Les paysans, tels qu'ils sont...
" Pour sa première expérience au cinéma, Christian Drillaud est parti à contre-courant des modes", écrit Marie-Eli1
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Dans une ferme du Poitou, une veuve et ses enfants se sentent inadaptés à un mode de vie qu'ils ne peuvent pourtant pas quitter.
Portraits du monde paysan du Poitou. Le corps de Yolande, la patronne du café rural est retrouvé sans vie. Mais "ceux qui restent" sont-ils plus vivants ? Une veuve et ses enfants se sentent inadaptés à un mode de vie qu'ils ne peuvent pourtant pas quitter. Rumeurs, travail difficile, quotidien en huis-clos étouffant en pleine campagne... Le premier film du comédien Christian Drillaud.
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" Malgré ce que les premières images suggèrent, il ne s’agit pas ici d’une enquête policière. Christian Drillaud autopsie devant nous la le
" Malgré ce que les premières images suggèrent, il ne s’agit pas ici d’une enquête policière. Christian Drillaud autopsie devant nous la lente pourriture d’un monde en décomposition. Monde fissuré comme la toiture de la ferme. Monde clos, qui se refuse à évoluer, qui se replie sur ses gestes quotidiens, et qui rêve d’une Espagne mythique où il n’ira jamais, ou de trains merveilleux, sur les pages jaunies d’un magazine. Monde qui rejette sa faute sur l’« autre », celui qui ne vit pas comme lui, celui qui ne lui ressemble pas, et dont il fait le porteur de tous ses péchés.
(…) Christian Drillaud réussit parfaitement à nous entraîner là où il veut, entre la métaphore et le quotidien, tout en demi-teintes. Sur les ombres du temps et de l’espace, qui se figent en de longs plans fixes, répétitifs, des silhouettes se découpent. Personnages fragiles, secrets, auxquels les comédiens — tous remarquables— insufflent une touchante vérité. C’est un premier film. Il en a, sans doute, les maladresses. Mais un ton neuf s’y révèle, une sensibilité."
" Refusé à l'avance sur recettes, le film réalisé par Christian Drillaud et projeté au Studio St-Séverin, dans le cadre de la campagne entr
" Refusé à l'avance sur recettes, le film réalisé par Christian Drillaud et projeté au Studio St-Séverin, dans le cadre de la campagne entreprise par la Société des réalisateurs de films en faveur du nouveau cinéma français (il bénéficiera ensuite, à ce titre, d'une sortie dans une vingtaine de villes de province) s'impose d'emblée comme une œuvre très riche, personnelle, déconcertante au premier abord car très originale.
L'image du milieu rural proposée par ce film ne ressemble pas en effet à ce que nous avons en la matière coutume de voir. Ce n'est pas un film militant ou simplement documentaire illustrant le constat des difficultés économiques, culturelles et sociologiques de la paysannerie. ce n'est pas non plus le cliché bucolique et écologique que l'on retrouve dans d'autres films. S'il faut à tout prix trouver des références, j'avancerai, toutes proportions gardées (et pour sa violence) La Terre au ventre de Tony Gatlif ou Une saison dans la vie d'Emmanuel de Claude Weisz (pour son pessimisme) ou encore, pour le regard (mélange de lucidité cruelle et de tendresse), l'oeuvre de Jean Vigo.
Issu d'un milieu rural modeste où il a vécu jusqu'à sa majorité et avec lequel il garde des contacts étroits (son père était cordonnier dans le Poitou). Christian Drillaud, comédien professionnel, a fait, au prix d'incroyables difficultés et avec des moyens dérisoires (200 000 francs !) le film qu'il portait en lui et qui sera peut-être son seul film, ou du moins celui qu'il lui fallait absolument faire, toute affaire cessante, parce qu'il fallait qu'il dise ce qu'il avait impérieusement besoin de dire (...)
une suite de portraits violents et crus, qu'il s'agisse des « vieux » (le petit propriétaire à qui la rumeur prête des instincts libidineux, sa mère, silhouette noire et silencieuse affichant un sourire absent, le couple de métayers), des trois jeunes gens : Coco qui trouve dans une attitude violente l'inutile exutoire à une situation sans issue. Pepette et Riri sous-prolétaires ruraux aux instincts sexuels réprimés, ou des deux jeunes femmes : Colette, seul personnage chez qui on peut imaginer la possibilité d'une sortie de ce ghetto. Gilberte, enfin, enfermée dans le mutisme et la débilité.
