
Luis Buñuel, plus farceur que provocateur
VIDEO | 2011, 3' | Le critique de cinéma Charles Tesson esquisse les nombreux axes de lecture possibles d'une oeuv1
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"La Femme et le pantin" version Buñuel. Séduction, violence et force... du désir et de l'imaginaire. Buñuel clôt sa filmographie en apothéose (sarcastique).
Au cours d'un voyage en train, Mathieu Faber raconte à ses voisins de compartiment ses amours avec Conchita Perez, sa femme de chambre qu'il na cessé de vouloir la posséder. Et tandis qu'elle se refusait à lui, elle se donnait à tous les autres. Soit "La Femme et le pantin" version Buñuel : séduction, violence et force... du désir et de l'imaginaire, surtout. Buñuel clôt sa filmographie en apothéose (sarcastique), faisant jouer à deux actrices différentes le même rôle, simultanément !
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" Luis, malgré ses 77 ans, est encore un affreux jojo. Relancé, de film d’adieu en film d’adieu, par son producteur-fétiche Serge Silberma
" Luis, malgré ses 77 ans, est encore un affreux jojo. Relancé, de film d’adieu en film d’adieu, par son producteur-fétiche Serge Silberman, il continue de déverser sur notre esprit de sérieux les seaux d’eau intarissables de la mystification (...)
Buñuel déploie toutes les figures du mélo passionnel. Mais ce virtuose de l'anaphrase a tôt fait de le détourner : par les rebonds désinvoltes d’un récit où règne le hasard surréaliste, cet obscur allié du désir. Chaque fois que Mathieu tente d’échapper à Conchita, il retombe sur elle.
Buñuel escamote, sous couleur de l’adopter, un des stéréotypes du malheur romanesque : le saccage d'un sentiment vrai par la fourberie de " l'éternel féminin ". Pas si simple (...) Buñuel le contestataire renvoie au même code social dérisoire les masques de l'autorité et les simagrées de la vertu.
Dénonciation, à l'évidence, plus feutrée que d’habitude. La violence subversive de Bunuel ne pénètre que furtivement le thème essentiel du film : à combien l’amour revient aux vieillards. Ce thème, Buñuel l’avait déjà exploité dans Tristana. Il nous en offre ici la variation (...)
Il manque peut-être à ce Buñuel-là la vigueur iconoclaste de L'âge d’or, les gifles suffocantes de Viridiana, les pirouettes débridées du Fantôme de la liberté. Le rat sur le tapis et la mouche dans le verre nous font encore les clins d’œil de l’humour à rebrousse-poil. Mais Buñuel vogue aujourd'hui à une autre altitude. "
Plus que jamais, l’humour apparaît comme l’instrument de démystification favori de Bunuel. Dans Cet obscur objet du désir, film admirable,
Plus que jamais, l’humour apparaît comme l’instrument de démystification favori de Bunuel. Dans Cet obscur objet du désir, film admirable, faut-il le dire, et qui devrait réconcilier les hérétiques qui ont été fâchés de l’excès de simplicité, d’évidence et de limpidité du Fantôme de la liberté au point d’y déceler les signes d’un essoufflement fatal, il n’y a rien qui soit obscur à force de clarté aveuglante, rien, surtout, qui soit symbolique de quoi que ce soit L’image surréaliste, dont Bunuel se réclame toujours, ne prend pas valeur de symbole. Elle est, à la limite, platement descriptive.
S’il faut montrer que Fernando Rey, dont les épaules, vont bientôt se voûter, peine à traîner partout le fardeau de son désir de jeune homme et que le jour est proche où il n’aura plus la force d’en assumer l’absurdité, il le montre encombré d’un sac propre à transporter des patates et dont le contenu nous est fort peu symboliquement révélé au cours de la dernière séquence.
S'il faut montrer que l’objet de ce désir n’est pas la recherche de la compréhension la plus intime d’un être humain ni celle d’une union harmonieuse où des rapports d’échange puissent s’établir dans l’estime réciproque et la reconnaissance de l’individualité de l’autre, il fait jouer le rôle de 1’« objet », Concha Perez, par deux comédiennes qui ne se ressemblent absolument pas et qu’on finit par confondre. Idée de cinéma géniale, venue par hasard, dit-on, et qui dit on ne peut mieux que l’objet du désir n’existe pas, qu’il n’existe que chez l’homme désirant, entité forgée d’obsessions culturelles et de tabous, qu’on entend violer tout en redoutant qu’ils puissent être abolis. Celui de la virginité étant prédominant, on s’en doute. [...]
