Marina Déak : "Pourquoi être mère m’interdirait d’être désirante, et d’être cinéaste ?"
L'actrice Marina Déak était déjà passé derrière la caméra avec la réalisation de courts-métrages. Avec Poursuite,1
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Audrey a quitté Eric. Elle confie alors leur fils de sept ans, Mathieu, à sa mère, « en attendant ». Mais en attendant quoi ?
Audrey a quitté Eric. Reste leur fils de sept ans, Mathieu. Audrey le met chez sa mère, « en attendant ». Mais en attendant quoi ? De trouver un logement, un emploi, un compagnon stable ? Tout le monde voudrait savoir quoi faire de la jeune femme, bonne ou mauvaise mère, amante désirable ou "ex" qu’on ne veut plus voir, et elle, elle veut seulement se sentir vivante.
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" Une femme d’aujourd’hui dans un monde où le féminisme a fait son oeuvre mais où, pourtant, de nombre
" Une femme d’aujourd’hui dans un monde où le féminisme a fait son oeuvre mais où, pourtant, de nombreux jugements de valeur subsistent. Audrey veut tout : être une mère, une ex, une fille, une amante, une employée. Elle veut être, tout court. Et aussi avoir. Pour son premier long métrage, Marina Déak raconte, derrière et devant la caméra (elle interprète également, avec un naturel époustouflant, le rôle principal), une histoire qui ressemble à toutes les autres. Mais son regard âpre, son refus de simplifier, ses allées et venues entre (faux) docu et (vraie) fiction, ses ruptures de ton font de ce portrait d’un être à la fois limpide et opaque une oeuvre riche, complexe et enthousiasmante. Parfois m’as-tu-vu, jamais complaisant, gonflé quand il faut, gonflant s’il le faut, Poursuite est une course vers la vie. Une claque et un baume tout à la fois."
Isabelle Danel"Portrait âpre et familier d'une trentenaire tout juste séparée du père de son enfant, le premier long
"Portrait âpre et familier d'une trentenaire tout juste séparée du père de son enfant, le premier long métrage de Marina Déak, découvert parmi les perles de la sélection cannoise de l'Acid, refuse avec obstination les catégorisations systématiques et paresseuses.
Si Poursuite se présente de toute évidence comme une œuvre rebelle, son féminisme pugnace et apparent n'est pas sa cause essentielle. La chronique lacunaire qu'il propose, dispensée d'une véritable progression dramatique, s'affranchit des béquilles convenues du récit d'apprentissage pour tester, chemin faisant, des dispositifs distanciés tels que le recours à la voix off ou au témoignage d'un personnage étranger au récit. Fiction proclamée, le film se laisse en permanence investir et contaminer par le réel.
Que la réalisatrice joue elle-même le personnage principal d'Audrey - en laissant son propre fils interpréter le rôle du petit Mathieu, 7 ans - ne doit pourtant pas nous égarer. Ce n'est pas la dimension autobiographique manifeste qui importe ici, mais le désir d'éclairer quelques étapes d'un parcours, à la manière d'une poursuite de théâtre dont le faisceau lumineux traquerait l'héroïne dans ses emplois quotidiens, successifs et contradictoires.
L'ensemble révèle ainsi forces, faiblesses et incohérences d'une jeune femme qui, d'une séquence à l'autre, et à l'intérieur de chacune d'elles, peine à exister concurremment en tant que mère, fille, ex, amoureuse ou amie. L'intérêt du filin est de ne jamais chercher à polir ces aspérités mais de souligner la violence sociale induite par les faux-raccords de l'existence. Si Audrey ne semble guère différente des anonymes dont le visage est entraperçu dans le plan-séquence liminaire tourné dans le métro, les autres personnages, au premier rang desquels les trois hommes du film, sont eux aussi nourris d'aspirations qui les déchirent.
Loin de tout nombrilisme vériste, Poursuite apparaît ainsi, dans sa rudesse écorchée, comme l'une des expériences cinématographiques les plus singulières de ce début d'année; Marina Déak, cinéaste et comédienne, est d'ores et déjà une artiste précieuse."
" On peut se poser la question du titre, Poursuite. Ni thriller ni action judiciaire. Il s’agit d’une course à la v
" On peut se poser la question du titre, Poursuite. Ni thriller ni action judiciaire. Il s’agit d’une course à la vie. De quelqu’un qui cherche sa voie, en persévérant, sans se laisser démonter. L’idée d’une quête qui s’obstine. Ce quelqu’un est une jeune femme, Audrey (...) On pourrait définir le sujet de Poursuite autrement : de la complication, pour une jeune femme, de circuler entre enfant, désirs, travail. Le poser ainsi définit bien le ton du film, qui oscille sans cesse entre le social et le psychologique, le documentaire et la fiction. Marina Déak part d’un réel qu’elle connaît bien, mais elle en joue pour tisser une histoire. Elle imagine pour son héroïne des situations de fantasmes, mais elle l’interprète elle-même.
