Et cette humanité, flottant autour d’eux comme une impalpable phosphorescence, rejoint le mystère artistique de l’aura.
Qui sont-ils, ces êtres, sinon des citadins ordinaires, avec leurs problèmes de tous les jours ? Une famille new-yorkaise, les Jardine, quitte un Manhattan trop cher et trop étroit pour emménager un peu plus loin, à Brooklyn, dans une maison dont le père vient d’hériter. Le local commercial est occupé par la boutique de vêtements de Leonor, une couturière d’origine chilienne, qui élève seule son fils Tony. Ce dernier a le même âge (13 ans) que Jake, le rejeton des nouveaux arrivants, et les deux garçons deviennent vite inséparables. Mais le loyer de Leonor, issu d’un arrangement amical avec l’ancien propriétaire, est dérisoire pour ce quartier en pleine mutation. Les relations s’enveniment (...) Ce que le film décrit là, c’est le phénomène urbain désormais bien connu, dit de « gentrification » : l’appropriation de quartiers populaires par des classes plus aisées qui font monter le prix de l’immobilier.
Il aurait donc été facile d’opposer la pauvre couturière authentique aux vilains bobos gentrificateurs venus l’exproprier avec les meilleures raisons du monde. Ira Sachs fait heureusement tout le contraire : il ne laisse jamais son sujet prendre le pas sur ses personnages ni les instrumentaliser, mais accorde à chacun le temps, l’attention et l’indulgence nécessaires pour que nous puissions les comprendre, jusque dans leurs contradictions (les Jardine ne vivent que sur un seul salaire, le père étant un comédien de théâtre sans le sou).
Sa matière exclusivement humaine, avant d’être sociologique, confère au film une légèreté inaccoutumée, ainsi qu’une délicate touche pointilliste. De courtes scènes d’échanges entre les uns et les autres tissent une trame d’affects qui déterminent la seule progression du récit, sautant à cloche-pied sur le fil d’instants disséminés, ou comme en pointillé, pour composer ainsi une désarmante « carte du sensible ».
Sous le thème de la gentrification, s’en cache donc un second plus profond, et finalement plus important, qui n’est autre que l’amour, ou plus précisément la « philia », telle que l’entendaient les Grecs anciens : ce que l’amitié, le goût d’être ensemble, mais aussi l’hospitalité mutuelle, contiennent d’amour désintéressé. C’est précisément la nature de la relation qui lie Jake et Tony ; les deux garçons ne cessent de s’inviter l’un chez l’autre, jusqu’à excéder des parents qui, eux, ne parviennent pas à s’entendre.
Sachs observe attentivement toute la chimie secrète de leur affinité, cette belle adhésion de gestes et de paroles, notamment lors de grands élans de liberté où les amis filent dans les rues qui séparent leurs deux maisons, l’un en trottinette, l’autre en rollers. Une affinité qui ne se nourrit pas de similitudes, mais bien de différences : Jake, gracile et sensible, sujet aux moqueries de ses camarades de classe, est protégé par un Tony plus extraverti, plus viril.
La mise en scène d’Ira Sachs ne cesse d’ouvrir des fenêtres accueillantes sur ses personnages, comme autant d’abris. Ce qui l’intéresse, c’est la nature même du choix, qui remodèle nos existences à chaque instant (...)
on ne saurait dire si le titre original du film, Little Men, désigne en premier lieu les enfants, ces « petits hommes » en devenir façonnés par leurs expériences, ou des adultes décevants qui ne savent pas toujours se montrer à la hauteur de la situation. Sans doute s’agit-il des deux, et c’est encore plus beau.
Presque rien n'est dit. La suggestion règne. On dirait une de ces nouvelles sensibles et féroces qu'écrivait T
Presque rien n'est dit. La suggestion règne. On dirait une de ces nouvelles sensibles et féroces qu'écrivait Tchekhov : ce n'est évidemment pas un hasard si, sur une petite scène off Broadway, Brian joue La Mouette. Comme chez le médecin psychologue russe, une situation très simple — une intruse à éloigner — évolue, se tend, se raidit jusqu'à se rompre : lors d'une scène chuchotée, mais implacable, Leonor fait mesurer à Brian la distance qui l'a toujours séparé de son père...
