" La caméra s’immerge dans la rue pour saisir les situations, les ressentis et, au fil des rencontres, montre les visages humains de la crise grecque sans cliché, sans a priori ni figures convenues de la révolte. La parole est donnée à ceux et celles qui le plus souvent sont tenues au silence, à l’oubli. C’est pourtant ceux et celles qui vivent la crise de plein fouet, qui résistent malgré tout et analysent une situation économique complexe pour revenir sur les prémices et les causes de la crise.
La crise et l’austérité imposée les États européens, les banques… (...) Le ras-le-bol de la population est tangible, confronté depuis des années aux malversations des politiques et à la corruption de décisionnaires, au prétexte d’intérêts financiers.
Beaucoup le disent : « le peuple grec n’est pas responsable de la crise, il la subit » et à quel prix : baisse drastique des salaires, abandon des services publics, augmentation du chômage qui, de 8,5 % en 2009, passe à 21,7 % en 2011. Les suicides pour cause économique ont plus que doublé et, dans chaque famille, il y a au moins une personne au chômage. C’est « une situation de guerre » !
Khaos... nous plonge littéralement dans la réalité de la crise au quotidien : une femme menace de se jeter du troisième étage, les magasins ferment, un homme occupe son entreprise, une professeure de dessin organise des repas pour ses élèves, une autre explique que son salaire ne lui permet plus de vivre décemment, un passant apostrophe une équipe de la télé, les rappeurs chantent les problèmes de la population et dénoncent les coupables, les taggeurs dessinent des pamphlets politiques pour éveiller les consciences, des anarchistes parlent d’autogestion et organisent des soupes populaires, les gens se regardent, s’écoutent aussi, communiquent enfin. L’idée d’une solidarité entre les personnes semble germer ici et là… La paupérisation touche tout les monde, les classes sociales dans leur ensemble.
« Toutes ces situations aboutissent à une très belle ouverture, mais c’est une ouverture vers le chaos », dit Panagiotis Grigoriou, historien et anthropologue de la contestation devenu blogueur critique
. Il est en quelque sorte le passeur du voyage au cœur de la crise grecque, le passeur et le coryphée qui ouvre à la cinéaste des voies aux rencontres, sans jamais cependant s’immiscer dans l’expression de l’autre, dans les témoignages du mal-vivre et de l’injustice. Témoignages qui reflètent tous l’absence officielle d’alternative à la crise et posent une question essentielle : faut-il passer par le chaos pour initier une autre proposition de société ?"
Christiane Passevant
Très bon film qui rend compte de la situation de la Grèce et de la précarité et de l'engagement des grecs qui est un exemple à suivre en Europe et notamment...
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