Né le 21 juillet 1955, Béla Tarr est d'abord ouvrier, portier dans une maison de la culture, avant d'entrer en contact avec le studio Béla Balazs dont il devient membre actif. C'est dans ce cadre qu'il réalise Le Nid familial (1979). Une oeuvre de jeunesse, réalisée en quatre jours seulement. S'inscrivant par la suite à l'Ecole supérieure de cinéma et de théâtre de Budapest, il y réalise l'Outsider (1980).
Il crée en 1980 le studio indépendant Tàrsulàs (que les autorités hongroises fermeront cinq ans plus tard), forgeant peu à peu un style, lent et centré sur le social, illustrant avec talent l'un des courants de l'école de Budapest (cinéma sociologique réalisé à partir d'une "étude sur le terrain" et souvent joué par des non professionnels). Il réalise ainsi Rapports préfabriqués (1982), Almanach d'automne (1984) et Damnation (1987).
Il part enseigner à la Filmakademie de Berlin. En 1994 sort Sátántangó, film de plus de sept heures sur la chute du communisme.
En 2000, Bela Tarr tourne Les Harmonies Werckmeister, son premier film à être distribué en France. Il devient alors un cinéaste culte ce qui permet la sortie de Damnation (1987) et du Sátántangó (1994).
À partir de 2004, Béla Tarr travaille sur un nouveau projet, L'Homme de Londres, adapté d'un roman de Georges Simenon, mais le suicide de son producteur Humbert Balsan en février 2005 retarde considérablement le projet et le tournage démarré à Bastia en Corse. Malgré des difficultés de production, le film reprend et participe même à la compétition officielle au festival de Cannes 2007.En février 2011, Béla Tarr présente Le Cheval de Turin à la Berlinale, il remporte un Ours d'argent. Ce film est, selon ses propres dires, le dernier qu'il réaliserait parce qu'il pense que le public ne veut plus de ce cinéma-là et que le processus de production devient de plus en plus difficile en Hongrie. Béla Tarr est néanmoins sujet de ces dépressions aussi vives que passagères. Lors de la master class organisée par le centre Georges Pompidou au sein de la rétrospective intégrale de ses films, Béla Tarr, l'alchimiste, entre décembre 2011 et janvier 2012, il semble avoir repris espoir : il a l'intention de fonder une école de cinéma en Hongrie.