
La Playlist UniversCiné de Cyprien Vial
VIDEO | 2015, 7' | Le jeune cinéaste français, découvert l'année dernière avec son premier long-métrage Bébé Tigre1
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Un publicitaire, pour qui la sexualité est une quête permanente, est victime d'un accident de voiture. Il y découvre une piste pour de nouveaux plaisirs.
Les jeux de l'amour, du sexe et du hasard. Pour James Ballard, producteur de films publicitaires, et sa femme Catherine, la vie sexuelle est une quête permanente, et le monde une abstraction vue de la fenêtre de leur immeuble qui surplombe un nœud autoroutier. Victime d'un accident de voiture, Ballard y découvre une nouvelle piste à suivre qui sent bon le danger et la mort. "Certes, c'est un film spécial" a précisé David Cronenberg quand il a reçu à Cannes le prix spécial du jury « pour son audace et son innovation », selon les mots de Francis Ford Coppola, qui le présidait.
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"Applaudissements et enthousiasme des uns, fureur ou mépris des autres. Crash est le film le plus controversé du festiva
"Applaudissements et enthousiasme des uns, fureur ou mépris des autres. Crash est le film le plus controversé du festival de Cannes en 1996 (...) À lire ou entendre les arguments pour ou contre, on se rend vite compte que les positions critiques sont irréconciliables. Mieux vaut, pourtant, une controverse de ce genre que le consensus réconciliant, depuis pas mal de temps déjà, la plupart des critiques français dans la célébration comme événement de films qui n'en sont pas. Crash est une oeuvre très dérangeante, qui provoque un malaise. On ne le nie pas. On dit : tant mieux.
(...)
Chez Cronenberg, tout est dans la façon de montrer sans fard et sans point de vue moral, ce qui peut aller titiller le spectateur jusqu'au fond de son inconscient et le mettre en face de pulsions qui, un jour peut-être, ne seront plus forcément inavouables (...)
C'est d'une cruauté absolue, la représentation véritable, à laquelle aucun film pornographique n'est jamais parvenu, d'un rapport sexuel à l'excitation et à l'aboutissement orgasmique décuplés par l'expression verbale d'un fantasme. Ce fantasme est d'ailleurs réalisé, vers la fin du film, par James et Vaughan dans une voiture, après un rituel de tatouages cicatriciels entre les deux hommes."
" En ritualisant les scènes érotiques qu’il filme toujours comme la réalisation de fantasmes, Cronenberg &ea
" En ritualisant les scènes érotiques qu’il filme toujours comme la réalisation de fantasmes, Cronenberg échappe à la banalité qui entache trop souvent les scènes d’amour physique à l’écran. Il transcende aussi le cliché de la voiture symbole de puissance sexuelle.(…) L’action est censée se dérouler dans une grande ville de nos jours, mais le traitement de l’espace et de la lumière (collaborateur de Cronenberg depuis Faux semblants, Peter Suschitzky s’est surpassé) contribue à déréaliser un environnement quotidien. Qu’il s’agisse du couloir et de la chambre d’hôpital, hantés par le spectre de souffrances passées et à venir, ou du parking de l’aéroport, véritable rampe de lancement vers de nouveaux coïts de tôles froissées sur des bretelles d’autoroutes remplies de partenaires potentiels, l’anonymat des lieux accentue l’impression d’enfermement des héros dans un univers fantasmatique où ils se perdent pour communier avec l’être aimé.
Car Crash raconte aussi la poignante histoire d’un couple qui trouve son second souffle en s’ouvrant à de nouveaux horizons, l'histoire d’un amour appelé à grandir jusqu’à exploser dans une ultime déflagration automobile. D’où la parenté du finale avec celui de La Mouche, qui montrait l’héroïne se décider à abattre son amant métamorphosé en insecte visqueux."
"On est frappé par l'éblouissante logique qui mène Cronenberg des petits films fantastiques canadiens de ses
"On est frappé par l'éblouissante logique qui mène Cronenberg des petits films fantastiques canadiens de ses débuts (Rage, Frissons) à ce véritable diamant noir, où sont réunies toutes ses préoccupations. Poète du dérèglement, de tous les dérèglements (organiques, psychologiques), il pose, une nouvelle fois, la question qui le hante : jusqu'où peut-on aller par amour ? Question que se posaient déjà les jumeaux de Faux-Semblants, indissociables jusque dans la mort ; et l'héroïne de La Mouche, devant son amant transformé en insecte monstrueux ; et le diplomate de M. Butterfly, qui se suicide habillé en geisha parce qu'il refuse d'admettre que la chanteuse qu'il aime est un espion chinois travesti... Dans Crash, le dérèglement des personnages est interne. D'où un film épuré, sans images-coups de poing, lisse, nocturne, et mélancolique comme la superbe musique d'Howard Shore qui l'accompagne (...)