Ira Sachs est un cinéaste ambitieux, indépendant, dont les drames passionnels (Keep the lights on) et les comédies douces-amères (Love is strange) peignent des êtres dénués de méchanceté, que le quotidien rend cruels, à leur corps défendant. Ses mises en scène reposent sur des détails : silences ébauchés ou regards défaits.
On sent chez lui un goût, touchant dans sa désuétude, pour un monde où l'autre compterait autant que soi. Où le souhait tacite d'un vieil homme serait aussi sacré qu'un contrat signé. Mais aujourd'hui, les perdants disparaissent comme s'ils n'avaient jamais existé. Et les vainqueurs, pas vraiment fiers, survivent tant bien que mal. Et tant pis si, dans cette lutte feutrée, les vrais perdants sont les ados du titre original — Little Men — qu'on savait proches, complices à jamais. Ils sont séparés, et alors ? Il n'y a pas mort d'homme. Pourquoi pleurer pour si peu ?
... cette histoire de bobos américains, humanistes, certes, mais qui ne peuvent renoncer à l’argent, si elle dit bien l
... cette histoire de bobos américains, humanistes, certes, mais qui ne peuvent renoncer à l’argent, si elle dit bien l’air du temps, est surtout vécue à travers les yeux de deux ados (...)
Par petites touches délicates, sans jamais asséner, partant du principe cher à Jean Renoir que « chacun a ses raisons », le scénario de Mauricio Zacharas et Ira Sachs est un bijou de délicatesse. La mise en scène épouse les corps et les visages, enregistre les frémissements et les doutes. Les deux gamins sont épatants et Greg Kinnear est parfait face à la grande actrice chilienne Paulina Garcia. À première vue il ne se passe rien, sinon deux enfants qui grandissent, le « bon droit » qui s’exerce, le métissage d’un quartier qui régresse, et la réalité de ce siècle qui vous frappe au visage. De plein fouet.
... Le titre original est Little Men. Mais on pourra se demander si ces "Petits hommes" sont les ados du film qui vont bient&ocir
... Le titre original est Little Men. Mais on pourra se demander si ces "Petits hommes" sont les ados du film qui vont bientôt devoir grandir sans discuter ou si ce sont leurs parents, adultes qui, devenus grands, découvrent qu'au fond ils sont restés des humains bien petits...
Car comment grandir (sans pleurer) ? Jake et Tony y parviennent, presque. Naturellement. Les larmes, elles nous appartiennent. Qui sait ce qui se passe entre les images d'un film ? Car derrière ce titre, Little Men, se glisse un écho faussement tranquille, où effleure le souvenir : celui du classique du roman pour ados américains Little Women (Les Quatre filles du Dr Marsh, un apprentissage au féminin), modernisé et au masculin. Echo de la discrétion désenchantée d'un Tchekhov (le père joue sur scène La Mouette et revisite, dans sa vie, La Cerisaie). Et l'on retrouve, sur une longue séquence, l'humour cinglant du Ozu de Bonjour, le film où l'on fait la révolution en silence, et en culottes courtes.
Brooklyn Village, lui, est un film chuchoté. L'argent qui manque; la mort qui n'efface pas le regret, la honte et le remord; la solitude jamais apprivoisée... Des petits riens, au fond. Pas besoin de crier. Silence. Parfois, les larmes sortent quand même, parce qu'il faut pouvoir expulser les mots qui expliquent le chagrin. Alors Jake explose, puis s'excuse. Le chagrin pourrait se retourner en joie : par le jeu. Jouer comme acteur. Jouer à dessiner. Comme le rêvent encore Jake et Tony. Parce qu'ils ont encore 13 ans ?
Parce qu'on peut aussi se jouer d'un film. Dont acte. A la fin de Brooklyn Village, qui n'en est pas vraiment une, il n'est pas impossible d'avoir le coeur serré par son réalisme calme. Fugitif instant. L'amour est passé. Comme la vie, trop vite. La seule nostalgie qui pourrait en rester, c'est le souvenir de son intensité.
Personne n'est méchant, tout le monde essaie d'être juste, mais l'argent, lui, s'invite partout sans se soucier
Personne n'est méchant, tout le monde essaie d'être juste, mais l'argent, lui, s'invite partout sans se soucier des sentiments. Jake et Tony voudraient bien résoudre les choses. Punir les adultes d'être si raisonnables. Trouver le moyen de ne pas abîmer leur amitié. Mais "Brooklyn village" est un film sur la perte de l'innocence et la cruauté du récit vient de cette douceur qui sans bruits, dicte sa loi.
