
Whit Stillman : Le Charme discret de la comédie
L'auteur de Damsels in Distress nous immerge, avec Metropolitan, dans la U.H.B (pour Urban Haute Bourgeoisie1
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Un ambassadeur, des trafiquants, des couples bourgeois... Tous réunis autour d'un dîner qui tourne au délire surréaliste. Oscar du meilleur film étranger.
L'ambassadeur de Miranda, un état d'Amérique du Sud, se livre au trafic de drogue avec, pour complices et amis, un groupe de bourgeois français. Mais chaque fois qu'ils veulent se rencontrer pour dîner, une circonstance imprévue vient contrecarrer leur projet. Dans cette quête d'un repas plantureux, la réalité et les rêves de chacun des convives se mêlent jusqu'à la dérision la plus totale. Un chef-d'oeuvre signé de l'auteur de "Los Olvidados", "Viridiana" et "Belle de jour", qui remporta en 1973, à Hollywood, l'Oscar du meilleur film étranger.
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"... la plate réalité que Bunuel a prise pour sujet (...) est cassée sans cesse par l'intrusion de cette dimension chère aux surréalistes,
"... la plate réalité que Bunuel a prise pour sujet (...) est cassée sans cesse par l'intrusion de cette dimension chère aux surréalistes, le rêve, au moyen duquel chacun révèle ses angoisses et, à travers elles, sa vérité profonde. Peur de ne pas être à sa place et de ne pas savoir son rôle (Cassel), peur du scandale qui fait éclater le vernis protecteur des convenances (Frankeur), peur des ennuis, administratifs mettant en cause l'autorité de sa fonction (le commissaire), peur de la violence physique qui réduit à rien son rang (l'ambassadeur). De la futilité des apparences mondaines à la remise en question du jeu social et au scandale de la mort (...) c'est toute la tragique dérision de la condition humaine que Bunuel révèle ainsi, sans avoir l'air d'y toucher (...)
Bunuel est donc trop modeste lorsqu'il divise son oeuvre en courants différents : surréaliste, réaliste (Tristana), théologique (La Voie lactée) : alors qu'il est justement évident que chacun de ses films est gros de tous ces courants, et que l'importance du cinéma de Bunuel comme de celui de Bergman tient dans l'impossibilité qu'il y a à le réduire à une dimension, à un problème, à une étiquette aussi bien qu'à une idéologie (...) Bunuel finit de couper l'herbe sous la plume des idéologues par la confusion qu'il pratique entre le réel, l'irréel et le surréel - la force de cette confusion évidemment feinte résidant dans la rigueur d'une construction à tiroirs dont la perfection évoque ce chef-d'oeuvre du genre : Le Manuscrit trouvé à Saragosse. Et l'on pourrait appliquer au(x) film(s) de Bunuel cette paraphrase du mot de Breton : le plus admirable dans le surréel, c'est que le surréel n'existe pas : tout est réel (...)
Il y a quelques années déjà que Bunuel a reconnu que "l'usage du scandale, s'il fut utile dans le passé, est maintenant une action négative", L'Age d'or étant désormais "une oeuvre tranquille et applaudie". Et il y a longtemps qu'il sait, comme tous les grands créateurs, que l'on ne fait pas la révolution par le cinéma, pas plus que par aucun autre art d'ailleurs.
Le génie de Bunuel, c'est de faire déboucher cette lucidité non sur un scepticisme stérile, sur un quelconque reniement ou sur le moindre renoncement, mais, à travers, ces chefs-d'oeuvre de la maturité que sont Belle de jour, Tristana, Le Charme discret..., sur la miraculeuse alliance de la vigueur, de la santé juvéniile et du serein équilibre de l'expérience acquise..."
" ... Restent les rêves, échappée magistrale. Tous les crimes, toutes les expiations de nos "héros" s'y croisent comme larrons en foire. Il
" ... Restent les rêves, échappée magistrale. Tous les crimes, toutes les expiations de nos "héros" s'y croisent comme larrons en foire. Ils s'y font justice eux-mêmes, giflent, révolvérisent, dénoncent ou empoisonnent leurs ennemis, s'y font foudroyer à leur tour (...) Bunuel dévide ces mondes parallèles (...) dispose les méandres et les labyrinthes chers à Lewis, à Mendoza, à Poticki (nb : Bunuel admire particulièrement Le Manuscrit trouvé à Saragosse). C'est dans leur trame que s'inscrit toute la subversion de son pamphlet : les militaires fument de la marijuana, les prêtres fusillent les mourants (scène coupée en Espagne), les diplomates font le coup de feu devant les buffets froids (scène très mexicaine) et les fantômes poussent au crime les petits enfants.
Notons que ces rêves, ils se les envoient subconsciemment pour s'affranchir de leurs interdits intimes les plus tenaces. Ils sont la valve de sécurité de quiconque passe son existence à mettre les petits plats dans les grands. Ce film éminemment nutritif nous démontre comment alimenter ses rêves..."
Ciné Phil au sujet de
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