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Dans un pays qui s'appelle La Cour, un peuple appelé Les Enfants expérimente la force des sentiments et la servitude humaine. Cela s'appelle La Récréation.
Il existe une sorte de pays, très petit, si petit qu'il ressemble un peu à une scène de théâtre. Il est habité deux ou trois fois par jour par son peuple. Les habitants sont petits de taille. S'ils vivent selon des lois, en tout cas, ils n'arrêtent pas de les remettre en cause, et de se battre violemment à ce propos. Ce pays s'appelle "La Cour" et son peuple "Les Enfants". Lorsque "Les Enfants" vont dans "La Cour" ils découvrent, éprouvent la " force des sentiments ou la servitude humaine", on appelle cela, la récréation.
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" Rien, ici, qui tienne de cette sensation de découverte qui permet de tant apprécier Depardon ou Wiseman. Pourtant, non malgré mais à cause
" Rien, ici, qui tienne de cette sensation de découverte qui permet de tant apprécier Depardon ou Wiseman. Pourtant, non malgré mais à cause de ces handicaps, on se régale à Récréations. Rarement on avait ressenti de façon si palpable à quel point la récréation s’oppose à la classe.
La classe est un espace normatif où le savoir adulte s’infuse goutte à goutte, la récréation le moment de tous les possibles où le marmot découvre sans tri ce qui constitue le terreau de la vie, le rire et les larmes, l’affection et la trahison, la complicité intime et la puissance du groupe, la peur, le danger et le soulagement.
Au fil de saynètes qui se nouent et se dénouent en quelques minutes, ce sont toutes les situations matricielles de la comédie et de la tragédie qui se déroulent sous nos yeux, à échelle réduite. Cela, Claire Simon l’a perçu avec une sensibilité extrême. Alors, une petite fille osant enfin sauter d’un banc prend des allures d’Electre parvenant à sauver Oreste. La vie est ainsi faite."
" Ce petit film ajoute au dossier des images édifiantes, émouvantes et parfois terrifiantes. A la récré, l'enfant recrée un monde à sa dimen
" Ce petit film ajoute au dossier des images édifiantes, émouvantes et parfois terrifiantes. A la récré, l'enfant recrée un monde à sa dimension, sinon à son image. Ce n'est pas l'espace qui l'attire, mais des barrières métalliques stockées dans un coin de la cour (la "prison"), le creux d'un parapet (la "maison"), les brindilles tombées des marronniers (les "bâtons" : pain ou argent) qu'on collecte ou qu'on éparpille tout à l'heure, elles seront balayées par une femme de ménage. Quant aux jolies maisons en bois construites exprès pour eux, ils s'amusent à... cracher dessus. C'est beaucoup plus rigolo.
Bien sûr, Claire Simon n'a pas choisi ses "héros" au hasard : meneur ou solitaire, bourreau ou victime (ou les deux), ils se détachent du petit troupeau. L'un va se dire coiffeur, une autre boulangère, le troisième sera "un humain dans une maison". Autour d'eux se dessinent des rapports de forces qui nous disent qu'à cet âge où le langage balance encore entre la chanson rabâchée et la pensée lucide ("j'crois qu'c'est dans ma tête", dit la petite fille qui n'arrive pas à sauter du banc comme les copines), tout ou presque est déjà joué.
Hors du contrôle des adultes, les petits anges n'ont pas la vie qu'on se plaît à rêver pour eux. Mais si leurs comportements incohérents, brutaux, nous donnent parfois l'impression de regarder un documentaire animalier, on saisit aussi des mouvements de sympathie, de solidarité. De quoi ne pas désespérer complètement de la nature humaine. Hasard ou habileté de la réalisatrice (on penche plutôt pour la seconde hypothèse), il nous faut attendre l'issue du beau) suspense final pour savoir si on a affaire à un film noir ou optimiste."
" Il est question de jouer à la prison avec la barrière, ou d'amasser des tiges de feuilles de marronnier. Mais, parce que c'est filmé (admi
" Il est question de jouer à la prison avec la barrière, ou d'amasser des tiges de feuilles de marronnier. Mais, parce que c'est filmé (admirablement), tout devient aventure essentielle, Iliades et Odyssées dont un petit air de musique prend acte à la fin de chaque séquence, pour élever à l'universel ces micro-affrontements où, chaque jour, entre le tuyau de la gouttière et le tas de sable, se jouent et se rejouent partout les grandes tragédies fondatrices.
On voit même Dieu dans le film : ces femmes de ménage en blouses grises qui, après que l'univers a été bouleversé par les exploits et les folies de ses habitants, le nettoient pour que le grand récit puisse se rejouer à la prochaine sonnerie. Mais ce n'est pas tout.
Dans le vertigineux différentiel entre l'ampleur des moyens mis en oeuvre (rien ou quasi) et l'amplitude des questions posées, le film de Claire Simon démontre la puissance sans limite du cinéma quand un(e) véritable cinéaste en use et le sert. Ainsi voit-on fort bien comment l'espace la cour a été aménagé par des pédagogues pleins de bonne volonté, et comment il est occupé par les enfants d'une tout autre manière que celle que l'on a planifiée pour eux. Récréations (qui peut se lire aussi "recréations", on est dans l'authentique documentaire, pas l'illusion naturaliste) met en évidence comment agit notre propre regard de spectateur.
A cause de ses films tournés dans des écoles, on songe à Abbas Kiarostami. La qualité est la même, comme l'ampleur des questions posées à partir d'un dispositif aussi élémentaire. Mais le point de vue est entièrement différent, entièrement singulier chez la réalisatrice française (dont ce moyen métrage, antérieur à Coûte que coûte et Sinon oui, confirme l'immense talent) comme chez le grand cinéaste iranien. Par exemple, lorsqu'une main blanche se referme brutalement sur un poignet noir et le tord. Le "montage" entre ce que nous savons de la situation (des enfants qui jouent), ce qu'on en ignore (quelle pulsion sous ce geste ?) et ce qu'on y surimpose (une imagerie sur le racisme) produit un parfait dispositif de pensée sur le phénomène de la projection ce qui "sort de l'image" et, inversement, ce que chacun y injecte.
La main blanche est celle d'un petit garçon rondouillard et autoritaire, le même qu'on retrouvera sur le toit de la fausse cabane en train de hurler. Tortionnaire devenu victime ? C'est plus complexe, et les catégories morales sont ici sans cesse interrogées, au nom de la liberté, celle des enfants, celle des spectateurs, celle du cinéma. "L'impuissance de l'homme à gouverner et à contenir ses sentiments, je l'appelle servitude. En effet, l'homme soumis aux sentiments ne dépend pas de lui-même, mais de la fortune, dont le pouvoir sur lui est tel qu'il est souvent contraint de faire le pire, même s'il voit le meilleur." Au début, la voix comme immémoriale de François Simon a dit, off, les phrases de l'Ethique de Spinoza. Puisque c'est bien sûr de cela qu'il s'agit : d'un grand film d'aventures, des seules aventures dignes de ce nom, les aventures morales."
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