Chez lui, c'est bien de mourir d'amour dans un monde inhumain qu'il s'agit. Si Crash peut créer un malaise profond, c'est qu'il débusque des peurs enfouies en chacun de nous, et montre, sans faux-semblants, les gouffres où peut mener le désir. Une chose est sûre, dans ce film faussement glacial, les seules cicatrices inguérissables sont intérieures. Et pour le dire, Cronenberg a réussi un film brûlant et désespéré."
"(...) Le cinéma de Cronenberg est une série de mutations : le corps comme manifestation monstrueuse et matricielle de l
"(...) Le cinéma de Cronenberg est une série de mutations : le corps comme manifestation monstrueuse et matricielle de la souffrance psychique (Chromosome 3), l’altérité psychique dissimulée sous le même corps (les jumeaux de Faux-Semblants), le corps comme grand ordinateur échangeur d’informations (ExistenZ), le corps sexué qui est toujours autre que ce qu’il ne laisse apparaître (M. Butterfly), la progressive (et lente) transformation du corps humain en un Autre (La Mouche), ou bien encore l’écran comme extension physique et psychique du corps humain (Videodrome). La « nouvelle chair », pour reprendre l’expression du film Videodrome, c’est la découverte d’un corps infini, prenant à la lettre la fameuse phrase d’Artaud « Moi je n’ai pas d’esprit, je ne suis qu’un corps » (Suppôts et suppliciations (1978) – Ed. Poésie/Gallimard). Le corps ne vient pas du tout, c’est le tout qui vient du corps : « c’est par la peau qu’on fera rentrer la métaphysique dans les esprits » (Artaud, Le Théâtre et son double).
La totalité, la toute-puissance presque schizophrénique de l’individu sur le monde, fait sens au travers de son propre corps, ouvrant un champ infini de possibilités, de mutations, mais également de destructions. Le Moi infini est synonyme de corps infini, chez Cronenberg comme chez Artaud, et le cinéma montre les manifestations visuelles de ce corps infini ainsi que ses conséquences sur le sujet et sur notre monde : « La peau humaine des choses, le derme de la réalité, voilà avec quoi le cinéma joue d’abord » (Artaud, La coquille et le clergyman).
Crash, qui reçut pour son « ingéniosité » le prix spécial du jury présidé par Francis Ford Coppola en 1996 à Cannes, s’inscrit dans la lignée de cette longue exploration du corps et de ses mystères. Ou comment la pulsion de mort et la souffrance physique sont synonymes de pulsion sexuelle et d’extase orgasmique. La mort, c’est la conscience de la vulnérabilité de notre propre corps, soumis aux lois du temps et de la dégradation physique. Et cela, pour les personnages de Crash, est source d’une excitation sexuelle qui outrepasse les limites de la morale, vis-à-vis du corps des autres, mais également vis-à-vis de son propre corps. (...)"
Retrouvez l'intégralité de la critique sur Le Bleu du Miroir.
"(...) Idée fixe de Cronenberg, les dépendances du corps qu'elles soient sexuelles, technologiques ou li&eacut
"(...) Idée fixe de Cronenberg, les dépendances du corps qu'elles soient sexuelles, technologiques ou liées à une quelconque substance toxique, et le plus souvent les trois à la fois se retrouvent au cœur de Crash. Cette fois, c'est de la plus banale d'entre elles qu'il sera question, celle qui enchaîne l'homme au plus commun de ses engins de mort, la voiture. Inventée en même temps que le cinéma, ou presque, l'automobile est devenue le symbole de sa modernité. Alors qu'elle était synonyme de voyage et d'exploration de l'univers, de la recherche de son sens caché, la bagnole devient ici l'unique lieu du désir. Elle est privée de sa fonction première, le mouvement, pour devenir un endroit clos sur lui-même, une chambre d'amour montée sur quatre roues. Il ne s'agit plus de bouger, encore moins de partir, mais de se perdre dans de fascinants voyages immobiles. (...)"
Retrouvez l'intégralité de la critique sur Les Inrockuptibles.
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