Joseph Losey : " C'est la pureté du héros, sa franchise, son intégrité totale qui le conduisent à la mort..."
Dans Pour l'exemple, le cinéaste, qui vient d'achever The Servant, donne une version cette fois "historique" de l'1
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En 1917, sur le front français, un jeune soldat est jugé pour désertion. Le procès va avoir lieu et les soldats s'interrogent sur la justice. Injuste ?
En 1917, Hamp, un jeune soldat engagé volontaire, attend son jugement dans une cave transformée en cellule. Il a été arrêté par un caporal, alors qu'il fuyait loin du front, hagard, en proie à une commotion cérébrale. Pour le Conseil de guerre, présidé par le capitaine Midgley, cela s'appelle désertion. Le capitaine Hargreaves assure la défense de Hamp. Pendant l'interrogatoire, les soldats spéculent sur le devenir de leur compagnon... Tourné juste entre "The Servant" et "Accident", le film est une nouvelle fois dominé par Dirk Bogarde qui, en ancien Officier de l'Armée Britannique, s'impliqua jusque dans l'écriture du scénario. Dans le rôle du jeune accusé, Tom Courtenay reçut le Prix d'interprétation au Festival de Venise 1964. Pour le réalisateur, passionné de théâtre et porté par un idéal communiste, le choix d'adapter une pièce polémique sur le drame des "fusillés pour l'exemple" pendant la première guerre mondiale est un défi car le thème est encore, à l'époque, complètement tabou. Et le film ne cherche pas à échapper à ses origines : il se déroule, de façon dense, dans un temps très court avec peu de personnages, dans une impression de huis clos renforcé par l'intensité des acteurs et le contraste du noir et blanc. Peu à peu, l'art de la mise en scène de Losey, porte le sujet à un niveau allégorique et dramaturgique puissant. Images d'archives, caméra mouvante, place prépondérante des acteurs (remarquables) : "Pour l'exemple" est bien un (grand) film de cinéma.
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"Ce n'est pas la thèse du pacifisme béat ou pantouflard à la Verneuil que prêche Joseph Losey, pas plus
"Ce n'est pas la thèse du pacifisme béat ou pantouflard à la Verneuil que prêche Joseph Losey, pas plus qu'on ne saurait considérer son film comme un éloge de l'insoumission. Pour l'exemple vise plus haut : ce que Losey remet en question – outre la fausse morale des lois de la guerre – c'est l'avilissement d'un être humain, comme celui d'une collectivité (l'armée) au nom de principes sacrés."
01/01/65"Losey a risqué en conclusion des gestes d'une audace assez inouïe, si l'on pense au conformisme si fréquen
"Losey a risqué en conclusion des gestes d'une audace assez inouïe, si l'on pense au conformisme si fréquent dans le cinéma anglais. Hamp, ivre, affolé, perdu, communie, il avale l'hostie que lui tend l'aumônier, il boit le vin qui est "le sang du Christ", et il les vomit."
" Un Losey inattendu et un tour de force. Après des oeuvres brillantes parées de toutes les séductions d'un s
" Un Losey inattendu et un tour de force. Après des oeuvres brillantes parées de toutes les séductions d'un style soigneusement élaboré (citons Les Criminels et The Servant) le réalisateur nous donne un drame concentré et rigoureux où il refuse tous les prestiges d'une savante écriture au profit d'un dépouillement cistercien. C'est l'homme de gauche qui parle ici, plus que le styliste, l'homme de théâtre plus que le cinéaste (...)
Une pluie incessante donne à ce petit monde une dimension infinie, celle de la misère et de l'ennui (...) Le drame est traité sans passion, avec une ironie amère. Est-ce un film antimilitariste ? Oui, puisqu'il montre comment des hommes assassinent de sang froid un autre homme parce que cette mort est utile à la poursuite d'un état de choses qui n'est juste qu'en apparence. Nous allions nous émouvoir : mais la lecture de la lettre officielle que recevra le condamné (...) désarme notre indignation et nous ramène à la réflexion. Non, décidément, il est impossible d'exercer la justice dans le cadre de l'injustice. "
" La présentation du visage humain faite par Losey est frappante, presque unique. On ne peut pas ne pas penser à l'in
" La présentation du visage humain faite par Losey est frappante, presque unique. On ne peut pas ne pas penser à l'incrustation du visage de Jeanne d'Arc sur l'écran de Bresson. Ici, le visage est montré a giorno et nous découvrons que nous en sommes un public inlassable. Son rôle dans Pour l'exemple n'est pas épisodique. Il est chargé de tout exprimer : peur, chiasse, espoir, droit, honneur, patrie, bêtise, logique illogique de l'imbécillité de l'homme en guerre."
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