Grant et Kerry ne savent pas qu'un couple d'oiseaux fornicateurs s'est écrasé sur leur antenne parabolique, envoyant d'étranges radiations qui ont ricoché sur la partie inférieure du cerveau de Grant qui regardait la télé. Un lobe apparaît sur sa nuque, qui lui donne ce pouvoir de transformer ses désirs en réalité. Mais il s’avère que c’est le début de ses problèmes, et non la fin...
" Parlons dessin animé. Du meilleur, celui où pleuvent les enclumes, où l'on marche dix secondes dans le vide avant d'envisager la chute, où le chat poursuit la souris à une telle vitesse qu'ils sont partout à la fois dans la maison, bref celui où tout est permis : délire imaginatif et cruauté sadique. On a vu ça chez Hanna-Barbera (Tom & Jerry), Chuck Jones (Bip-bip et le Coyote), et bien sûr chez le dynamiteur Tex Avery. Il fut même un temps où l'on trouvait chez Disney cette fantaisie endiablée. La part du diable paraît s'être concentrée en un seul homme, le dénommé Plympton. Soyons clair : ce film ne réjouira pas « tout public ». Son quota de sexe et de violence ferait rougir l'autre Bill. Ici, pas de gentils lapins, mais un jeune couple américain moyen, dont l'élément mâle se retrouve un beau jour affligé d'un furoncle à la nuque qui lui confère des pouvoirs très spéciaux. Tout peut alors arriver, et tout arrive donc, puisqu'on est bien dans l'univers du cartoon le plus échevelé. L'esprit et le graphisme portent les stigmates de Mad (magazine satirique qui influença jadis et Pilote et Charlie Hebdo). Mais surtout domine l'obsession de Bill Plympton pour le corps et le visage malaxés, triturés, explorés, retournés avec une jubilation très pince-sans-rire. Elégamment, l'artiste laisse ce luxe (le rire) au spectateur. On devrait plutôt dire artisan qu'artiste : intégralement fait main, le film laisse voir et revendique un débraillé joyeusement bricolo. Avec quelques « trous », qui entraînent de furtives baisses de rythme. Mais tel qu'il est, avec sa tondeuse à gazon folle, ses chars d'assaut copulateurs, la terrible belle-famille du héros et ses effets spéciaux qui, transposés « en vrai », donneraient des scènes d'horreur pure, on salue L'Impitoyable Lune de miel ! comme le furoncle (d'Amérique) dont la figure trop lisse du cinéma d'animation avait le plus grand besoin. Votez Plympton !"
François Gorin
Les Inrockuptibles
" L’Impitoyable lune de miel ! est son premier film distribué en France et révèle Plympton comme un nouveau maillon dans la grande chaîne de...
" L’Impitoyable lune de miel ! est son premier film distribué en France et révèle Plympton comme un nouveau maillon dans la grande chaîne des dessinateurs américains pratiquant la subversion par l’humour (ou le contraire), un cousin des Robert Crumb, Matt Groening ou autre Tex Avery. L’Impitoyable lune de miel ! raconte les aventures surréelles d’un couple dont le mari est doté de pouvoirs très spéciaux lui permettant de transformer tous ses désirs en réalité un rêve pour nous tous, un cauchemar pour notre héros. L’occasion pour Plympton de canarder les diverses institutions et centres de pouvoir qui plombent notre paradis néolibéral contemporain : une rafale pour la famille, une autre pour l’armée, une autre pour les groupes médiatiques, etc. Critique sociale que l’on partage mais qui finit par nous paraître un peu facile et convenue : L’Impitoyable lune de miel ! est donc une énième déclinaison du cauchemar climatisé de Miller, un nouvel avatar de visions orwelliennes revues par Kafka et Mickey. On glissera rapidement sur le trait de Plympton (moins poétique que celui de Tim Burton, moins lisible que celui de Groening), sur sa technique d’animation artisanale et quelque peu sommaire (mais cet artiste indépendant ne dispose ni de la technologie ni des moyens financiers de Disney ou DreamWorks) et sur les quelques petites longueurs de son film pour insister sur ce qu’il y a de meilleur ici : l’imagination délirante de Plympton et sa sympathique nature d’obsédé sexuel. Quand ces deux qualités se combinent, quand le crayon de Plympton se fait turgescent et aligne à toute blinde fantasmes et métaphores érotiques, L’Impitoyable lune de miel ! décolle vraiment et séduit alors notre regard et nos zygomatiques. Quitte à se farcir le travail d’un obsédé sexuel américain, le film de Plympton est quand même infiniment plus sympathique et rigolo que le rapport Kenneth Starr."
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