Ce huis clos rural et terriblement pessimiste — car aucun échappatoire n'est suggéré — est encore accentué par une image cadrant « étroit », enfermant les personnages dans un monde végétatif et délabré. Quelquefois la caméra prend une légère distance en un plan qui sépare deux séquences et qu'accompagne une musique surannée et obsessionnelle, mais là encore elle cadre court sur la ferme, vue à mi-distance et installée à perpétuelle demeure au centre de l'écran. Sans doute aucun paysan n'acceptera de se reconnaître en ces personnages et pourtant ils existent, et en ce sens le film est réaliste et cela même si cette campagne poitevine a été filmée en Beauce, même si les intérieurs paysans ont été tournés à Paris, dans de vieux appartements du Marais, même si le réalisateur implique dans ses personnages ses propres fantasmes.
A tout le moins le rural que l'exode rural a chassé concédera au film une certaine véracité, ou encore l'habitant d'un terroir interprétera cette vision pessimiste comme correspondant à l'image qu'il se fait de l'agriculture deshéritée d'un autre terroir...
Film personnel, dérangeant, construit en boucles, ne débouchant sur aucun espoir, A vendre, donne une image très pessimiste du devenir de cet autre monde, dépassé, condamné (c'est la thèse de l'auteur) que constituent certaines campagnes françaises anachroniques, marginalisées et « laissées pour compte ». Pour Christian Drillaud aucun espoir politique ne perce qui autoriserait la perspective d'une brèche. D'où ce film « noir », cette galerie de personnages métaphoriques qui nous interpellent et nous provoquent par leur solitude. Christian Drillaud n'est pas cependant un observateur détaché, cet abandon, cette « dérive » du monde rural le choque profondément, d'où aussi, cette tendresse déjà notée pour les protagonistes, d'où cette référence un peu abusive peut-être que j'ai suggérée avec le cinéma de Jean Vigo..."
" Le monde rural y est présenté sous son vrai jour, pauvre, anachronique. (...) Christian Drillaud, ne pouvait pas se laisser prendre au mir
" Le monde rural y est présenté sous son vrai jour, pauvre, anachronique. (...) Christian Drillaud, ne pouvait pas se laisser prendre au mirage du retour à la nature. La campagne, il connaît, il en est l'un des fils. Il en a la sobriété d'élocution, la pudeur, la révolte. Pas étonnant, dès lors qu'il ait souhaité en faire le champ de sa première expérience (...) Un chant désespéré qui rassure sur l'avenir du cinéma."
Marie-Elisabeth Rouchy" Contrairement aux quelques rares films qui ont pris le monde rurai comme objet, A vendre se place hors de toute approche particulariste o
" Contrairement aux quelques rares films qui ont pris le monde rurai comme objet, A vendre se place hors de toute approche particulariste ou pittoresque. Pas de goût du terroir ici, pas d’accent ou de patois, pas de mythe « cycle des saisons », etc.
Lieux et personnages n'ont ni identité ni nom précis, ils existent comme un monde réduit à l’état de schéma : une grande ferme en métayage, la famille qui l'occupe, le propriétaire, le bistrot du village et Yolande qui le tient... Comme le constat objectif, quasi clinique, de la perte de substance de l’univers paysan, de son anachronisme surtout. « Quinze hectares, maintenant, c'est tout juste un jardin », y dit l’un des protagonistes.
Néanmoins, ce monde et ses personnages existent. Et Christian Drillaud le montre à travers le poids des rapports qu'ils entretiennent. Rapports anciens, polis par la répétition, inamovibles et quasi inchangeables. Chacun a sa place, connue et reconnue par tous. Rien ne bouge, mais tout s'effrite. Il y a de la mort dans cette vision pétrifiée. « Qu’est ce qui se passe ? » demande la mère. « Justement, il ne se passe rien », répond le fils. Cette absence, palpable jusque sur l'écran dans les silences qui marquent plus que les mots chaque dialogue, ces non-événements dégagent pourtant une sorte de mystère, d'énigme. Et d'autant plus forts que ce qui y sourd le plus fortement, c'est le sexe, l’argent, le meurtre inexpliqué de Yolande qui ouvre et clot le récit.
Extrêmement soignée et économique, la mise en place de la fiction résulte d’une observation suffisamment attentive et juste pour être crédible. Quelques signes forts incarnent pertinemment l’univers paysan. Un seul plan de la ferme, revenant ensuite comme un leitmotiv, signifie et le bâtiment et l’espace dans lequel il s’inscrit, sans qu’il soit besoin d’aller plus loin dans la découverte des lieux et leur description. Il en va semblablement pour le costume ou le dialogue.
Le travail principal de Christian Drillaud a, semble-t-il, plus spécifiquement résidé dans la manière de déplacer personnages et situations dans un cadre prédéterminé. Visiblement, son expérience théâtrale a été son meilleur atout. Un premier film de haute facture. On crache ici et là sur le cinéma français et ses jeunes auteurs. Simone Barbès ou la vertu, Geel , Certaines nouvelles et maintenant A vendre, pour ne citer que de récentes sorties, prouvent magistralement que l’un et les autres sont bien vivants, passionnants et talentueux. "
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