Elle casse brutalement son récit au bout de vingt minutes pour faire surgir des interviews de femmes confrontées à la même situation : dans un couple qui explose, qui s’occupe de l’enfant ? Ces femmes sont filmées face caméra selon un dispositif de reportage, mais ce sont des comédiennes qui les incarnent, et la troisième d’entre elles n’est autre qu’Audrey (Marina Déak, donc) qui nous replonge dans le schéma de reconstitution. Cet acharnement (assez ludique) à « donner des coups de pied à la fiction » pour approcher au plus près d’une expression de la vérité, se conjugue avec une belle capacité à capter le naturel.
Il faut dire quelques mots de la « présence » de l’actrice-réalisatrice. Marina Déak habite le cadre d’instinct, imposant sa personnalité, nouveau visage, nouveau corps, des silences, mimiques, facéties qui la font échapper à une sobriété opaque. Elle s’investit physiquement, non sans audaces, dans son plaidoyer pour le droit aux jeunes mères d’avoir des amants, rappelant les prestations de comédienne-réalisatrice de la regrettée Christine Pascal. Les deux ou trois choses qu’elle nous dit d’elle sont d’une décomplexante banalité (...)
Poursuite n’est pas un portrait d’Audrey. C’est un film sur la séparation, la liberté de vivre, de respirer, de s’offrir ses bouffées d’air, qu’on soit homme ou femme, père ou mère. Aux yeux des bien-pensants, Audrey peut paraître irresponsable et libertine, mais Marina Dréak élargit le champ d’investigation, montre que le père de Mathieu séduit des filles, arrive en retard pour récupérer Mathieu. Personne n’est parfait, chacun vit sa vie, en conscience, tolérance et bonne volonté. C’est la vision d’une féministe bien tempérée."
" Sans relâche, l'esthétique du film plonge et installe le spectateur dans cet inconfort, poussant systématique
" Sans relâche, l'esthétique du film plonge et installe le spectateur dans cet inconfort, poussant systématiquement les séquences au-delà de ce qu'un découpage classique aurait proposé. Cet étirement conduit presque toujours au dérapage, caractérisant les personnages à la -marge, dans une brutalité et une sauvagerie tout juste pondérées de socialité forcée.Jusqu'au bout, la vertigineuse séquence avec Aurélien Recoing, le frère du nouvel ami d'Audrey, à qui elle a été présentée. Vertigineuse, au sens propre du terme, puisque la séquence se prolonge en plein air, au sommet d'un immeuble, et laisse mariner le spectateur dans un imaginaire de précipice. Jusqu'au bout, la scène de la piscine, où la réalisatrice joue carrément (tout en restant dans l'implicite) avec les codes du cinéma pornographique.Poursuite s'ouvre et se ferme par des plans tournés dans le métro parisien, matrice métaphorique des relations humaines, caméra errante sur les solitudes relatives ou absolues des voyageurs. Militante d'un regard cru et radical, Marina Déak a tout de même adouci sa conclusion quant à la relation de la mère et du fils. Si les acteurs n'étaient eux-mêmes mère et fils, on se demanderait presque pourquoi."
Eric Derobert" Elle a du chien, Marina. Et n'a pas froid aux yeux. Derrière et devant la caméra, elle se filme en jeune mèr
" Elle a du chien, Marina. Et n'a pas froid aux yeux. Derrière et devant la caméra, elle se filme en jeune mère « indigne » quittant son compagnon, laissant son fils chez sa grand-mère, trompant son nouveau mec, dansant comme une dératée sur les Specials... C'est tantôt au ras du quotidien (du Pialat féminin ?), tantôt distancie et chorégraphié, avec une échappée, désarçonnante, vers la fantasmagorie erotique. De l'autofiction expérimentale, donc, mini, mini, mais où l'actrice-réalisatrice fait le maximum et se met à nu."
Jacques Morice"La caméra légère suit les mouvements de la vie sans s'épancher, le jeu acéré des com&eac
"La caméra légère suit les mouvements de la vie sans s'épancher, le jeu acéré des comédiens, la précision et la férocité latente des dialogues nous donnent le vertige… Vertige de l'illusion… Vertige de l'amour… Vertige de toutes ces batailles menées par les femmes… Oui, Poursuite est un film pudique qui affronte la réalité avec une rare pugnacité et dont on ne sort pas indemne."
Retrouvez le texte complet sur le site de l'ACID.
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