Le monde selon Has
Ses films étaient des chocs cinéphiliques — La Clepsydre, Le Manuscrit trouvé à Saragosse —; ils sont devenus cult1
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Le jeune capitaine du Roi d’Espagne traverse des montagnes sauvages où il rencontre deux princesses qui lui dévoilent une destiné faite d'embûches et de gloire.
Le jeune Alphonse Van Worden, capitaine du Roi d’Espagne, se rend à Madrid en passant par des montagnes sauvages. En chemin, il rencontre deux princesses Maures qui lui dévoilent un mystère : il est le descendant d’une puissante famille Maure et aura à les épouser toutes les deux, mais auparavant il aura à subir une série d’épreuves...
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" Le Manuscrit trouvé à Saragosse (1964) est sans doute la plus belle réussite de Wojciech Has. Adepte des liaisons troubles dangereuses en
" Le Manuscrit trouvé à Saragosse (1964) est sans doute la plus belle réussite de Wojciech Has. Adepte des liaisons troubles dangereuses entre réel et imaginaire, le cinéaste polonais ne pouvait rêver meilleur sujet de film que le livre de Jan Potocki (1761-1815). Un roman fantastique, où l'esprit raisonnable et classique des Lumières, encore aux prises avec les extravagances du baroque passé, affronte déjà les pulsions irrationnelles du romantisme naissant.
Has reprend avec une grande fidélité les aventures d'Alfons Van Worden, capitaine wallon au service du roi d'Espagne, qui rencontre, entre autres, des princesse mauresques, l'Inquisition, un kabbaliste, un mathématicien"
Le foisonnement de personnages et d'intrigues impressionne d'autant plus que Has, à l'image de Potocki, l'organise dans une construction à tiroirs très élaborée: un personnage raconte une histoire dans laquelle apparaît un deuxième personnage, qui lui-même raconte une autre histoire, etc.
C'est comme des poupées russes que le réalisateur prendrait un malin plaisir à désemboîter puis à remboîter dans le désor-dre, redémarrant une anecdote aussi soudainement qu'elle avait été interrompue un quart d'heure plus tôt. L'impression de tourner en rond dans un labyrinthe n'est pas fortuite: Has joue avec son public dans l'attente de la révélation finale, le plaçant dans la même situation que son héros qui, quoi qu'il lui arrive, se réveille toujours au pied d'un gibet.
Pour bien apprécier ce film de trois heures, il faut le considérer comme un puzzle grand format dont la reconstitution exige attention et patience. Une patience récompensée, en cours de route, par les envoûtantes images de Has: le cinéaste recrée une Espagne aussi grotesque que surnaturelle dans des compositions à mi-chemin de Goya et de Dali. Dans ce monde surprenant, chaque personnage dissimule sa vérité (ou sa vacuité) sous plusieurs masques, comme ces rochers, qui, sous la lumière de Has, se métamorphosent en de gigantesques têtes de mort."
" Supposez qu'un grand voyageur, historien et érudit international — en l'espèce le Polonais Jan Potocki, mort en 1815 — essaie de rassemb
" Supposez qu'un grand voyageur, historien et érudit international — en l'espèce le Polonais Jan Potocki, mort en 1815 — essaie de rassembler dans un ouvrage de fantaisie, l'année avant sa mort, une sorte de somme des diverses cultures et expériences qu'il a héritées et vécues. Il écrit en français, mêlant au picaresque espagnol et à la truculence du Nord les coquineries galantes à la Casanova, l'ironie voltairienne, les relents d'occultisme de Cagliostro et de l'Europe centrale. Pratiquant méthodiquement (à la manière du Gil Blas ou du Neveu de Rameau de Diderot) le récit dans le récit, il s'amuse à monter un édifice narratif à nombreux étages, avec passages et escaliers secrets, que seul un savant pourrait démêler.
Ce savant, Potocki l'introduit donc dans l'œuvre : un mathématicien à lunettes familier des combinaisons de nombres, de lettres et de mots dont pour exprimer le monde se sert la Kabbale juive. Echappé aux Inquisiteurs il va expliquer à Van Worden que le labyrinthe des destins humains imbriqués est à l'image de la vie. Parfois on tourne en rond, on se retrouve aux mêmes carrefours, on enfile des ruelles sans issue. Le tout est de s'y retrouver. A-t-il un sens, le livre de la vie, ce manuscrit, épave d'une guerre cruelle ?
Juste un siècle et demi après Potocki — le film date de 1964 — un cinéaste déjà confirmé à près de quarante ans — Wojcieh Has, s'avise des résonances toutes modernes du roman. Il en fera son septième long métrage. L'énigme du sort de l'homme, l'illusion de l'action, l'illusion du bonheur ? Mais on ne parle que de cela aujourd'hui. Le mélange inextricable du rêve et de la réalité, de la vie et de la mort, du ciel qui cache l'enfer et des enfers qui peuvent, d'un ricanement, vous ramener à la saine compréhension de la terre ? C'est tout le problème des valeurs convenues, bousculées et remises en cause dans la tornade de l'histoire. Les labyrinthes, les échafaudages compliqués, les explorations sans fin de la mémoire, de l'imaginaire, des murs de logique qu'on traverse en tous sens et sans s'en douter, jusqu'à égarement total ? Voyez le nouveau roman, voyez Resnais, Cocteau, Bergman, Fellini.
Lancé derrière son héros, à la mine discrètement ahurie (celle de Cybulski, un peu engraissé depuis Cendres et diamant de Wajda), Has chevauche d'un trot alerte parmi les rocailles, les auberges, les villages, le château, les alcôves et jardins madrilènes, les décors mauresques surréalistes où, par un hasard plein d'humour blanc ou noir, passe et repasse le ballet des personnages.
Diablerie par-ci, galanterie par-là — les décolletés sont plus que généreux — le flot des belles images nous emporte au gré d'une caméra souple et habile. C'est en souriant que les épées transpercent, que les femmes trahissent, que les hommes friponnent, que la mort vous donne au petit jour une caresse glacée, car la mort ne se fait guère oublier. Ni l'absurdité de la guerre. Elle n'empêche pas deux officiers ennemis, à Saragosse, de se pencher ensemble sur un livre que son auteur a jadis rejeté pour son absurdité, qui est aussi celle de sa vie et de la vie tout court.
Profondes, pétillantes, couvertes de vagues noires aux crêtes blanches — le film est en noir et blanc — les eaux espagnoles où navigue Has restent proches des rivages de Pologne. Son élégante et intense poésie, son robuste et constant humour tragique ne sont pas loin du ton de Munk dans Eroica. Figaro le Sévillant parlait français chez Beaumarchais. Ici les Andalous parlent polonais. Mais Saragosse en ruines, la Sierra désolée et peuplée des fantômes du passé, c'est peut-être l'Europe et le monde déchirés qui cherchent leur raison de vivre. Qui donnera son sens au manuscrit de Saragosse ?
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