Catherine Wihtol de Wenden : "La Méditerranée est un cimetière..."
VIDEO | 2016, 25' | Directrice de recherche au CNRS, politologue et militante pour le droit à l'immigration, Cathe1
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En route vers l’Europe, Hope rencontre Léonard. Dans un monde hostile où chacun doit rester avec les siens, ils vont tenter d’avancer ensemble, et de s’aimer.
Léonard fuit le Cameroun, Hope le Nigéria. Rapprochés par le hasard après avoir traversé le Sahara, ils se retrouvent tous deux confrontés à l’injustice, au racisme, et à la violence une fois arrivés au Maroc. D’abord méfiants, ils vont apprendre à se connaître, puis à s’aimer, et essaieront de traverser ensemble les nombreuses épreuves que réserve le voyage entre le sud du Maroc et l’Europe.
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" Venue du Nigeria, elle traverse le désert, marche vers Tamanrasset, vers l’Europe. Comme des milliers d’autres. Au nombre desquels ce grou
" Venue du Nigeria, elle traverse le désert, marche vers Tamanrasset, vers l’Europe. Comme des milliers d’autres. Au nombre desquels ce groupe de Camerounais dont Léonard fait partie. Léonard qui repère la jeune femme sous ses vêtements d’homme et la désigne à ses compagnons. Sans tarder, elle est violée, et abandonnée. Seul Léonard peut la protéger, il se sent vaguement coupable, il ne se résigne pas à la chasser. Voilà, leurs destins sont liés désormais, pour le pire probablement, car le meilleur pour eux n’existe pas.
La jeune femme se prénomme Hope, elle donne son nom au film, qui ne laisse guère de place à l’espoir. Les migrants qui ont tant marché aperçoivent les côtes de l’Espagne, de l’Europe. Seule une barrière les sépare, qu’ils doivent franchir. Elle culmine à sept mètres du sol. Sept mètres à escalader, sans jamais regarder vers le haut, surtout. D’autres choisiront de passer par la mer, c’est tout aussi risqué, mais avant cela il faut survivre.
Les Nigérians règnent sur un business, les Congolais sur un autre. Hope est jeune et jolie. Léonard l’épouse, sinon elle ne serait pas autorisée à rester avec eux, et, sans attendre, la loue au plus offrant. La voici prostituée, monnaie d’échange pour un faux passeport, un peu de nourriture, une protection.
Boris Lojkine vient du documentaire, ses interprètes, la belle Endurance Newton et Justin Wang en tête, sont tous des migrants, qui incarnent à l’écran ceux qu’ils sont dans la vie. C’était là une des conditions nécessaires à la réussite de cette entreprise à haut risque, qui elle-même exigeait de la part de ses promoteurs une part d’inconscience : des migrants qui meurent en mer ou dans le désert, il est question surtout quand un grand nombre périt, et puis très vite on passe à autre chose, personne n’a envie d’entendre parler d’eux.
Hope les donne à voir, montre la violence qui règne entre eux. La plupart du temps, ils sont pris dans une nuit épaisse, que le cinéma éclaire assez pour qu’à l’écran on les distingue. Ce sont des ombres, des fantômes que le film rend à leur humanité.
Le corps de Hope est le seul bien dont dispose Léonard. Lorsque la jeune femme se découvre enceinte, l’enfant qu’elle porte devient monnaie d’échange, son passeport pour l’Europe. Pourtant, il est question d’amour. D’un amour qui ne dit jamais son nom et à aucun moment ne ressemble à ce que communément le mot désigne. C’est en cela également que Hope est un film beau et fort. "
" Première fiction de Boris Lojkine (Les Âmes errantes), Hope n’est pas le premier film français à aborder le thème de l’immigration comme u
" Première fiction de Boris Lojkine (Les Âmes errantes), Hope n’est pas le premier film français à aborder le thème de l’immigration comme un récit d’aventures aux accents romanesques, dans un souci de tenir à distance le naturalisme qui pollue trop souvent le regard sur l’étranger acteur de ce phénomène médiatisé qu’est l’immigration. Citons pour exemples antérieurs La Pirogue de Moussa Touré, ou encore le court métrage Parmi nous de Clément Cogitore. Le naturalisme même, d’une manière générale, semble être la dernière vieille lune à abattre dans le « jeune » cinéma français récent, comme certaines comédies et drames ont fait mine de s’y employer avec plus ou moins de conviction, n’évitant qu’inégalement le piège du vernis et de la posture appliqués sur le refoulé (la question s’est encore posée récemment concernant le dernier film de Céline Sciamma Bande de filles).
Le récit d’aventures de Hope, lui, convainc parce qu’il établit très vite que sa matière première, l’immigration, n’est qu’un contexte sur lequel raconter son histoire. Cela tient au regard porté sur l’environnement et les personnages, sur les antagonismes de langues et de peuples, foisonnement qui jamais ne devient prétexte à un discours social ni à une démonstration de ressources narratives – qualité même pas entachée par les quelques accents volontaristes de l’imaginaire qu’il recherche (seconds rôles pas loin du pittoresque, solennité mystique de certaines scènes).
Ce sont surtout les deux personnages principaux qui parviennent à se rendre attachants, non par des caractéristiques affirmées et bien écrites, mais au contraire par leur façon d’échapper au jugement que leurs actes pourraient induire, tant ces actes doivent régulièrement s’adapter aux circonstances. D’où deux comportements fort peu monolithiques n’ayant pas peur du paradoxe, où les choix à l’urgence répétée dessinent l’absence de dirigisme de leur écriture, qui les empreint d’une réelle idée de liberté constamment mise à l’épreuve : liberté de disposer de son corps, de le protéger ou de l’offrir ; liberté de rejoindre ceux de son groupe (ethnie, sexe) ou de s’en défier ; de rester en couple ou de se séparer. Ainsi Hope n’est-il pas un film sur l’immigration (même si d’aucuns, comme Amnesty International, persisteront à le vendre comme tel, bêtement, sur son contexte), mais un récit de survie, d’adaptation et d’assomption de ses choix, défiant le regard discriminant de l’autre (des personnages ou du spectateur) et définissant une humanité échappant aux définitions faciles. Il ne donne aucune leçon, mais d’autres films pourraient y en prendre une. "
" Hope — espoir, en anglais —, c'est le prénom de cette fille dont on ne saura pas grand-chose, sinon qu'elle fuit son pays, le Nigeria. Et
" Hope — espoir, en anglais —, c'est le prénom de cette fille dont on ne saura pas grand-chose, sinon qu'elle fuit son pays, le Nigeria. Et qu'elle s'accroche en chemin à Leonard, un Camerounais, compagnon de hasard et de calvaire. D'abord méfiant et embarrassé, le jeune homme tombe peu à peu amoureux. Ce couple de migrants, d'amants naufragés, le réalisateur Boris Lojkine le suivra jusqu'aux portes de l'Europe, cette « terre promise », ce mirage pour lequel on accepte de tout endurer, le viol et la prostitution, la faim, l'épuisement et la peur. Du désert aux côtes marocaines, leur odyssée dresse la carte d'un monde radicalement hostile, balisé par des ghettos mafieux, peuplés de passeurs sans scrupules, de petits parrains quasi esclavagistes et autres loups engendrés par la misère humaine... L'histoire est aussi dure, aussi tragique que ses héros sont attachants, magnifiés par leurs interprètes sensibles, Justin Wang et Endurance Newton. Le temps de mordre dans quelques oranges volées, ou de partager des caresses au creux d'une prairie, ils nous offrent une lumière vacillante mais têtue, une petite flamme dans les ténèbres. "
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