En vérité, Cet obscur objet du désir peut, tout comme le Charme discret ou le Fantôme, se lire comme on lisait l’Age d’or. La vierge y est protégée par les poignards mêmes dont on la menace et la terreur véritable y est celle que font régner les serviteurs de Dieu.
" Il n’y a jamais très loin de la prime enfance à l'hiver de l’âge. Juste le chemin qui va de l’innocence ignorante à l’innocence qui sait.
" Il n’y a jamais très loin de la prime enfance à l'hiver de l’âge. Juste le chemin qui va de l’innocence ignorante à l’innocence qui sait. C’est là, quelque part dans cet obscur corridor, que se déroule, hors des lois, le tout dernier Buñuel. Sous le signe de l’amour fou et du hasard. Un coup de dé, jamais, n’abolira le hasard ? Qu’à cela ne tienne: un seau d’eau l’érigera en maître absolu. Un seau d’eau froide. C’est lui qui déclenche toute l’histoire, rinçant d’un coup de vitriol surréaliste et gai la Femme et le Pantin du pauvre Pierre Louys, dont Buñuel feint de s’être inspiré (...)
Ces variations ne seraient qu’amusantes sans cette liberté de récit qu’on ne trouve que chez Buñuel. Une seule logique : celle du hasard, nous l’avons dit (...)
Logique de l’absurde et logique de l’irrespect : chez Buñuel, la fantaisie du hasard en liberté n’exclut jamais la polémique. Ses bêtes noires sont toujours aussi vivantes, le chargeur de sa caméra toujours garni de belles balles qui ne ratent personne (...)
Cette virulence polémique tous azimuts, cette iconoclastie drolatique qui n’épargnent pas plus l’autorité que la vertu se paient également le luxe d’unir les contraires, en confiant à chacun des personnages la tâche de véhiculer un double discours : à la fois réactionnaire et révolutionnaire (...)
S’il est vrai que le créateur est l’égal de Dieu, Luis Buñuel, à la fois Bon Dieu et Bon Diable, a orchestré, une fois de plus, les coïncidences et le hasard en démiurge de génie, il a multiplié les clefs, mais qui dit qu’elles ne sont pas faussés? "
" A soixante-dix-sept ans, Luis Buñuel nous offre un film-fable, qui a la somptueuse évidence des plus grandes oeuvres de Ford, Hawks ou Re
" A soixante-dix-sept ans, Luis Buñuel nous offre un film-fable, qui a la somptueuse évidence des plus grandes oeuvres de Ford, Hawks ou Renoir, au soir de leur vie. Le film d'un vieux sage qui se méfie des trucs, des trompe-l'oeil, de l'originalité gratuite (...)
L'intérêt ne faiblit jamais. Nous sommes fascinés par la simplicité de la mise en scène. Jamais un plan de trop. Un montage génial... et invisible. C'est le comble de l'art, comme dans une comédie de Molière. Et, comme chez Molière, sous leur apparente simplicité, les personages prêtent à mille interprétations contradictoires (...)
Tout est double dans cet apologue (...) Et pourtant, pas une seconde, nous ne sommes choqués par ces changements de vue. Cela coule limpide (...)
Et, une fois de plus, on est ébloui par " la part de Dieu ", comme disait Jean Cocteau, cette part laissée au hasard qui fait les grandes oeuvres (...)
Toujous Buñuel brouille les pistes, glisse un élément qui contredit toute thèse. C'est qu'il ne veut pas que nous voyions ses films avec notre cerveau. Peut-être préfèrerait-il une lecture psychanalytique. Il souhaite, en tout cas, que nous nous laissions emporter par le rêve, par la magie de ces images qu'il a d'abord révées, Buñuel n'est pas un philosophe mais un poète visionnaire (...)
Ah! Comment peut-on nous faire sourire - et même rire - avec une vision du monde à ce point désespérée? C'est le secret de Buñuel. "
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