Epouse modèle, Séverine devient pourtant la favorite du bordel chic de Mme Anaïs. A moins que ce ne soit un fantasme. Celui de Séverine ou du spectateur ?
Epouse très réservée de Pierre, Séverine est en proie à des fantasmes masochistes révélant son insatisfaction sexuelle. Poussée par la curiosité, Séverine se rend discrètement dans une maison de rendez-vous et devient bientôt, à l'insu de Pierre, "Belle de Jour", la troisième pensionnaire de Mme Anaïs. Elle semble trouver son équilibre en assouvissant les désirs de ses clients mais l'aventure tourne mal quand Marcel, voyou habitué de la maison, s'éprend de Séverine... L'un des plus grands rôles de Catherine Deneuve, icône avec laquelle Buñuel s'amuse à dénuder, avant tout, les fantasmes des spectateurs. "Belle de jour" remporta le Lion d'or au Festival de Venise 1967.
" Je ne suis pas bégueule, et n’ai aucun goût pour le pharisaïsme emmerdé. Mais je n’aime pas beaucoup qu'on veuille me faire prendre des vessies pour des lanternes, une lanterne (même virtuelle) de bordel pour l’étoile polaire, et Luis Buñuel pour la lumière du siècle cinématographique (...)
S’il est vrai que de Los Olvidados à Viridiana, à travers tout son attirail de phantasmes, de fétichisme, d’obsession sexuelle, de sacrilège, de sadisme et de viols, Luis Buñuel a été l’auteur de quelques-unes des plus belles images du cinéma, il y a belle lurette que tous les trucs et procédés de ce vieux " provo " ne masquent plus la gratuité et le décousu arythmique de ses films. De ce point de vue, Belle de jour est un véritable morceau d’anthologie, tiré d'un roman alimentaire et de jeunesse de Joseph Kessel, le scénario érotico - bouffon vaut son pesant de cantharide (...)
Nous voyons Catherine Deneuve rôtir le balai sans grande conviction dans le costume de l’Olympia de Manet. Avec, par-ci, par-là, un petit coup de surréalisme élémentaire. C’est retors, raccrocheur et faussement documentaire. Dans cette histoire de bocard, la vraie catin, c’est Bunuel ! "
M. Fabzor, 08/06/1967
Le Nouvel Observateur
"Belle de jour est un chef-d'oeuvre (...). A voir et revoir sans cesse."
" On ne peut pas dire que le roman de Kessel soit un joyau de la littérature : ce mélo mondain entaché de psychanalyse primaire porte très mal ses trente ans et l'on pouvait craindre le pire. Merveilleux et grand Buñuel, lui seul pouvait nous faire croire à cette Belle de jour, lui seul et l'étrange Catherine Deneuve.
Tout d'abord, avec l'aide efficace de Jean-Claude Carrière, il a évité le piège du respect de l'époque 1920, c'eût été un alibi facile et de quoi faire passer le corrosif sous les voilettes. Le fait que toute la critique bien pensante lui reproche 1967, avec les mini-jupes et le milieu bourgeois actuel, tend à prouver combien il a eu raison. Tout comme il a eu raison de "meubler" le personnage de Séverine, de donner de brefs coups d'oeil sur ce qu'elle fut tant elle est vide dans le roman. Sans l'expliquer, Buñuel ne donne qu'à voir, il la situe, la rend humaine sinon vraie parce que nous ne pouvons pleinement la comprendre, à côté d'un époux étonnament falot, refoulé lui aussi, que joue, magnifique de sobriété et de veulerie douce, Jean Sorel.
Enfin, Buñuel feutre sa violence : (...) des salons bourgeois (...) Buñuel nous en donne un portrait qui est constamment, cruellement vrai : voir les séquences de sport d'hiver. Alors commence le carrousel des obsessions dominées : on a rarement peint avec plus d'habilité les rapports entre un mari tiède et une épouse frigide (...)
On retrouvera aussi le goût un brin drôlet de Luis Buñuel pour les délires (...) un flm qui fait passer, tout au long de la projection, un souffle glacé de malaise et d'érotisme subtil."
Guy Allombert
Positif
" ... Il s'exprime avec le naturel des tortues géantes de Galapagos qui ne tiennent plus à bouleverser le monde, parce qu'elles le portent s...
" ... Il s'exprime avec le naturel des tortues géantes de Galapagos qui ne tiennent plus à bouleverser le monde, parce qu'elles le portent sur leur dos. Buñuel, chaque année, fait ses adieux au cinéma, se déclare las et épuisé, aspire au repos. Cette fois-ci, il a cru davantage à l'ultime parcours, et c'est pourquoi, exceptionnellement, il s'est laissé deux fois filmer dans Belle de jour : à la cascade du Bois de Boulogne, buvant délicatement une tasse d thé (comme Keaton dans le Railroader), puis aux Champs-Elysées, face au Biarritz, marchant vers nous de toute sa calme stature, comme un cargo modeste mais bien armé. Merci de cette aubaine, Luis Buñuel, et ce plaisir passé, vite au travail ! On n'est pas prêt, on ne sera jamais prêt à se passer de vous..."
Robert Benayoun
Avis
Ciné Phil
au sujet de
Belle de jour
Une adaptation surréaliste du roman de Joseph Kessel mettant l'accent sur l'importance des rêves et fantasmes de l'héroïne, portrait sarcastique d'une...
Une adaptation surréaliste du roman de Joseph Kessel mettant l'accent sur l'importance des rêves et fantasmes de l'héroïne, portrait sarcastique d'une perversion dont les pulsions changent le rapport au réel et aux sentiments. Sous le masque juvénile, innocent et diaphane de Catherine Deneuve se cache un désir obscur où le sentiment amoureux ne suit plus les mêmes règles - et n'a plus rien du confort bourgeois.
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Une adaptation surréaliste du roman de Joseph Kessel mettant l'accent sur l'importance des rêves et fantasmes de l'héroïne, portrait sarcastique d'une...
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