Navigateur non compatible. Veuillez utiliser un navigateur récent
Trois femmes partagent une chambre dans une maternité. Chacune remet sa vie en questions face au doute et à la douleur d'enfanter.
Trois femmes partagent, pour une journée, une chambre dans une clinique d'accouchement. Chacune remet sa vie en questions... Un huis-clos intense où Bergman a condensé ses thèmes obsessionnels de la maternité, de la douleur de vivre et de la crise du couple en fixant sa caméra au plus près des visages. Prix de la mise en scène au festival de Cannes 1958 et prix d'interprétation collectif pour les quatre actrices.
Le lecteur n'est pas installé ?
Pour votre information, la lecture en mode hors-ligne n'est pas compatible avec le système d'exploitation Linux
" Le film est surtout remarquable par le somptueux bal de visages qu’il organise avec brio. On trouve là tout l’art du masque de Bergman (p
" Le film est surtout remarquable par le somptueux bal de visages qu’il organise avec brio. On trouve là tout l’art du masque de Bergman (préfigurant d’ailleurs celui de Persona), ce filtre des échange verbaux, étrange surface mobile directement connectée sur l’âme ou, plutôt, sur la conscience de son néant. Masque d’autant plus frappant qu’il n’est le fruit d’aucun maquillage – le visage des actrices apparaît tel quel – mais d’un habillage lumineux, aussi cristallin que contrasté (le chef opérateur est le « clinique » Max Wilén).
Le visage d’Ingrid Thulin, souvent couchée, forme dans le cadre une belle figure elliptique tourmentée, lui oppose sa rondeur de contour et son « brisé » de lignes internes. Celui de Bibi Andersson est une petite balle qui rebondit dans le cadre, sursaute et frémit. Celui d’Eva Dahlbeck est un quartier de lune qui se love en croissant dans les recoins du plan, l’épousant de tout son désir de maternité. Dès que la nuit tombe, que les éclairages s’éteignent, chaque faciès semble secréter sa propre lueur, nimbant ses parages d’une énergie magnétique qui bat sous les tempes et les paupières. Leur confrontation dans le montage dessine une étonnante montée pyramidale vers quoi ? Vers la fin, vers la sortie de l’hôpital.
Au seuil de la vie est également marqué par son fort ancrage théâtral, que Bergman ne cherche même pas à cacher, qu’il ne dépasse jamais, comme si le décor dans sa pauvreté (qui se réduit ici à fort peu éléments), les murs blancs dans leur pureté, pouvaient s’écrouler à n’importe quel moment. Ce n’est pas tant une question d’artifice que de vide. Bergman, homme de théâtre et de cinéma, qui écrivait ses pièces et ses films comme des nouvelles, qui « mettait en scène » absolument, s’inscrit d’abord dans une chambre noire, ou guettée par le noir. Son geste primordial, c’est d’exclure le monde aux portes de son drame, d’enfermer ses spectateurs dans une boîte, et de leur donner à voir un peu plus que des images : des mots pris dans des corps, des corps pris dans une lumière, un instant qu’on observe au microscope pour une heure et demie.
La chambre obscure, cette chambre d’hôpital où l’on ausculte les esprits, cette table d’opération calfeutrée, voilà le point d’indistinction entre cinéma et théâtre, deux frères ennemis si proches de nature, si différents de fait. À ce point, il n’existe rien de plus beau que cette platitude du théâtre filmé par Bergman."
" En 1958 (...) dans les salles, c'est la stupeur : on rapporte même des cas d'évanouissement - jusqu'à huit pendant une même séance dans u
" En 1958 (...) dans les salles, c'est la stupeur : on rapporte même des cas d'évanouissement - jusqu'à huit pendant une même séance dans un cinéma de Bergen, en Norvège ! Bergman n'a pourtant essentiellement filmé, comme à l'habitude, que des visages : des âmes ! Mais aussi des draps ensanglantés après une fausse couche, des genoux qu'on écarte au début d'un accouchement pas du tout sans douleur et les pleurs d'une fille-mère qui, après avoir subi un curetage de la main de son petit ami apprenti avorteur, a décidé d'aller jusqu'au bout de sa nouvelle grossesse.
