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Luciano, est un poissonnier hâbleur et fantasque. Par bravade, il s'inscrit un jour au casting d'une émission de téléréalité et se prend à rêver de gloire...
A Naples, Luciano, poissonnier hâbleur et exubérant, participe au casting d'une émission de téléréalité. Il ne rêve plus dès lors que sa future vie de star. Son existence bascule et ravage sa famille... Dans la grande tradition satirique italienne, avec des accents felliniens, Matteo Garrone, après "Gomorra", a remporté avec "Reality", pour la deuxième fois, en 2012, le Grand Prix du Festival de Cannes.
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" Matteo Garrone, en trois plans séquences, donne le ton de sa comédie grinçante. Il ne sera question que de cela
" Matteo Garrone, en trois plans séquences, donne le ton de sa comédie grinçante. Il ne sera question que de cela dans Reality : les faux-semblants, la poudre aux yeux et surtout la désolante et cruelle certitude de chaque individu à croire que la gloire est à portée de main.
(...) Tout dans cette mise en place gueule très fort un hommage nostalgique à la comédie italienne des grandes années (...)."
" ... Il y a quelques semaines, dans Superstar, Xavier Giannoli filmait un type foudroyé par une gloire qu'il ne souhaitait
" ... Il y a quelques semaines, dans Superstar, Xavier Giannoli filmait un type foudroyé par une gloire qu'il ne souhaitait pas. Luciano la veut, la désire, la traque. Il cristallise sur Grande fratello, comme le Fabrice de Stendhal sur Clélia Conti. Mais ça marche nettement moins bien : telle une grande coquette, Grande fratello se dérobe sans cesse.
S'il se bornait à taper sur la télé-réalité, tant décriée aussitôt qu'apparue, Matteo Garrone enfoncerait des portes ouvertes. Ce qui l'intéresse, c'est de dénoncer le fameux « quart d'heure de gloire » d'Andy Warhol, devenu avec le temps un désir planétaire. C'est tellement injuste de rester pauvre et inconnu quand d'autres pauvres et inconnus deviennent, pour des raisons mystérieuses, des demi-dieux.
Bien sûr, il faut aimer la comédie à l'italienne. Où on s'ébroue, où on gueule, où on s'engueule, où on exagère ses sentiments comme au théâtre, où on fait son cinéma... Matteo Garrone (...) y va fortissimo, multipliant les excès et les références : les files de figurants extravagants, par exemple, qui attendent pour un casting à Cinecitta évoquent irrésistiblement Fellini. Matteo Garrone le sait et en joue : il arrive même à rendre touchant et drôle le regard émerveillé de son héros qui découvre, soudain, ce monde d'illusions...
Il y a quarante ans, dans L'Argent de la vieille, Luigi Comencini racontait comment Alberto Sordi espérait sortir de la misère grâce à un jeu de cartes, le « scopone scientifico ». Aujourd'hui, le rêve, c'est la télé-réalité. Il y a cinquante ans, c'est une terrifiante Américaine sans âge (Bette Davis) qui réduisait à néant les espoirs de Sordi et de sa famille d'éclopés – et on pouvait y lire une allégorie politique. Aujourd'hui, l'impérialisme n'est plus seulement américain. L'imbécillité mondiale, telle une drogue dure, a envahi les esprits et leur a ôté toute tentation de révolte. Jadis, Alberto Sordi luttait encore. Aniello Arena, même plus...
Matteo Garrone filme avec brio la montée de la paranoïa : on songe au superbe plan séquence où Luciano transforme, peu à peu, les clients de sa poissonnerie en espions à la solde de Grande fratello. En quelques instants, le malaise l'emporte, qui efface brutalement la bonne humeur et l'insouciance."
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