Disposés comme des fantômes sur une scène où leur raison chancelle, ses personnages brûlent d’un feu intérieur dans un monde chaotique. Chéreau orchestre leur lente course vers la mort en de somptueuses marches funèbres.
Parmi toutes ses mises en scènes, il aura été fidèle à un jeune auteur, Bernard-Marie Koltès dont il a monté toutes les pièces. Et sa participation à l'école de théâtre des Amandiers de Nanterre, à la fin des années 80, lui aura permis de trouver une nouvelle inspiration avec de jeunes acteurs qu'il aura contribué à former et qu'il emploie de façon régulière : Vincent Perez, Valeria Bruni-Tedeschi, Bruno Todeschini...
Sa Reine Margot, avec Isabelle Adjani et Jean-Hugues Anglade, aura été une entreprise très à part et très ambitieuse, parrainée par des noms incontournables du cinéma populaire (Claude Berri à la production, Danièle Thompson au scénario) mais gardant la singularité tragique et sanglante que voulait mettre en lumière Chéreau de l'oeuvre de Dumas.
On sent l’influence de ce touche à tout de génie jusque dans l’image, les décors, les costumes, la lumière… Et bien sûr, la direction d’acteur : chaque séquence est filmée comme une déflagration. S’il revendique deux influences majeures - Orson Welles et l’expressionnisme allemand - l’ombre de Dostoïevski plane également sur son œuvre dont le climat n’est qu’effervescence, cruauté et compassion.
Il décède le 7 octobre 2013 des suites d'un cancer.