Axelle Ropert, avec grâce et gravité
La cinéaste nous raconte son deuxième long métrage, Tirez la langue, Mademoiselle. L'amour des acteurs, la découve1
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Simon Wolberg, maire et père envahissant, mari fou d'amour, fils provocateur, idéaliste obsessionnel et fan de soul, est angoissé quant à l'avenir des siens.
Il est capable de faire un discours étonnant sur la soul américaine à des écoliers éberlués, de se mêler de la vie privée de ses concitoyens, ou encore de faire jurer à sa fille de 18 ans que jamais, au grand jamais, elle ne quittera la maison familiale. C'est Simon Wolberg, maire d'une petite ville de province, amoureux fou de sa femme, père envahissant et fils provocateur ! C'est l'obsession de la famille qui porte cet homme. Qui le pousse à mettre à l'épreuve ces liens, à en vérifier la force et la fragilité
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" Il faut allier le pessimisme de l'intelligence à l'optimisme de la volonté" : c'est ce que pensait le théoricien marxiste italien Antonio
" Il faut allier le pessimisme de l'intelligence à l'optimisme de la volonté" : c'est ce que pensait le théoricien marxiste italien Antonio Gramsci (1891-1937), empruntant cette belle sentence à l'écrivain Romain Rolland. Tous ceux qui s'y reconnaissent seront nécessairement touchés, émus, peut-être bouleversés par La Famille Wolberg (...) car il n'est pas si fréquent dans le cinéma indépendant de consacrer une oeuvre à la famille sans éprouver l'envie ou la nécessité de la massacrer, sur le plan symbolique ou réel. Ce refus de ce qui n'est trop souvent qu'une complaisance, ce mépris souverain de la pose antibourgeoise de l'artiste demandent un certain courage (...) enfin, ce film dévoré par l'inquiétude regorge, paradoxalement, de vitalité et de fantaisie. Un de ces films, si rares, qui vous donnent envie de croquer l'existence comme un mort de faim en sortant de la salle.
On aura ainsi défini l'un des traits essentiels de La Famille Wolberg : son excentricité. Non dans l'acception tonitruante de ce terme, mais dans la surprenante douceur, la suave mélancolie de son décalage. C'est à cette aune qu'est dessiné le portrait du personnage principal, Simon Wolberg, génialement interprété par l'acteur belge François Damiens. Juif ashkénaze profilé sur fond de désastre lointain, son obsession est celle d'un fils de rescapé rattrapé par la paternité : survivre avec sa famille, tenir ensemble coûte que coûte.
Pas pratique quand on est atteint d'un cancer aux poumons, que sa femme caresse encore le souvenir d'un ex-amant goy, que sa fille aînée s'apprête à prendre la poudre d'escampette, que son vieux père affecte une insouciance désarmante, et que son beau-frère, horripilant bohème gratteur de guitare, vient lui chanter le grand vent de la liberté jusque dans ses pénates (...) Silhouette sombre marchant allégrement contre le vent, Simon oscille entre violence et délicatesse, austérité et loufoquerie (...)
la mise en scène du film joue une partition insolite, hétérodoxe, à la sourdine subversive. Héros juif, acteur wallon, village béarnais, design pop, musique soul rarissime et déchirante, mélo gai... A se demander par quel miracle tout cela tient debout. Sans doute grâce à la conscience aiguë qu' "il n'y a de stable qu'une violence secrète qui bouleverse toute chose", comme le dit le beau-frère Alexandre, en partance sur un quai de gare. Mais aussi grâce à la croyance que la grandeur de l'homme est de se mettre, à l'instar de Simon, corps et âme en travers de ce mouvement.
Faire oeuvre comme on fait feu de tout bois, au risque de la ruine : telle est l'élégance émouvante, la force joyeuse du personnage et du film."
" Dans une des plus belles scènes de La Famille Wolberg, deux personnages discutent dans une cabane de jardin. De la guitare, de la famille,
" Dans une des plus belles scènes de La Famille Wolberg, deux personnages discutent dans une cabane de jardin. De la guitare, de la famille, de ses petits secrets… L’oncle bohème trace au sol un trait imaginaire censé séparer “la vie et l’à-côté de la vie”, et explique à son petit neveu la joie que procure le passage de l’un à l’autre ; et les deux garçons de sautiller ainsi allègrement au-dessus de cette ligne, “dans la vie/pas dans la vie”, faisant d’une idée littéraire un émerveillement cinématographique, avec trois fois rien. Cette idée, qui structure l’ensemble du film, on pourrait la désigner simplement par “nostalgie”. Ce serait toutefois manquer de précision.
En dépit de son titre qui pourrait laisser présager un film choral, La Famille Wolberg s’articule presque entièrement autour d’un personnage, Simon, pater familias d’origine juive, mari aimant et maire hyperactif d’une commune du Béarn (Mourenx). Interprété par l’éblouissant François Damiens (...) qui tempère par sa drôlerie la gravité du film, Simon Wolberg est un personnage paradoxal. Il voudrait d’un côté tout embrasser (sa famille, ses fantômes, la vie de ses concitoyens), de l’autre tout laisser filer – ne plus se préoccuper d’autre chose que de faire l’amour l’après-midi à son épouse qui s’éloigne dangereusement de lui (bouleversante Valérie Benguigui, elle aussi dans un emploi inhabituel).
Simon est à la fois un utopiste, homme public “invincible” (dit de lui sa fille), engagé dans un futur concret avec les élections qui s’approchent ; et un père mélancolique qui, voyant le sable du temps couler de ses poches percées, s’agite pour recoudre la déchirure honteuse de sa propre faiblesse. Plus il s’approche du précipice, plus il danse.
Toute la beauté du film, suspendu comme l’oncle et le neveu entre la vie et son à-côté (le cinéma ?), tient dans cette opposition, dans cet état de permanente fébrilité, dans cet entre-deux qu’Axelle Ropert (...) choisit de déployer à chaque strate de son (court) mélodrame (...) Vers la fin du film, Marianne, sa femme, dit à leur fils : “Tu n’es qu’un enfant, et déjà nostalgique”. Ce qu’elle dit là en fait, c’est que la nostalgie porte moins sur le passé que sur le présent – de quel passé un enfant de 12 ans pourrait-il être nostalgique ? Moins sur le regret d’un âge d’or révolu que sur l’incapacité à stopper la marche du temps, à éviter que celui-ci n’abatte ses mâchoires d’acier sur le frêle esquif qui porte ceux qu’on aime. Alors oui, et à cette condition seulement, on peut dire que La Famille Wolberg est un film sur la nostalgie. Mais surtout un beau film d’aujourd’hui."
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