Vincent Dieutre : " L'amour tient-il de l'admiration ?"
Dans Jaurès, le cinéaste raconte les années heureuses passées aux côtés de Simon, homme à l'engagement admirable q1
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Un cinéaste montre à une amie les images tournées dans l'appartement d'un amant perdu. Par la fenêtre, il voyait ces clandestins qui dormaient dans la rue...
« Elle est venue voir. Je n’ai aucune photo de Simon à lui montrer, aucune trace que ces plans volés, pris des fenêtres de chez lui, du côté du métro Jaurès : le canal, les voitures, la vie de quartier et cette poignée de réfugiés afghans confinés sous la voûte Lafayette… Alors, Elle visionne avec moi, Elle m’interroge, nous voyons défiler les saisons de cette dernière année de ma vie avec Simon, les derniers mois du combat harassant des réfugiés pour trouver une place ici, à Paris. Bien sûr, tout est fini, campement et histoire d’amour, mais Elle et moi savons désormais que, l’air de rien, le monde entier en a été légèrement… transformé. » "Jaurès" est le relevé quotidien, au plus près, d’une réinvention infime mais précieuse, des notions épuisées que sont l’amour et la politique tels que le vingtième siècle nous les a léguées. A Jaurès, mon prochain n’est pas mon semblable, mon amant n’est pas mon copain, mon droit n’est pas mon dû, rien n’est acquis. Tout se renégocie jour après jour…
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" Si faire un film consiste à révéler des liens par le biais du montage, Jaurès en est un d'une belle manière puisqu'il ne parle que d'amour
" Si faire un film consiste à révéler des liens par le biais du montage, Jaurès en est un d'une belle manière puisqu'il ne parle que d'amour. De celui qui lia le réalisateur Vincent Dieutre à Simon, au fil d'une relation clandestine dont il tisse le récit en s'appuyant sur un dispositif d'autant plus opérant qu'il n'est jamais forcé. Face à la projection d'images qu'il avait pris l'habitude de tourner dans cet appartement où ils se retrouvaient, le cinéaste parle à Eva Truffaut, familière de ses oeuvres depuis Bonne Nouvelle, en 2001. A la relation amoureuse que Jaurès met au jour avec une évidence jamais prise en défaut s'en ajoute une autre, que le film relie progressivement à la première : l'engagement militant de Simon auprès des sans-papiers, que traduit à l'image la vie du camp de réfugiés afghans du canal Saint-Martin, à Paris, près du métro Jaurès, filmée de la fenêtre de l'appartement.
Au gré d'une remémoration sentimentale dont l'absolue franchise n'exclut jamais la dignité, le film évoque ainsi l'amour d'autrui et une forme de compassion qui éclate pleinement dans la scène finale. Plan-séquence nocturne qui associe à une image d'Afghans occupés à prier une chanson composée par Reynaldo Hahn sur un poème baroque, dont on n'aura entendu jusqu'ici que des bribes, et que le cinéaste chante avec Eva Truffaut, réunissant in extremis les fils de ce film intimiste et profond, d'une poignante délicatesse."
" ... Le film avance et on voit les choses de la vie avec Vincent, comme Vincent, grâce à Vincent, par la fenêtre. La vie des Afghans, leurs
" ... Le film avance et on voit les choses de la vie avec Vincent, comme Vincent, grâce à Vincent, par la fenêtre. La vie des Afghans, leurs gestes, les lumières d'en face, les voisins, les gens du métro, ceux de la rue, un mille-feuille de réalités. Car c'est un monde en coupe qui nous est donné à voir, avec toutes ses strates. Eh oui, "Nous ne pouvons aimer que ce qui, en nous, n'est pas nous" dit Pascal à ceux que remplit d'effroi la seule idée que le Je puisse être un autre.
L'idée de génie du film c'est bien sûr la voix off qui est une discussion entre Eva Truffaut et Vincent Dieutre lui-même, mais c'est aussi ces incrustations d'images animées (Guillaume Dimanche), qui viennent contaminer de façon discrète les images du réel. Génial contraste que ce "faux" qui n'est là que pour souligner, surligner le "vrai", en le rendant plus léger, un rien décalé, métaphysique.
