Jean-Claude Brisseau : la découverte du cinéma
VIDEO | 2012, 15' | Le réalisateur de Noce blanche et des Anges exterminateurs revient sur ses premières amours ci1
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Lasse de sa vie et de son amant, une jeune femme décide de tout quitter. Ses nouvelles rencontres la conduisent vers des plaisirs jusqu'alors inconnus.
Lasse de sa vie et de son amant, Sandrine, une jeune femme, décide de tout quitter. Elle vagabonde, croise sur un banc un homme auquel elle se confie et, dans un café, rencontre Greg, qui veut devenir psychiatre. À sa demande, il lui explique les mécanismes de l’inconscient, puis ils font l’amour. Une relation s’établit et il lui fait rencontrer son amie Sophie qui s’initie au plaisir de la soumission avec Jérôme. Jérôme vit avec Mina, qui participe à ses jeux érotiques et leur explique que la soumission est pour elle une philosophie de vie et un repos de l’âme. La jeune femme demande alors à Greg, praticien de l’hypnose, de la soumettre à une séance. Elle souhaiterait retrouver ainsi des états d’extase mystique plus forts que n’importe quel orgasme.
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"Dialogues d'une rigueur et d'une limpidité inédites (...) La réussite d' A l'aventure, c'est
"... Un fantasme habite le cinéma de Brisseau depuis ses débuts : celui d’une femme qui se masturbe (une image qua
"... Un fantasme habite le cinéma de Brisseau depuis ses débuts : celui d’une femme qui se masturbe (une image quasiment balthusienne), dont l’orgasme est tellement fort (chez Brisseau, il est souvent répété que l’extase féminine est nettement plus intense que l’extase masculine) qu’il ouvre non seulement une porte sur la libération des sens, mais aussi celle de la connaissance scientifique. Cette seule idée irrigue son cinéma comme la volonté de domination masculine (une volonté à la fois honnie et excitante) habite tout le cinéma de Catherine Breillat. Idée folle (d’où vient-elle ? peu importe, nous ne sommes pas psy), mais idée poétique. Car la force de Brisseau, c’est de la transformer à la fois en spectacle et en utopie.
Son génie malaisant réside dans la forme classique qu’il donne à son cinéma, dans sa volonté de mettre en forme les corps de ses actrices (sublimes, il faut le dire), dans les ballets qu’elles proposent (ces scènes de masturbation haletantes et endiablées). Brisseau filme au plus direct (personnage au centre de l’écran), dans un style très sobre presque impersonnel, sans effet, donc sans jugement sur le comportement de ses personnages, sans commentaire personnel. Plus qu’à Hitchcock, au fond, il fait penser à Tourneur : exiger du hors-champ ce qu’il ne sait filmer – l’exhibition systématique du sexe féminin étant une façon de ne pas montrer l’érection masculine, toujours tue, cachée et angoissante.
Le film semble vouloir nous entraîner dans un rêve d’ailleurs. Mais un très beau personnage, celui de Mina, explique qu’elle a trouvé le bonheur en annihilant son moi. Il en est de même pour le cinéma de Brisseau : c’est quand il disparaît derrière ses personnages qu’il les filme le mieux. Et c’en est troublant et bouleversant."
"... on sait déjà, presque trop vite, que ça fera trilogie, qu’avec Choses secrètes et les Anges ext
"... on sait déjà, presque trop vite, que ça fera trilogie, qu’avec Choses secrètes et les Anges exterminateurs, celui-là va une fois encore partir au feu. Les deux précédents épisodes n’avaient donc pas tout dit, ils n’avaient pas été aussi loin que ça (on le leur a pourtant reproché, d’aller loin) : ils avaient fait l’erreur d’en rester au plaisir, de s’en tenir à l’expression de vérité d’un visage au moment où il est dépassé par la vague qui le submerge.
La grande aventure d’A l’aventure, c’est de vouloir atteindre un arrière-monde derrière la jouissance, plus immense encore. Que la jouissance n’est pas la mort petite, chère à Bataille. Ni le vertige délirant du dire qui innervait la mécanique sadienne (même si de sadomasochisme il sera un petit peu question). Encore moins la jouissance pour la jouissance, le cul pour le cul, le plaisir hédoniste. Peut-être brûlera-t-on en cherchant du côté de l’hystérie, en embrayant le pas à Charcot.
Toutes ces propositions, Sandrine, Sophie, Françoise, Greg vont les essayer. On dirait des gosses à qui on a posé une devinette et qui vont jouer leurs réponses sur une scène. En enfilant le costume, en usant de dispositifs eux-mêmes usés jusqu’à la corde, pariant sur le cliché pour laisser advenir de la surface, de la platitude, un monde surnaturel. Alors, Brisseau laisse faire ses marionnettes, en espérant qu’elles aillent jusqu’au bout de la révélation, qu’elles atteignent la vérité. Il est à ce moment-là le dernier cinéaste à se souvenir que le cinéma est né la même année que la psychanalyse et les rayons X (sans jeu de mots !) et a donc toujours à faire avec l’hypnose.
Il est aussi, à ce moment, un grand naïf. Mais la naïveté de Brisseau est légendaire. Elle lui appartient en propre. Elle est le cœur de son cinéma (...) Depuis vingt ans, cette naïveté passe par un alliage d’enseignements tous azimuts, de sexualités essayées et de mystique plus ou moins avouée. Pas cette fois : la mystique reprend ses droits, elle est redevenue chez lui la vérité de tout. La lévitation, le chemin de la connaissance, nos vies avant nos vies sont l’aventure de la jouissance et son horizon : Cosmic Brisseau."
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