Claire Simon nous fait partir à la découverte de la vie de Mimi Chiola qui joue là son propre rôle. Sous l'oeil et la juste distance de Claire, Mimi se raconte, décrit ses amours. Et à travers ses récits, dévoile dans le même mouvement la force de l'amitié qui l'unit à la réalisatrice.
"Mimi est une conteuse sensationnelle. Quelqu'un qui a aimé et souffert, comme tout le monde. Mais quand elle raconte savie, les épisodes clés de sa vie, elle en est l'auteur, l'actrice, le peintre (...) Mimi ne se confesse pas, tout au contraire, elle est enreprésentation. Elle est une héroïne de roman-feuilleton. Mimi a son style à elle, d'une puissance évocatrice étonnante, imagé et lacunaire, éloquent et elliptique. Un détail, un dialogue, un silence fournissent la matière, le tissu de chacune de ses histoires, des histoires de famille et de guerre, d'amour et de mort. Elle est comme l'écrivain qui n'en finit pas d'explorer ses propres tragédies, ses mythes personnels en de brefs récits, dont elle tire plaisir et consolation.
Des récits très maîtrisés, d'évidence remâchés, construits, sédimentés au fil du temps : comment son père avait tué un âne pour nourrir sa famille pendant la guerre. Comment il est mort à l'hôpital d'avoir mangé un bout de pain. Comment Mimi a quitté l'école à 11 ans pour s'occuper de sa mère. Comment elle a longtemps espéré que le Père Noël lui offrirait un âne. Comment elle s'est rêvée gondolière à Venise, avant d'atterrir vendeuse au Prisunic. Sa fascination pour les bateaux et les trains. Les femmes qu'elle a aimées. Son premier amour, une ouvrière qui ressemblait à Gina Lollobrigida dans Pain, amour et fantaisie. Lepaysan qui lui a servi de père mais qui voulait être son mari... (...) Mimi qui fait vibrer le décor de ses souvenirs.
Ce n'est pas qu'on s'identifie à Mimi. Tout le dispositif cinématographique de Claire Simon, entre théâtralité et mise à nu, tient l'ego de son héroïne à distance. Pourtant, ce que dit Mimi nous touche, nous revigore. Parce que la cinéaste réussit à en faire un personnage familier, universel. Et qu'est-ce qu'elle dit, Mimi, au fond ? Elle dit que la mort est autant vie qu'elle est mort, que la vie vaut la peine d'être vécue. Elle dit que chaque vie est un roman"
Isabelle Fajardo
Le Monde
" ... un splendide collage de morceaux de cinéma, reliés entre eux par une bande-son d'une qualité remarquable où alternent la voix limpide...
" ... un splendide collage de morceaux de cinéma, reliés entre eux par une bande-son d'une qualité remarquable où alternent la voix limpide de Mimi et des passages musicaux d'une grande beauté. A l'origine de chacune des parties du puzzle, la sensation provoquée par un objet, un son, un lieu, qui font remonter un souvenir enfoui à la surface de la mémoire de Mimi.
La relation entre les deux femmes sert de déclencheur au récit. Mimi s'adresse d'abord à la réalisatrice-accoucheuse à la deuxième personne du singulier. Très vite, la parole gagne en envergure, jusqu'à devenir objective, politique, et noyer dans son universalité la singularité de la situation. Le récit s'autonomise en même temps que la caméra quitte le corps de l'héroïne pour entreprendre une errance sensuelle sur les matières et paysages alentour.
(...) Le film emprunte une piste, bifurque, revient, part dans une troisième direction. Des rencontres plus ou moins fortuites donnent lieu à de petites fictions où s'improvisent une chanson, une danse, un projet pour une vie ultérieure. Des momentsde pur présent qui cassent le rythme du film en le ponctuant de magnifiques respirations. (...)
Toute la vie de Mimi a été guidée par la quête de l'autre et d'une vie libre, en harmonie avec ses rêves. Fortement inscrite dans l'histoire du siècle, son histoire individuelle, menée comme un combat régulier, emporte le spectateur de la seconde guerre mondiale aux luttes féministes en passant par l'histoire de la classe ouvrière. Jamais théorisée, son émancipation, qui l'a progressivement conduite à la sérénité, s'affirme dans la mise en scène de Claire Simon.
De la ville (Nice) où Mimi a grandi, obligée de quitter l'école très jeune pour s'occuper d'une mère grabataire, et où elle a assumé son homosexualité malgré son éducation catholique, jusqu'à la montagne où elle s'est installée plus tard avec une femme, l'histoire s'incarne dans le rapport entre le corps de Mimi et les lieux qu'elle parcourt avec Claire Simon."
Isabelle Regnier
L'Humanité
" Il est des cinéastes du général et d’autres du particulier, comme il existe des peintres de la fresque et d’autres du portrait. À l’éviden...
" Il est des cinéastes du général et d’autres du particulier, comme il existe des peintres de la fresque et d’autres du portrait. À l’évidence, Claire Simon appartient à cette deuxième catégorie. Plus proche de l’intime déjà par ses formats (seule une moitié de la dizaine de titres qu’on lui doit désormais sont des longs métrages) comme par l’intérêt qu’elle voue au documentaire (là encore une moitié de son ouvre), elle n’est jamais aussi captivante que quand elle darde son regard sur des individus (...)
Il y a là dix-huit tableautins où le plan fixe, à une exception près, est de mise. On pourrait les résumer comme autant de ces fioretti de François d’Assise telles que Roberto Rossellini nous les a rapportées : histoire de l’âne tué par son père, histoire des citrons volés dans les jardins minés pendant la guerre, histoire du père de Mimi qui est mort d’avoir mangé un morceau depain, histoire du torchon propre sur la vaisselle sale, histoire… Nous sommes toujours là à la distance juste, ni familier ni distant, ni obséquieux ni complaisant. La vie de cette homosexuelle ayant fui le salariat, sempiternellement vêtue du même jean et du même T-shirt àl’enseigne du Hard Rock Café d’une ville où elle semble n’avoir jamais mis les pieds, est trop spécifique pour être banale mais simultanément si ordinaire qu’elle en devient universelle dans son unicité. Lentement, Mimi se dévoile, se livre, s’abandonne, comme si la confidence était le garant suprême du bon droit, ce qui, ici, s’avère être le cas. Comme chez Rossellini toujours, le peu devient beaucoup."
Jean Roy
Première
"Mimi finit dans une campagne élégiaque sur un rock and roll improvisé. Un moment beau et fragile, comme le film tout entier."
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