Gangster, poète, cinéaste : Wakamatsu, 1936-2012 — L'enfant terrible du cinéma japonais
Un temps yakuza, Kôji Wakamatsu devient cinéaste après avoir purgé une peine de prison, en jurant de faire du ciné1
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Sadao, chef de rayon, abuse de Yuka, sa jeune employée. Il la séquestre chez lui et la traite en esclave. Jusqu'au jour où il laisse un couteau à côté d'elle.
Après un flirt poussé, Yuka accepte de monter dans l'appartement de Sadao, son employeur. Celui-ci la drogue à son insu, l'attache, la fouette, l'insulte et finit par lui raconter la dispute qu'il a eue avec sa femme insoumise et aujourd'hui défunte. Lorsque Yuka se réveille et découvre les marques qui recouvrent son corps, elle rentre dans une rage folle. Sadao tente d'abord de la raisonner, puis, incapable de résister à ses pulsions sadiques, il reprend ses sévices sur la jeune femme. Mais l'« esclave » va peu à peu se rebeller...
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" ... extrême, provocant et délirant. C'est surtout un film d'une sidérante beauté plastique, porteur par ailleurs d'une charge subversive
" ... extrême, provocant et délirant. C'est surtout un film d'une sidérante beauté plastique, porteur par ailleurs d'une charge subversive à retardement. Tourné entre les murs d'un petit appartement - à l'exception de la scène d'introduction -, ce huis clos retrace une aventure sexuelle d'un soir qui dégénère en un cauchemar sadien sans issue. L'argument du film repose sur l'apparence physique de la jeune femme, qui rappelle à l'homme celle de son ancienne épouse.
Sa présence dans ce lieu chargé des souvenirs de sa vie passée fait affleurer celui, traumatique et humiliant, de la fin de son mariage, et appelle irrépressiblement à la vengeance. Rapidement, la tendresse des jeux amoureux est parasitée par des accès de cruauté verbale, puis physique. Attachée, fouettée, séquestrée, la jeune femme est sommée de se comporter, au sens propre, comme une chienne, esclave absolue de son nouveau maître. Un tel scénario n'aurait rien de bien engageant s'il n'était pas mis en scène avec une virtuosité et une intelligence remarquables.
Construit comme un jeu de miroirs entre la scène d'humiliation originelle et le petit théâtre de la cruauté présent, le film revêt l'esthétique d'un tableau cubiste, mâtinée de petites touches surréalistes. Magnifiquement structurés par les lignes des portes entrouvertes, et celles que projettent leurs ombres sur les murs, les cadres le sont aussi par celles que dessinent, sur le corps de la jeune femme, les traces de fouet qui s'accumulent, ou les cordes qui la ligotent. D'audacieuses surimpressions, des plans parfaitement abstraits aussi, d'une élégance folle, décuplent par ailleurs la force d'expression d'un propos qui dynamite les structures du pouvoir patriarcal.
Car Wakamatsu est plus qu'un simple réalisateur de porno soft. Ancien yakuza passé par la prison, il a réalisé une centaine de films entre 1963 et 2007, mais reste surtout connu pour avoir produit et coécrit L'Empire des sens, d'Oshima. S'il n'a jamais véritablement quitté le genre "pink", c'est que l'érotisme et la violence sont pour lui les moteurs de la création, et les leviers d'une vision du monde fortement politisée. Quand il réalise Quand l'embryon part braconner, Wakamatsu n'est pas encore le militant d'extrême gauche actif qu'il deviendra à partir de 1968, mais le film recèle déjà un point de vue corrosif.
La situation d'asservissement paroxystique qui se joue entre ces murs doit être comprise comme l'allégorie de celle qui lie les personnages à l'extérieur, dans le monde réel, un chef de rayon et une vendeuse. A ce titre, la scène de l'émancipation mentale de la jeune femme est d'une puissance phénoménale. Alors qu'elle pensait avoir dupé son tortionnaire, elle se retrouve à nouveau à sa merci. Au lieu de montrer un nouveau déchaînement de sévices de la part du furieux misogyne, le cinéaste laisse au spectateur le loisir de l'imaginer seul. A la place, il donne à voir le visage de la jeune femme, blanc éclatant sur un fond noir, et à entendre son rire sonore, et sa voix intérieure. En pleine séance de torture, elle formule cette conclusion apaisée : "Pourquoi fuir, au fond ? Ma situation d'esclave sexuelle n'est pas moins enviable finalement que celle d'esclave sociale à laquelle j'étais réduite en tant que vendeuse." La liberté, la vraie, est à ce prix."
"D'une sidérante beauté dans le filmage de la nudité et le travail sur le son, la mise en scène puise une charge érotique insensée (...) un
"D'une sidérante beauté dans le filmage de la nudité et le travail sur le son, la mise en scène puise une charge érotique insensée (...) un sublime érotisme de l'invisible, où point aveugle et point G finissent par se trouver confondus."
Julien Gester"Loin du précipité complaisant, voyeuriste et misogyne (...), le film traque de manière étonnamment subtile les rapports de force entre le d
"Loin du précipité complaisant, voyeuriste et misogyne (...), le film traque de manière étonnamment subtile les rapports de force entre le dominateur et la dominée (...) et travaille chacun de ses plans avec virtuosité (...) Difficile de trouver plus intense et dérangeant."
Romain Le Vern"Une oeuvre fantasmatique sans concessions, dont l'atout majeur est la force onirique des visions mentales qui hantent le personnage."
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