Sophie AvonAprès les deux vieux amants de Love Is Strange, le nouveau film d'Ira Sachs part à la conquête d'enfants en ple
Après les deux vieux amants de Love Is Strange, le nouveau film d'Ira Sachs part à la conquête d'enfants en pleine croissance, pris entre la spontanéité propre à leur âge et le modèle que représentent leurs parents. Le cinéaste confirme le sens d'une délicatesse à l'épreuve de conflits douloureux.
Le conflit qui va opposer les parents de Jake et Tony transparaît assez vite. Chacune des deux familles, parce qu'elle se trouve heurtée à une difficulté de résolution interne, ne peut se réconcilier avec l'autre. Les premiers instants du film, décrivant çà et là le quotidien d'en bas et d'en haut de la maisonnée, construit d'abord l'opposition sur les différences de classes sociales (...) Little Men se découvre, plutôt qu'analyse du fossé social en temps de crise, portrait de ce malheureux hasard qui fait entrer en collision deux cercles familiaux au mauvais moment.
La parade de ce scénario a de quoi rappeler la grâce japonaise. Tel un Ohayo des quartiers new-yorkais, les jeux de ressemblance et dissemblance entre les deux familles rappellent ces parallélisme établis entre les voisinages d'un Ozu. d'un bout à l'autre du même bâtiment, on se critique les lèvres pincées, on lance des petits regard, on s'évite soigneusement parmi des espaces pourtant partagés. Par sa composition elliptique, en petites touches, et par la puissance retenue des comédiens, le film montre bien cet empoisonnement progressif qui n'empêche pas de vivre, mais qui sépare les êtres. La réplique des deux enfants, formidable résistance rejetant ces normes adultes, a de quoi rappeler (...) Ohayo.
Autre que celle d'Ozu, la parenté de Little Men se niche aussi dans ce qu'elle rappelle du tout aussi délicat cinéma de Patrick Wang. Plus précisément, la comparaison tient lieu au similaire parallélisme des scènes : Brian qui va tenter de discuter avec son fils Jake dans sa chambre ressemble en tous points à l'échange entre John et sa fille Biscuit dans les Secrets des autres. De même, une mère pleure en secret derrière la porte d'un enfant, prostrée dans une silencieuse écoute de confessions (In The Family). Ces deux cinéastes préfèrent, plutôt que les cris, les pleurs ou les lamentations, les discrets signes de tension nichés dans un quotidien équilibré. L'un comme l'autre ne font pas de ces signes des manifestations néfastes, ou insolubles, mais bel et bien des éléments complémentaires au portrait de famille, ce qui donne à ces cinémas un sens remarquable de la justesse et de la profondeur psychologique.
Ce qui existe cependant plus chez Ira Sachs plutôt que Wang, c'est le rapport au rythme musical pour construire l'évolution de son microcosme. Interludes similaires à ceux de Chopin dans Love Is Strange, les échappées de Jake et Tony dans la ville, plutôt que d'interrompre le conflit, deviennent vite le liant entre les différents temps du problème (...)
... en filigrane de ce conflit d'adultes, de ce contraste social, dessiné sans heurter, une autre histoire se glisse, celle d'une croissance en train de s'éprouver sous nos yeux. Ira Sachs s'attache surtout à la progressive libération du corps de Jake (Theo Taplitz), enfant réservé (...) aux côtés de Tony (Michael Barbieri), son ami bien plus exubérant et magnétique. Pourtant, le contraste évident de caractères ne se transforme pas en conflit, mais bien plus en amitié. L'un n'ira jamais reprocher à l'autre sa différence de comportement au cours des situations. Le duo respectueux, forgée au cours des ballades, des expériences de théâtre ou de boîte, puis au travers du conflit parental, devient une véritable leçon pour les parents. Si Tony et Jake empruntent des comportements adultes, ils les réadaptent chacun à leur manière - ce qui n'empêche cependant pas la souffrance et la distance de s'installer, irrémédiablement.
Ira Sachs tient là une très belle image de la croissance (...) Le rapport au corps qui grandit, à l'esprit qui se construit, est approché avec une délicatesse infinie, et très bouleversante se révèle, sur la fin du film, cette soudaine explosion de colère de Jake, little man qui franchit le premier pas en s'exprimant.
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