Luigi Comencini : "La bourgeoisie italienne se voila la face, et ce fut le fascisme"
C'est en réaction à quelques mots écrits par un critique lors de la sortie de Mon Dieu, comment suis-je tomb1
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Au début du 20e siècle, Eugenia et Raimondo découvrent lors de leur nuit de noces qu'ils sont frère et sœur. Ils décident de le cacher...
En Sicile, au début du 20e siècle. Eugenia Maqueda et Raimondo Corrao découvrent lors de leur nuit de noces qu’ils sont frère et sœur. Il leur est donc impossible de consommer le mariage. Pour éviter le scandale et aussi profiter de la fortune des Maqueda, ils décident de ne rien dire à personne et de vivre dans la chasteté absolue. Mais les besoins de la belle Eugenia sont de plus en plus pressants...
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" Depuis quelques années, le cinéaste italien Luigi Comencini s'est installé, avec « une douceur t
" Depuis quelques années, le cinéaste italien Luigi Comencini s'est installé, avec « une douceur terrible », au tout premier rang des réalisateurs de son pays. On a vu de lui, par exemple, un Pinocchio (ne pas confondre avec celui de Walt Disney) qui explorait le conte jusqu’au tréfonds de la métaphysique ; un Casanova (...); un Vrai crime d’amour qui amalgamait, à souhait, mélodrame et revendication sociale. Et voici Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ? qui brasse, avec une lucidité savoureuse et caustique, le mélo fin de siècle (le grand amour de Comencini), le roman-photo toujours vivace, la littérature ampoulée chère à d’Annunzio, le faux grand-maître transalpin et, finalement, donne une rude leçon de vie à quantité de complexés.
(...) en sortant du film, j’avais mal aux mâchoires, à force de rire Car, Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ? n’est rien d'autre qu'une grandissime « mise en boite » de toute cette littérature faisandée — bien davantage nocive que l'érotisme, au fond — qui mêle fausse-noblesse des prétendus grands sentiments et exacerbation enfiévrée des instincts, le tout sous le couvert d’une respectabilité mangée aux mythes ! Comencini désamorce toute cette salade avec une gravité feinte (les sous-titres sont de petites merveilles de boursouflure) et un humour sous-jacent (la visite dominicale à d’Annunzio) qui sont d'un maître.
Et, comme pour ne pas, tout de même, être ironique et sarcastique jusqu’au bout, le cinéaste a fait choix, pour le rôle de la marquise, de Laura Antonelli (l'héroïne de Malicia) qu’aucun homme digne de ce nom ne peut regarder sans en tomber amoureux. Il va sans dire — mieux en l’écrivant — que Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ? n'est pas un film pour tous. Mais, aux adultes, il promet un divertissement « di prima cartello ». "
" L’histoire de cette marquise italienne contrainte par l’adversité à contracter un mariage blanc,
" L’histoire de cette marquise italienne contrainte par l’adversité à contracter un mariage blanc, à être séduite et abandonnée, à être dévergondée par un chauffeur sentant la sueur, est marquée, on l’aura deviné, du signe de la comédie italienne, friande de plaisanteries sur le sexe, les mésaventures conjugales des époux, le clergé et les manies nationales. Comencini (…) est un maître de cette comédie qui sait être drôle tout en flirtant avec la gaudriole, distinguée tout en cultivant un érotisme parodique, intelligente tout en marchant dans les plates-bandes de la grivoiserie.
(…) Dans cette Italie incapable de maîtriser ses complexes, Comencini brocarde un comportement propre à une classe sociale attachée à une éducation fondée sur la supériorité, et qui s’obstine à marquer les rapports sexuels d’un sentiment de culpabilité.
" « Je suis tombée si bas, c’est la faute à D’Annunzio ». Voilà ce que pourrait dire
" « Je suis tombée si bas, c’est la faute à D’Annunzio ». Voilà ce que pourrait dire, en paraphrasant une rengaine populaire, Laura Antonelli. Le metteur en scène Luigi Comencini a voulu, on effet, montrer la décadence de la société influencée par Gabriele D’Annunzio, qui lança le culte du surhomme dans une Italie corrompue, aventureuse et mûre pour le fascisme.
En outre, l’idée de l’inceste est souvent présente dans la littérature dannunzienne. Et les malheurs comiques de Laura Antonelli viennent de l'inceste qui la menace. Est-cela « tomber si bas » ou est-ce, au contraire, choir dans les bras de son chauffeur, telle une Lady Chatterley motorisée ? Chacun jugera selon sa sensibilité, mais tout le monde sera d’accord pour estimer que Laura Antonelli est une virtuose de la chute.
