Navigateur non compatible. Veuillez utiliser un navigateur récent
À la fin de la guerre, cinq amis se retrouvent pour former le redoutable gang des Tractions d'Avant. Robert dit "le dingue", prend la direction des opérations.
Le gang des Tractions d'Avant commence à opérer tout juste après la Libération de la France en 1944. À sa tête, Robert dit "le Dingue" organise de nombreux casses qui ont la particularité de ne jamais faire de victime. Les cinq amis mènent la belle vie avec les sommes amassées et le Dingue entame une idylle avec Marinette sans craindre la riposte des forces de l'ordre complètement dépassées. Une libre transposition de l'histoire de Pierrot-le-fou et son fameux "gang des tractions-avant" par l'équipe gagnante de "Borsalino".
Le lecteur n'est pas installé ?
Pour votre information, la lecture en mode hors-ligne n'est pas compatible avec le système d'exploitation Linux
" Robert le Dingue, héros de ce nouveau film, c’est bien sûr « Pierrot le Fou », le vrai, Pierre Loutre
" Robert le Dingue, héros de ce nouveau film, c’est bien sûr « Pierrot le Fou », le vrai, Pierre Loutrel qui, comme René Girier, dit « René La Canne », a croisé jadis la route du policier de la Sûreté nationale Roger Borniche.
Deray retrouve d’ailleurs l'un des deux compères de Flic Story, Alphonse Boudard, auquel il adjoint pour ce quatorzième film, le sixième avec Alain Delon, un autre de ses fidèles, Jean-Claude Carrière. Les deux hommes adaptent le roman de Borniche, et le cinéaste renoue avec la reconstitution historique. L’action, ici, se situe en 1945 et suit les aventures, hautes en couleur, du gang des « Tractions Avant » (...)
Alain Delon, à qui Roger Borniche avait dédié son roman, décide d’apparaître à l'écran nanti d'une chevelure d'ébène abondamment frisée, afin de prendre le plus de distance possible avec son statut de star. Il veut noyer sa mythologie personnelle dans le décalque physique du célèbre truand (...)
La construction de l'ensemble, qui alterne étirements et resserrements de la durée, donne au film un rythme très curieux, quasi désynchronisé, presque bancal. On voit que cette forme, loin d’être anodine, renvoie précisément au personnage du Dingue. L'homme, imprévisible, toujours en rupture, entraîne tous ses amis, ses proches, en de brusques et fantasques mouvements, les soumettant à un véritable régime du retournement intempestif.
Les chemins empruntés ne sont jamais des lignes droites. C’est la sinuosité, l’arabesque et la boucle qui dominent, annonçant la manière de l’œuvre qui suivra, Un Papillon sur l'épaule (...)
En faisant de Marinette la narratrice, Deray, Boudard et Carrière adoucissent ostensiblement l’adaptation. Ils la « féminisent ». La Marinette du livre de Borniche est aux antipodes de l’héroïne du film. Sous les traits de Nicole Calfan, la Marinette du cinéaste pénètre dans la vie de Robert le Dingue avec la légèreté, la pureté d’un ange. La jeune femme est d’ailleurs totalement étrangère au « milieu ». Mais elle s’impose, néanmoins, inscrivant sa voix et son corps au cœur du récit (...)
Le cinéaste et ses deux scénaristes réinventent d'ailleurs un passé au Dingue, qui se métamorphose (...) en orphelin, en enfant trouvé et recueilli, jadis, par un caïd du milieu. Rien à voir avec le jeune homme de dix-huit printemps, le vrai Pierre Loutrel, qui s'est enfui de sa Sarthe natale pour rejoindre le Marseille de l'avant-guerre, avec l’espoir de devenir le roi d’une pègre locale dominée alors par les deux Corses, Carbone et Spirito.
