Kiyoshi Kurosawa : " Je n’ai qu’une obsession : filmer la fiction de la façon la plus réaliste possible"
VIDEO | 2014, 11' | Rangé parmi les spécialistes du film de genre, en particulier dans le fantastique et l'horri...
Sueurs froides assurés dans ce thriller d'épouvante japonais, signé du maître Kiyoshi Kurosawa.
Reiko, jeune écrivain auréolée par la récente obtention d'un prix littéraire, étouffe dans son petit appartement tokyoïte. Aidée par son éditeur, elle décide de s'installer dans une grande maison isolée. Elle rencontre un archéologue victime d'étranges malaises depuis qu'il a déterré une momie vieille de mille ans, hantée bien sûr.
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« Je voulais réaliser avec Loft mon meilleur film d'horreur», déclare Kiyoshi Kurosawa. Pari quasiment
« Je voulais réaliser avec Loft mon meilleur film d'horreur», déclare Kiyoshi Kurosawa. Pari quasiment gagné pour ce cinéaste à qui l'on doit le renouveau du film de fantômes japonais. Kurosawa remet les pendules à l'heure, démontrant qu'il est toujours le maître à penser de ce courant. Alors que ses précédents films restaient inédits en France (...) Kurosawa se surpasse en épurant sa mise en scène et en sophistiquant sa narration. Il mêle, de façon époustouflante, surnaturel et thriller policier, horreur et suspense, renonçant à la théâtralité et à la surenchère d'effets spéciaux de Kaïro, pour camper son récit dans un cadre champêtre. Ce faisant, il tranche radicalement avec la norme et renvoie aux oubliettes les références américaines.
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" Loin des architectures urbaines en proie à l’apocalypse du sublime Kaïro, le nouveau film de Kiyoshi Kurosawa s’ouvre sur une vue des eaux maussades et fangeuses d’un marécage. Boue saumâtre que vomissent les personnages, et qui constitue le ciment des deux pôles de son récit, ses deux décors essentiels et contradictoires. Comme pour Doppelgänger – le précédent long métrage de Kurosawa, une comédie fantastique -, l’intrigue de Loft s’étend entre villes désertées et campagnes où l’angoisse citadine vire à la démence la plus pure. Le temps d’une moitié de film, le fondement de cette folie et de ses projections spectrales nous apparaît ambigu.
Longtemps Kurosawa préserve l’éventualité que les inquiétudes et la peur qui irriguent la fascination de ce récit de momie résurgente ne trouvent leur origine que dans la simple névrose de ses personnages – Reiko, une écrivaine nouvellement primée qui, confrontée à une commande de roman à l’eau de rose, craint la panne ; son éditeur, séducteur menaçant ; un universitaire-archéologue monomaniaque ; quelques fantômes dont la réalité des apparitions repose sur une envoûtante incertitude. Ces derniers semblent sourdre moins de limbes ou des terres marécageuses qui environnent la maison prétendument hantée où se déploie l’action du film que des tourments affectifs de Reiko et des hommes qui la cernent, ébranlés comme elle par le voisinage d’une dépouille de momie millénaire fraîchement extraite à la boue du marais – la même que dégurgite l’écrivaine sur le parquet de son appartement tokyoïte.
Cette affection insidieuse les saisit un à un, attise leur paranoïa, et finit par embrasser le film lui-même, qui s’en trouve comme affolé, et oblique à mi-parcours droit vers un fantastique strié de motifs hitchcockiens malades (il y a là un peu de Vertigo, beaucoup de Psychose). Dans la bifurcation, Loft n’égare rien de sa langueur narrative, du malaise qu’il suscite ou de sa renversante somptuosité formelle, si bien que la radicalité de ce bouleversement du régime de croyance en la fiction fait l’effet d’un tour de force et laisse pantois.
Mais dès lors, pétrifie surtout l’utilisation faite par Kurosawa d’une seconde caméra, plus légère, ancrée tout au long du tournage sur un axe presque identique à celui adopté par la caméra principale. Les images parallèles ainsi fabriquées s’immiscent quelquefois dans la durée d’un plan, et par leur altérité – texture différenciée (pellicule contre DV), écart subtil d’une image à l’autre – et l’indétermination de leur origine, impriment à Loft un trouble tenace. On en revient alors au plus beau film de Kurosawa. Depuis Kaïro et ses spectres baudelairiens tout de susurrements plaintifs et de contours vacillants dont la caméra épousait les vues subjectives, on n’avait rien vu au cinéma d’aussi glaçant que ce regard sans foyer."
" ...à y regarder de près, il y a dans Loft autant de passages obligés (bouh, font les fantômes) que d&rsquo
Le prologue du film est impressionnant (...) tout l’art de Kurosawa est là : la rigueur extrême du cadrage, cette tension inouïe qui trouve son point d’intensité maximale dans des plans très simples, par exemple des champs-contrechamps. Kurosawa est sans rival quand il s’agit d’inscrire un corps dans le plan et de le faire vrombir d’une étrangeté et d’un malaise qui sautent aux yeux. L’immobile est sa signature, de chaque côté de l’écran : on ne regarde pas les films de Kurosawa, on les fixe.
Si Loft, par la suite, s’en remet volontiers à la mécanique un peu usée du surgissement des fantômes, en revanche, nouveauté chez lui, Kurosawa recourt à un imaginaire très précis, une sorte de gothique nippon : une vieille maison, des marais, de la boue, et surtout du vent, dans une extraordinaire scène lyrique, inédite dans son oeuvre. Occasion de souligner encore l’étonnante variété de son inspiration.
Dans Doppelgänger, l’irruption de son double dans la vie d’un scientifique fait basculer le film dans un cauchemar burlesque. Dans Loft, une maudite momie revient du fond d’un lac se venger des hommes et sa puissance est telle que le monde entier se met à gronder : le vent souffle et exalte le sentiment amoureux des deux solitaires qui se rencontrent. Puissance primitive de l’élément qui déforme les cheveux et fait plier les paupières. Retour au cinéma muet, ce qui n’est pas sans logique, puisque chez Kurosawa, très attentif au son, le silence lui-même est une sorte de plainte inquiète.
Loft est aussi une histoire d’amour : on sait depuis Cure et Séance, et dans Retribution encore, combien pour le cinéaste le couple est le lieu d’une névrose poisseuse. En filmant, pour la première fois, une rencontre amoureuse, Kurosawa s’autorise le lyrisme (...). La naissance de l’amour, par son tumulte aérien extrême, est l’inverse de la pesanteur névrotique qui guette le couple (les corps morts de Séance et Retribution, les visions macabres de Cure), et avec laquelle il devra toujours compter, malgré les sentiments qui continuent à le souder."
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