Nobuhiro Suwa au travail
Le cinéaste japonais revient sur l'expérience du film 2/Duo, projet en mouvement continu, qui n'a cessé d'év1
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Yu, vendeuse dans une petite boutique, habite avec Kei, un acteur fauché. Un jour, Kei propose à Yu de l'épouser. Cette demande perturbe l'équilibre du couple.
Yu, vendeuse dans une petite boutique, habite avec Kei, un acteur fauché qui vit à ses crochets. Un jour, après une violente dispute, Kei propose à Yu de l'épouser. Cette demande inattendue perturbe l'équilibre du couple... Le premier long-métrage de Nobuhiro Suwa.
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" Le résultat est impressionnant : il (Suwa) est parvenu à filmer le processus inexorable des disputes qui s'enveniment, l'enfermement dans
" Le résultat est impressionnant : il (Suwa) est parvenu à filmer le processus inexorable des disputes qui s'enveniment, l'enfermement dans une relation mortifère à laquelle l'un comme l'autre sont accros et l'enfoncement vertigineux dans la dépression. Attention à l'effet contagieux sur d'autres couples ! "
La Rédaction" Un drame en huis clos où le cinéaste, entre acmés de violence et silences douloureux, capte en creux et de manière intuitive l’écho étouff
" L'amour n'est pas logique. Et rien ici ne l'est vraiment. Les personnages sont un peu comme les poissons qu'ils ont chez eux, des agités d
" L'amour n'est pas logique. Et rien ici ne l'est vraiment. Les personnages sont un peu comme les poissons qu'ils ont chez eux, des agités du bocal. Ils agissent à rebours de ce qu'ils disent, se font des scènes, du mal, en riant parfois. Pour se tester ? On dirait le journal filmé d'une expérience in vivo, un peu sadique, sur le couple et sa routine, le déséquilibre dû à l'argent, le désarroi face au possible désamour. Avec un jeu constant autour de la représentation de soi. Pour saisir par exemple le fond de la pensée de ces tourtereaux bizarres, le cinéaste les interroge dans un coin, séparément, façon interview ! On finit par en savoir un peu plus, quoique... Le film surprend sans cesse, en voilant une sensibilité d'écorché. "
Jacques Morice" Dans son premier film de fiction, Nobuhiro Suwa, qui jusque-là s’était consacré au documentaire, joue de manière troublante sur les fronti
" Dans son premier film de fiction, Nobuhiro Suwa, qui jusque-là s’était consacré au documentaire, joue de manière troublante sur les frontières entre les deux genres. Comme Un couple parfait, 2/duo interroge la notion de couple (1+1=2) et de duo (1+1=1+1) associée à celle du trouble de l’identité (1=2). Ces notions sont au coeur de la démarche esthétique du film. Au début on voit Kei, acteur de cinéma, répéter inlassablement sa ligne de texte avant le tournage d’une scène qui ne sera finalement pas retenue au montage. Rentré chez lui, face à Yu, il continuera de répéter sa phrase, insinuant le doute dans l’esprit de sa compagne et dans celui du spectateur : qui parle quand il parle ? D’ailleurs elle ne tardera pas à lui demander : « C’est quoi la prochaine réplique ? »
Dans un café, une femme prend Yu violemment à partie. Puis une autre lui demande : « Mais vous n’êtes pas Noriko ? ». De toute évidence, elle a été prise pour une autre. A plusieurs reprises, au cours du film, les acteurs font face à la caméra et répondent aux questions du réalisateur. Mais est-ce l’acteur qui répond, ou le personnage ? Et lorsqu’après une ellipse non signalée, on retrouvera Kei et Yu quelques mois plus tard seront-ils encore les mêmes ? Lui, devenu agent commercial, croit la reconnaître sortant en vélo d’une usine. Il la suit en voiture, la caméra cadrant, depuis le siège passager, à la fois le conducteur et la jeune femme essayant vainement de le distancer. La scène est étonnante (y compris comme prouesse technique) mais tout le film ne cesse de mettre ainsi à l’épreuve les acteurs-personnages, tenus d’improviser au cours de plans-séquences dont on ne peut prévoir l’issue. L’hystérie peut se manifester sans crier gare pour retomber aussi vite. On retrouvera ce goût de l’expérimentation dans les films suivants, formellement plus aboutis, ou du moins plus léchés. Mais le côté pas très fini de 2/duo ne fait que renforcer la force déstabilisante de cette oeuvre qui intrigue et captive. "
" Il y a une grande différence entre être 2 et former un duo. C’est par soucis d’indépendance (financière, affective) qu’il faut rompre avec
" Il y a une grande différence entre être 2 et former un duo. C’est par soucis d’indépendance (financière, affective) qu’il faut rompre avec sa réplique, briser le couple. Mais chaque corps est indissociable de son reflet et la séparation définitive semble impossible tout comme la mise à distance inéluctable (le film pourrait s ’appeler 2/Duo/2/…). Là où réside l’une des plus grandes beautés du film, c’est justement dans sa façon de crier sa propre indépendance, de faire se relayer la situation de fiction avec le processus de création de celle-ci. Il y a en effet, et ce n’est pas juste jouer à doubler les mots, une autre forme de réplique au cinéma : celle de l’acteur. Or, le personnage de Kei est acteur (une réplique de lui-même) ou plutôt tente de l’être au début du film. Il doit jouer un petit rôle (quelques mots) dans un film qui se fera finalement sans lui, cette réplique sonne très fort à y repenser : «Chef, je crois que ce projet n’est pas réalisable, ce n’est pas réaliste» (approximativement).
Effectivement, le projet de Suwa est irréalisable s’il faut apprendre des répliques, l’improvisation seule en permet la si forte existence. Le projet du couple lui-même est voué à l’échec. Ce n’est pas un hasard si l’élément déclencheur des tumultes du couple soit ce ras-le-bol des répliques, du faire semblant. Yu maquille Kei, comme on maquille un clown ou une marionnette. Lui réagit vivement, il ne veut plus être acteur, ne veut plus faire semblant. C’est à ce moment clé que le régime improvisatoire de Suwa se développe à plein régime, les acteurs ont décidé de ne plus jouer mais de faire le film..."
" (...) Nobuhiro Suwa filme avec une infinie délicatesse le délitement d’un couple dans de longs plans-séquences qui se répondent en miroir,
" (...) Nobuhiro Suwa filme avec une infinie délicatesse le délitement d’un couple dans de longs plans-séquences qui se répondent en miroir, formant une suite de rimes enchaînées. (...) Cette manière, précieuse autant que rare, d’être libre au cinéma. "
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