Deray ne veut pas refaire un deuxième Flic Story, renouer avec l’inspecteur Borniche et remplacer Buisson par Loutrel. Si le film s’éloigne d’une vérité historique, celle d’une figure célèbre du grand banditisme, c’est pour en substituer une autre qui, semble-t-il, intéresse davantage le cinéaste et ses deux scénaristes, celle d’une époque, l’immédiat après-guerre, encore minée par l’Occupation nazie.
Le premier « carton » du film ne doit tromper personne. Si les motivations personnelles, intimes, des personnages demeurent obscures (ce qui ne doit pas surprendre de la part du cinéaste), Deray ouvre et développe le contexte, faisant du Gang un prolongement amplifié de l’opus précédent. « L'Occupation, écrit Roger Borniche dans son roman, a été la gangrène de la France. Des gangs se sont constitués et spécialisés dans les hold-up. Aucun moyen de s'enrichir illégalement n’a été négligé. Le pays est traversé par un raz de marée sans précédent d'attaques à main armée : banques et fourgons postaux sont régulièrement attaqués et pillés. Les policiers ont à peine enregistré les dépositions des convoyeurs terrorisés qu’une autre affaire éclate. Le banditisme déferle sur le pays. » (...)
Le récit oscille ainsi entre deux espaces, l’un bucolique, lumineux et apaisant, et l’autre urbain, gris et sale, trépidant et dévorateur. Mais l’un comme l’autre n’offre qu’une marge étroite aux manœuvres des gangsters. Le frémissement des feuillages n’est pas un refuge plus sûr que les immeubles aux murs lépreux de la ville.
La longue séquence du baptême n’est même plus une parenthèse enchantée dans l'action. En de tourbillonnants cercles vicieux, la violence engendre la violence, il n’y a nulle part où lui échapper. Les chansons et les rires appellent le crépitement des mitraillettes. Deray n’abandonne rien de son pessimisme fondamental, même si le film possède, miroitant en surface, des tonalités plus joyeuses, quasi dansantes et aériennes. La composition n’est pas sans évoquer, à plusieurs reprises, l’art musical de la « fugue ».
Une fugue composée avec une encre noire et mortelle, qui s’achève dans la dérision et l’absurde (...) "
Jacques Deray est un des plus professionnels des réalisateurs français, celui qui sait peut-être le mieux s’inspi
Jacques Deray est un des plus professionnels des réalisateurs français, celui qui sait peut-être le mieux s’inspirer du « thriller » américain, en tirer des décalques français, marqués d’une sensibilité française, d’une certaine sentimentalité qui est certainement à relier à une certaine tradition « populiste », familière, qui hante notre cinéma depuis trois ou quatre décennies.
Le Gang, c’est une évocation, plus ou moins directe, de ce que fut, au lendemain de la guerre le « gang des tractions avant », cette équipe de truands se retrouvant dans le tumulte de la France libérée. L’un avait été déporté, dénoncé par les amis d’un autre, l’autre avait pris du service auprès des occupants, un troisième porte encore sa vareuse d’officier français et donne ses rendez-vous à la caserne de Reuilly, celui-là semble d’ailleurs s’être recyclé dans ses nouvelles fonctions et nous ne le voyons entretenir que des relations amicales avec ses copains d’hier...
Le maître, le chef de la bande c’est (un Alain Delon presque méconnaissable au premier abord) Robert, un homme encore jeune, fou de vivre, fou du vertige des risques pris, des aventures vécues l’une après l’autre car il faut profiter du désarroi de la police, saisir la chance qu’elle soit mobilisée autour de cette banque que l’on vient de pilier pour aller — tout de suite — cambrioler une usine tout à côté.
La qualité du travail de Deray consiste, à son habitude, dans le choix et la direction de comédiens qui sous sa houlette sont tous excellents, Delon mais aussi Roland Bertin, Adalberto Maria Merli, Maurice Barrier, Laura Betti, Bussières. Elle consiste aussi dans le fini de la reconstitution d’époque, très soignée, précise, à quelques erreurs de détail près. Je doute qu’une boite destinée à recevoir des pellicules « Kodachrome » de ce modèle ait pu figurer en 1945-1946 devant la boutique d’un photographe.