On le sait - et Vincent Dieutre mieux que personne - les histoires d'amour finissent mal, en général. Dès le commencement Vincent sait et sent que cette histoire finira, qu'elle porte en germe sa finitude. Vincent Dieutre accepte le monde. Il accepte de ne pas avoir les clefs de l'appartement de Jaurès, il accepte de quitter Jaurès avec Simon le matin, pour ne revenir que le soir, toujours avec ou après Simon. On est troublé par cette acceptation, mais on comprend vite qu'elle ne rime pas avec résignation mais plutôt avec contemplation. Jaurès est un foyer qui n'est occupé par le couple que la nuit, le soir et au petit matin. Sur le canal, en face, les foyers des Afghans, leur brasero de fortune, eux non plus n'ont pas les clefs de la ville. Et le temps passe, Simon et Vincent sont de vrais amants puisqu'ils sont clandestins l'un dans la vie de l'autre. Amour de passage qui dure pourtant, précarité de la relation au quotidien..."
" C’est un film très beau, très délicat, très construit, comme scandé. Un film de cinéma de chambre. Vincent Dieutre (Mon voyage d’hiver, Ro
" C’est un film très beau, très délicat, très construit, comme scandé. Un film de cinéma de chambre. Vincent Dieutre (Mon voyage d’hiver, Rome désolée), assis en compagnie de l’une de ses amies (Eva Truffaut) dans un petit auditorium, projette les images qu’il a filmées avec sa caméra DV pendant plusieurs mois, peut-être plusieurs années, à travers la fenêtre de l’appartement de son amant d’alors (Simon), situé à la station de métro Jaurès à Paris, juste au-dessus du canal Saint-Martin, et d’où il pouvait voir le campement précaire installé par de jeunes clandestins afghans sous un pont (...) Personnage mystérieux et attachant que ce Simon : on ne le voit jamais dans le film, mais on entend parfois sa voix, on l’entend aussi jouer du piano, faire ses gammes, jouer du Bach (je crois). Parfois, l’amie pose une question, ou Dieutre lui en pose une (“Comment reconnais-tu que tu aimes quelqu’un, toi ?”). Le dispositif est à la fois sophistiqué et très limpide, d’une rare simplicité, et surtout d’une force d’expression incroyable : tandis que défilent les images de la vie quotidienne, au fil des saisons, des jeunes clandestins (indifférenciés), des visites de la police ou de bénévoles d’associations caritatives, on nous raconte une histoire d’amour.
On pense un peu bêtement à Fenêtre sur cour d’Hitchcock, au contraste entre le “petit théâtre” de Simon (cette superposition du canal, de la rue, du métro aérien) à travers sa fenêtre, et les sentiments que ressentent l’un pour l’autre deux hommes a priori si peu semblables (Simon affirme que l’art est inutile). On pense aussi à ce documentaire de Chantal Akerman, Là-bas, filmé entièrement d’un petit appartement de Tel-Aviv…
Politique, documentaire, sentimental, d’une grande chaleur humaine, romanesque (nourri d’anecdotes), Jaurès tisse doucement un réseau de récits parallèles qui finissent par former un tableau au présent d’une époque, de ce qui se déroula au carrefour Jaurès ces années-là : la misère des hommes afghans, mais aussi leur vitalité (le dimanche, ils se font beau pour aller se promener dans les rues), les voitures qui passent sur les boulevards, la lumière dans le ciel, ou une colombe blanche qui se pose étrangement sur le rebord de fenêtre, la profondeur jamais exprimée véritablement de la liaison secrète entre Vincent et Simon.
Et puis les voix, les mots qui décrivent les sentiments des deux commentateurs complices de ces images : nous voici devant une tranche de réel et de temps, le souvenir enregistré à jamais de ce qui advint en 2010 à Paris au métro Jaurès, et ne reviendra pas. C’est sublime."
vim42 au sujet de
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