Le personnage le plus « dannunzien » du film est le mari qui, fanfares dans le cœur et trémolos dans la voix, part à la conquête de la Libye. Il laisse une épouse éplorée, prête à toutes sortes d’expériences. (…) Au passage et avec l’aide de Jean Rochefort, promu Don Juan de la Belle Epoque, moustache conquérante et bouquet avantageux, Comencini égratigne la galanterie française. Son élégant Parisien, ornement des couloirs de sleepings, tourne bien les compliments mais fuit au seul nom de virginité. Amoureux mais pas téméraire.
(…) Le souci de bousculer D’Annunzio, ce champion d’une mode faite de fanfreluches et de gestes vains mais considérés comme « beaux », d’amours désespérées par la seule volonté des protagonistes a, un tantinet, alourdi le film de Luigi Comencini. Mais l’on rit souvent et Laura Antonelli est bien belle. Bellissima aurait dit D’Annunzio."
" A quoi bon citer d'Annunzio, la satire de ses poèmes, de son œuvre romanesque, et sa néfaste influence sur l
" A quoi bon citer d'Annunzio, la satire de ses poèmes, de son œuvre romanesque, et sa néfaste influence sur les élites dans cette société italienne des années 20 évoquée avec autant de verve par Luigi Comencini ? Mon Dieu comment suis-je tombée si bas est une fabuleuse comédie de mœurs tout à fait accessible, même sans ce supplément d'information socio-culturelle...
Le récit de Comencini, ayant choisi la trame d'un roman-feuilleton, est inséparable de l'ironie de ton du narrateur : le côté rétrograde, presque farceur, du milieu provincial qu'on nous décrit, la situation paradoxale où se trouvent des héros pris à leur propre piège, les mythologies qu'ils entretiennent avec délices mais dont ils sont les premières victimes, sont de tels morceaux de bravoure à tous les niveaux, qu'il faut mettre beaucoup de mauvaise volonté, pour résister au vertige de ce film, et aux joies extraordinaires que la moindre séquence offre aux plus blasés...
A priori, l'intrigue laissait toute la place au vaudeville : le soir de ses noces, un jeune couple découvrait avec stupeur que le sort avait tissé entre eux des liens bien plus indissolubles que ceux du mariage, puisqu'ils étaient — par leur père — frère et sœur... A partir d'une situation aussi extravagante, Luigi Comencini s'oriente vers une étude désopilante d'une société italienne dominée à la fois par les préjugés, et la tyrannie du bon ton. Ce qui importe à l'époque, ce n'est pas ce que l'on ressent, ni ce que l'on pense être, mais bien ce que l'on paraît.
Ce commandement du paraître l'emporte du coup sur toutes les autres motivations des personnages : l'aventure qui commence n'a d'autre but que celui de vivre la vie sociale dont les autres attendent le spectacle, quel que soit le prix de ce sacrifice de soi. D'où la joie que met Comencini à démontrer le mécanisme de cette représentation permanente, véritable ressort d'une vie bourgeoise, hantée depuis les rêveries du fameux d'Annunzio, par la beauté du geste, le romantisme des attitudes, et la grandeur de la souffrance. Revers de la médaille : le goût pervers des anomalies secrètes, des passions mélodramatiques, et du destin maudit.
Dans Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas, l'inceste choisi comme thème de cette méchante littérature est un clin d'œil de Luigi Comencini aux connaisseurs : ce film fait le procès de tous les ridicules dont tant de générations d'italiens s'encombrent jusqu'à nos jours, de peur de ne pas être « élégants ». Loin de s'acharner sur l'aristocratie ou les « happy few », Comencini montre les ravages de cette drôle de mentalité chez les petits-bourgeois : il suffit d'un peu de bien, d'un argent facilement gagné, pour qu'aussitôt on cherche à se donner des lettres de noblesse en singeant ceux que l'on croit être « les grands »...
En dehors de cette mise en boîte qui caricature le prototype du jeune bellâtre italien, Comencini fait un sort particulier à son héroïne, les femmes représentant — comme dans tous ses autres films —, l'élément modérateur, le bon sens, et les potentialités de révolte chez les êtres aliénés.
Le rôle, l'un des meilleurs jamais tenus par Laura Antonelli, est désopilant : on n'oubliera pas de sitôt les rapports de cette vierge — malgré elle — avec son chauffeur, l'homme destiné à lui remettre les pieds sur terre. Loin de céder à la gaudriole, au pseudo-libertinage ou à la facilité, Comencini dirige cette séquence de main de maître : la femme, peu à peu déparée de ses oripeaux, qui sont autant d'armes de défense, est du coup privée de toutes ses fausses attitudes. (…) Le féminisme de Comencini n'est pas sans rapport avec des données objectives : moins mêlée à la vanité, au paraître et au faux-semblant, la femme risque moins de se méprendre, son impulsion étant plus forte que le masque qu'on lui demande de porter."
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