Mais il y a beaucoup plus important que ces détails annexes. Deray dont la réputation d’apolitisme, sinon celle d’homme de droite, est bien établie, bien installée comme une idée reçue,est le premier réalisateur français à nous rappeler par un film qu’en 1945 on traquait l’Arabe dans le quartier de la Goutte-d’Or, on raflait en masse et au faciès tous ceux que l’on pouvait suspecter d’être des partisans de l’indépendance algérienne. On les entassait dans les commissariats et on les menaçait de les traiter comme on l’avait fait dans le Constantinois quelques mois plus tôt : — « A la mitrailleuse, comme à Sétif ! »
C’est donc un film d’aventures que « Le Gang », mais ce film d’aventures porte les empreintes de l’histoire, les empreintes d’une époque.
... « La continuité dans le changement » (...) Un rôle de mauvais garçon pour Delon, son association avec l
... « La continuité dans le changement » (...) Un rôle de mauvais garçon pour Delon, son association avec le cinéaste Jacques Deray, un scénario inspiré des souvenirs du commissaire Borniche : voilà pour cette continuité qui, il faut bien le dire, si elle rassure le public, anesthésie le critique.
Mais ici, sans les ressemblances d’emballage, beaucoup de (très bonnes) surprises nous attendent. Un ton de mélancolie et d’humour, de sensibilité et d’intelligence que l’on ne trouve plus guère dans les « films de gangsters ». Une mise en scène extrêmement raffinée de Jacques Deray qui, non content d’assumer le cahier des charges d’une entreprise de ce genre, s’épanouit dans le style rétro, nous ravit l’œil d’une photographie sensuelle, installe entre les plus modestes personnages de passionnantes connivences, débusque les clichés et ennoblit les conventions : maintenant que le cinéma français s'est inventé une sorte d’Ordre du Mérite, avec les « César », il va être temps de songer à honorer Jacques Deray à la hauteur de son authentique talent.
Enfin, dans « Le Gang », Alain Delon, Alain le fou dans le rôle de Robert le dingue, fonce avec le culot dont lui seul est capable, dans la négation de sa panoplie traditionnelle. Il avait, de toute éternité, le cheveu lisse, la mâchoire serrée, le regard fixe, la mimique marmoréènne. Le voilà le cheveu bouclé, le sourire aux lèvres, l'œil primesautier, la faconde exubérante, s’amusant à typer un anti-Deîon avec la gouaille d’un potache iconoclaste.
La création est d'une virtuosité rare. Elle prouve, non le talent de Delon (nous n’en sommes plus là), mais sa lucidité sur sa fonction en tant que comédien. En poussant aussi loin la négation de sa mythologie à l’intérieur d’un film qui respecte ies règles du jeu, il explore au maximum la liberté dont il dispose dans les limites des contraintes du super-vedettariat. « Le Gang » a, sur ce plan, valeur d’exemple. C'est, par ailleurs, le plus joli divertissement que nous proposent actuellement nos écrans.
Nos offres d'abonnement
BASIQUE ETUDIANTS
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 4,99€ /mois
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 6,99€ /mois
PREMIUM
9 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
15 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
*A l'exception des films signalés
BASIQUE ETUDIANTS
49 | ,99€ |
/an |
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
69 | ,99€ |
pour 1 an |
PREMIUM
99 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
175 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
Vous devrez fournir un justificatif de scolarité (carte étudiante ou certificat, en .pdf ou .jpg).
UniversCiné se réserve le droit d'annuler l'abonnement sans possibilité de remboursement si la pièce
jointe envoyée n'est pas conforme.
Offre valable 12 mois à partir de la date de l'abonnement
_TITLE