Au seuil de la vie fut vite remisé dans l'ombre, comme s'il n'était pas possible de porter haut l'ambition du cinéma pour descendre si bas dans la peinture du malheur humain(...) Cette cruauté incompréhensible de l'existence, Bergman l'affronte avec un courage impressionnant. Il dit la douleur, l'absence de sens et, au coeur de la solitude où sont rejetées ses héroïnes, il les montre franchissant sans vraiment le comprendre ou le vouloir un nouveau seuil, celui de la survie. Magnifique."
" ... si les intentions philosophiques y sont moindres que dans Le Septième Sceau, le dépouillement dramatique y est de beaucoup supérieur.
" ... si les intentions philosophiques y sont moindres que dans Le Septième Sceau, le dépouillement dramatique y est de beaucoup supérieur. Les scénarios bergmaniens (on le verra aussi avec Les Fraises sauvages) paraissent tendre de plus en plus vers l’épure, vers l’incisive et linéaire perfection d’un dessin de Matisse ou de Picasso. Et pourtant, ce merveilleux classicisme (...) est tout vibrant de sensibilité. L’intelligence est le trait dominant de Bergman, sa lucidité s’exaspère d’une interrogation permanente sur l’être, d’un côtoiement perpétuel du néant : « Tout esprit lucide se suicide tôt ou tard », dit-il dans La Prison. Mais ce douloureux cheminement intellectuel ne s’accompagne jamais de sécheresse, il ne prend jamais les apparences d’une démonstration : les scénarios de Bergman comportent mille questions mais aucune réponse ; qu’on n’y cherche point de solutions, ils ne nous offrent que des problèmes ; loin d’apporter l’apaisement, ils ne suscitent que l’inquiétude. Mais quelle profonde humanité et quelle pénétrante sympathie dans ces drames et comment ne pas vivre et souffrir avec les jeunes amants de Jeux d'été, avec le clown de La Nuit des Forains ou avec le vieillard des Fraises sauvages ?
Dans Au Seuil de la Vie (...) le dépouillement de l’intrigue y atteint au suprême degré. Dans une chambre de clinique silencieuse et sonore comme un laboratoire, trois femmes sont offertes à l’impitoyable analyse d’une caméra-microscope (...) Dans cet univers quasi-abstrait (tout y est cruellement lumineux et aseptisé et, par ailleurs, le film ne comporte aucune musique), ces trois femmes réagissent in vitro comme des corps chimiques (...) si bouleversant soit-il, le film ne laisse pas de plonger dans un abîme de pensées et de susciter une foule de réflexions.
On a déjà remarqué que la femme occupe dans l’œuvre de Bergman, une place exceptionnellement importante et élevée. Ici encore, alors que les hommes n’apparaissent qu’épisodiquement et ne sont en tout état de cause que ridicules ou odieux, la femme est véritablement magnifiée (...) tous ses personnages de femmes sont admirablement attachants, merveilleusement avides de bonheur, sans jamais aucune bassesse ou abjection, même si leur quête emprunte parfois d’obscurs et tortueux chemins. Mais en même temps, il continue à faire d’elle l’objet de préjugés et de tabous, il nous offre de la femme une image qui est loin d’être libérée des malédictions et des fatalités ancestrales.
Au premier rang desquelles il faut placer la maternité, considérée comme la raison d’être, l’accomplissement de la femme : « Enfanter, c’est le vice de la femme », dit le vieillard des Fraises sauvages (...) sans cet « enfantement dans la douleur », l’idée bergmanienne de la femme perd l’essentiel de sa complexité : pour lui, la femme est toujours soumise à la vieille fatalité biblique."
Nos offres d'abonnement
BASIQUE ETUDIANTS
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 4,99€ /mois
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 6,99€ /mois
PREMIUM
9 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
15 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
*A l'exception des films signalés
BASIQUE ETUDIANTS
49 | ,99€ |
/an |
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
69 | ,99€ |
pour 1 an |
PREMIUM
99 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
175 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
Vous devrez fournir un justificatif de scolarité (carte étudiante ou certificat, en .pdf ou .jpg).
UniversCiné se réserve le droit d'annuler l'abonnement sans possibilité de remboursement si la pièce
jointe envoyée n'est pas conforme.
Offre valable 12 mois à partir de la date de l'abonnement
_TITLE